Collectif
Nouvelle parution
M. Louâpre (dir.), Proses de l'inventeur. Écrire et penser l'invention au XIXe s.

M. Louâpre (dir.), Proses de l'inventeur. Écrire et penser l'invention au XIXe s.

Publié le par Marc Escola (Source : M. Pierssens)

Référence bibliographique : M. Louâpre (dir.), Proses de l'inventeur. Écrire et penser l'invention au XIXe s., Épistémocritique, 2016.

 

 

Dans le cadre des abondantes proses du savoir que produit le XIXe siècle, la figure de l’inventeur s’impose comme trait d’union entre science et démarche poétique. La dimension poétique de l’invention, dans son geste même comme dans ses productions, n’a échappé ni aux écrivains ni aux théoriciens : l’inventeur est celui qui fait advenir un monde nouveau - parfois réel et ouvrant sur un avenir plus tangible que celui proposé par une science davantage préoccupée de théorie, et parfois délirant, auquel cas il offre aux écrivains un alter ego créateur dans l’ordre à la fois matériel et de fantaisie où se déploie le roman réaliste. Enfin, par un effet en retour, la mise en texte de l’invention nourrit la rhétorique des rédacteurs de réclames en tout genre.

Car l’invention, supposée ou avérée, a désespérément besoin de mots : la rupture qu’elle opère suscitant incrédulité et incompréhension, elle appelle un discours qui lui reconstruise un cadre d’intelligibilité… au risque de basculer dans une logorrhée tantôt commerciale, tantôt pathologique (tels les inventeurs fous de la poésie scientifique). C’est aux écrits relatifs à l’invention que se consacrent les textes réunis dans ce volume: non tant à la geste de l’inventeur – ou aux objectifs de ceux qui la narrent – qu’à la mise en texte de l’invention, en ce que l’invention demande à la littérature un travail crucial de dénomination, de catégorisation et de communication. 

En effet, si toute nouveauté suppose un écart, il revient à l’écrit de réinscrire l’invention dans le monde commun, d’occuper le terrain du symbolique, que ce soit par le mythe ou la communication littéraire. De l’invention de la photographie à celle de nouvelles espèces botaniques en passant par les techniques architecturales innovantes, les inventions n’existent qu’à partir du moment où elles prennent sens pour une société donnée, leur définition convoquant un critère social davantage que technique : obtenir le titre d’inventeur, c’est voir valider par la société une position très particulière, une extériorité reconnue et valorisée. Extériorité, puisque l’inventeur doit sortir des usages courants, des conventions d’action, pour apporter ou faire redécouvrir une idée ou une pratique ; reconnue, puisque pour éviter le néant de l’oubli, l’invention doit rencontrer le besoin ou l’assentiment du collectif.

En somme, l’inventeur n’a donc pas seulement un rôle à jouer dans la société, au sens d’un métier fonctionnel, il est un rouage essentiel de la mécanique sociale, proche de celui de l’artiste, en ce qu’il lui donne le jeu nécessaire pour ne pas se limiter à un pur fonctionnement, celui de la société animale. Tel est l’enjeu, caché mais essentiel, des proses de l’inventeur.

 

Ce volume est issu d’une journée d’études de l’axe Prose des Savoirs du CERILAC-Paris 7, axe piloté par Paule Petitier

 

Jean-Pierre Bertrand : Inventer en littérature

Christiane Demeulenaere-Douyère :  « Le Pise : Ô ma divine maîtresse !… ». L’architecte François Cointeraux (1740-1830) et la poésie du Pise de Terre

Mathilde Bataillé et Cristiana Oghina :
L’obtention végétale au XIXè siècle : fruit du hasard ou de l’industrie ?

Laurent Koetz : Entre vision progressive et enjeux professionnels, l’invention architecturale chez Louis Auguste Boileau (1849 – 1853)

Bridget Berhmann : Aucune trace : récits de l’inventeur inconnu dans la vulgarisation de la photographie, 1850-1870

Muriel Louâpre : Poésie de l’invention : rôle et discours de la poésie dans l’invention au XIXè siècle

Patrick Cingolani : Tarde : Inventions : Duel et accouplements

 

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