Questions de société
Motions de la FLSH de Limoges (transmission des maquettes, statut des enseignants-chercheurs)

Motions de la FLSH de Limoges (transmission des maquettes, statut des enseignants-chercheurs)

Publié le par Marielle Macé (Source : Jean-Christophe Igalens)

Les départements d'études anglophones, d'études ibériques et ibéro-américaines, d'histoire, de géographie, de sociologie ainsi que les filières Lettres Classiques, Lettres Modernes et l'Institut de Français Langue Étrangère de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Limoges ont adopté les motions suivantes :

 

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Le département dʹétudes anglophones, réuni le 26 janvier 2009,

PREMIEREMENT, déplore, à lʹunanimité des présents, les conditions dans lesquelles est mise en place la réforme précipitée de la formation et du recrutement des enseignants, et condamne lʹimprécision du contenu des concours (Capes et agrégation), lʹabsence de concertation et la logique concurrentielle du projet de réforme. Il estime quʹil est essentiel de maintenir le stage rémunéré tel quʹil existe actuellement pour assurer une bonne formation des enseignants. Il demande donc que la réforme des concours soit suspendue et que de véritables négociations soient engagées avec les universités.

DEUXIEMEMENT, appelle donc le Conseil de Gestion de la Faculté des Lettres et des

Sciences Humaines et les conseils centraux à ne pas transmettre les maquettes.

Voix pour : 12, Contre : 3, Abstention : 2.

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Motion des enseignants‐chercheurs et enseignants du département d'histoire de l'Université de Limoges en date du 15 janvier 2009

Les enseignants‐chercheurs et enseignants du département d'histoire de l'Université de Limoges réaffirment leurs inquiétudes et leurs désaccords sur la réforme en cours des maquettes de formation du master. Ils regrettent tout d'abord l'absence de concertation préalable. Il leur est en effet demandé de réaliser des maquettes de cours qui vont à l'encontre des principes qui constituent la base de leur métier. Leur discipline est réduite à une « culture générale » qui sera un survol superficiel des périodes de l'histoire, où l ‘histoire contemporaine sera surreprésentée et la recherche deviendra accessoire.

Ils déplorent ensuite la séparation entre CAPES et agrégation qui risque de casser définitivement les possibilités d'ascension sociale permise par l'agrégation aux étudiants de milieux modestes. Le découplage provoquera à terme la disparition de la préparation à l'agrégation à l'université de Limoges.

Ils s'inquiètent aussi de la très grande difficulté qu'auront les étudiants de master à associer la préparation sérieuse au concours d'enseignement avec la rédaction d'un mémoire de recherche conforme au niveau d'exigence de l'enseignement supérieur de l'histoire.

Ils s'indignent enfin de la suppression effective de la formation pratique de l'année de stage qui fait que des étudiants à peine formés à leur discipline auront la responsabilité complète de nombreuses classes d'élèves sans avoir bénéficié d'une formation pédagogique et pratique solide. Ils déplorent que cet allongement des études se traduise par une nouvelle dégradation de la condition des jeunes enseignants. Ils estiment donc que les mesures proposées conduisent à une remise en cause de la formation à la recherche et à un abaissement scientifique et pédagogique des critères de recrutement des enseignants.

Aussi, ils refusent de concevoir des maquettes qui ne fournissent pas un savoir et une culture historiques suffisants. Et ils refusent également d'appliquer des maquettes qui leur seraient imposées.

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Motion des filières Lettres modernes & Lettres classiques et de l'Institut du Français Langue

Etrangère de l'Université de Limoges

La totalité des enseignants et enseignants‐chercheurs titulaires de la filière Lettres modernes, de la filière Lettres classiques et de l'Institut du Français Langue Etrangère de l'Université de Limoges et une large majorité des autres enseignants adoptent la motion suivante :

1. Concernant la réforme du décret du 6 juin 1984 relatif au statut des enseignants‐chercheurs, nous affirmons notre étonnement devant le manque de concertation avec l'ensemble des acteurs de la communauté universitaire en amont d'un projet qui transforme aussi radicalement le statut des enseignants‐chercheurs. Nous exigeons le maintien d'un dispositif indépendant de gestion des carrières et d'évaluation par une instance nationale majoritairement élue, ne laissant pas les décisions à la seule discrétion des chefs d'établissements et des conseils d'administration, avec les risques d'arbitraire, de localisme et de clientélisme qu'un tel dispositif ne manquera pas d'entraîner. Nous nous opposons à la modulation des services conduisant à assimiler l'enseignement à une sanction.

Nous demandons le retrait de ce projet de décret.

2. Concernant la réforme imposée sans consultation aucune des concours de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire, nous dénonçons en particulier :

‐ l'ineptie du calendrier qui nous est imposé pour créer les maquettes des futurs masters ;

‐ le fait que cette réforme affaiblisse de manière totalement inacceptable la formation disciplinaire des

futurs enseignants et même leur formation professionnelle ;

‐ l'information lacunaire sur de nombreux concours, sur les modalités de recrutement des professeurs de lycées et collèges et sur la formation après une éventuelle réussite au concours.

Nous refusons de transmettre des maquettes dans le délai imparti et demandons une révision du

projet de mastérisation des concours.

Fait à Limoges le 27 janvier 2009

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Le département dʹEtudes Ibériques et Ibéro‐Américaines, réuni le 21 janvier 2009, décide à lʹunanimité de ne pas transmettre la maquette Master Mention Langues et Cultures, Spécialité LLCE, Parcours Métiers de lʹEnseignement et de la Formation. Il constate que le moratoire dʹun mois et demi obtenu par la CPU est totalement insuffisant et nʹa pas permis de répondre de manière satisfaisante à des questions essentielles comme, par exemple, la place de la discipline dans la formation des futurs enseignants, celle dʹune formation professionnelle réelle, ou celle du devenir de nos formations à la recherche. Les enseignants du département dʹEtudes Ibériques et Ibéro‐Américaines réaffirment que leur refus est fondé sur une exigence de qualité de lʹenseignement et de la formation, non seulement des maîtres, mais aussi et surtout des élèves.

Les membres du département dʹEtudes Ibériques et Ibéro‐Américaines de la Faculté des Lettres de Limoges

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Motion du département de géographie de lʹUniversité de Limoges

Réunis le vendredi 9 janvier 2009, les membres du département de géographie de lʹUniversité de Limoges ont adopté à l'unanimité moins une abstention la motion suivante.

1. Compte tenu d'un sous encadrement avéré dans la plupart de nos composantes, nous dénonçons l'application par le ministère de nouvelles normes comptables qui aboutissent à la suppression de 6 postes (de personnels administratifs) en 2009 et 6 autres sur les deux années suivantes à l'université de Limoges. Leur compensation (temporaire ?) par des postes de contractuels n'est pas plus admissible.

2. Concernant le projet de décret réformant les statuts des enseignants‐chercheurs, nous nous opposons à la modulation des services conduisant à assimiler l'enseignement à une sanction et à le réduire à une tâche officiellement « non‐noble » par opposition au prestige supposé de la recherche. Cette politique ne peut aboutir, à l'avenir, dans un contexte de désengagement financier de l'Etat et de durcissement du système normatif d'évaluation, qu'à un alourdissement des services d'enseignement. Au‐delà de la remise en cause du statut national d'enseignant‐chercheur et du traitement possiblement arbitraire des situations personnelles, nous craignons que cette réforme ne mette en cause l'indépendance intellectuelle et scientifique des enseignants‐chercheurs. Elle ne peut qu'être préjudiciable à la qualité de l'enseignement dispensé aux étudiants. Nous demandons donc le retrait de ce projet de décret.

3. Concernant la réforme imposée sans consultation aucune des concours de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire, nous dénonçons en particulier :

‐ l'ineptie du calendrier qui nous serait imposé pour créer les maquettes des futurs masters

‐ le fait que cette réforme affaiblisse de manière totalement inacceptable la formation disciplinaire des futurs enseignants

‐ la suppression de l'année de stage pour les lauréats des concours

‐ la confusion inadmissible des genres entre d'un côté la recherche, et de l'autre la préparation aux concours de l'enseignement. A exiger des candidats qu'ils se consacrent concomitamment aux deux, ces injonctions ne peuvent conduire qu'à la dégradation de l'une et de l'autre. Telle quʹelle est engagée actuellement, nous nous opposons donc fermement à cette réforme.

Dans ces conditions, et après avoir pris acte de lʹépuisement des voies classiques de la concertation, le département de géographie décide de ne pas procéder à la remontée des maquettes des masters métiers de l'enseignement. Nous invitons lʹensemble des départements de l'université de Limoges et de l'ensemble des universités françaises à en faire de même en ne cédant pas au chantage ministériel permis par l'instauration d'un système universitaire concurrentiel auquel nous ne souscrivons pas. Le cas échéant, nous invitons également l'ensemble des personnels de l'université de Limoges à entreprendre d'autres formes d'actions qui seront à la mesure de notre détermination.

Fait à Limoges le 9 janvier 2009

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Lors de notre réunion de département de sociologie en date du 20 janvier dernier, le problème de la participation à l'élaboration des maquettes de Master en partenariat avec l'IUFM a été évoqué. Bien que nous n'assurions pas, à ce jour et à Limoges, de préparation au Capes ou à l'Agrégation de Sciences Economiques et Sociales, la décision a été prise à l'unanimité de ne pas participer à l'élaboration desdites maquettes. Nous nous joignons solidairement au mouvement national et local de protestation concernant le dispositif précipité concernant ces Masters, la mise en péril du statut des enseignants chercheurs et la suppression des postes annoncée pour les trois années à venir.