Questions de société
Motion des trois conseils de l'Université Paris 8 réunis en assemblée générale le 4 mars

Motion des trois conseils de l'Université Paris 8 réunis en assemblée générale le 4 mars

Publié le par Florian Pennanech

L'assemblée des trois conseils rappelle que le 11 décembre 2008, réunie en congrès, elle avait clairement pris position :

- contre la révision du décret de 1984, telle que présentée par le ministère ;
- contre la réforme actuelle de la formation des maîtres et des conditions dans lesquelles celle-ci est engagée et a considéré dans ce contexte qu'il était impossible de transmettre les maquettes au ministère a fortiori à la date du 13 février ;
- contre les effets de la nouvelle procédure d'affectation des moyens et les insuffisances du montant de la dotation incluant l'obligation faite à l'établissement de supprimer 6 postes statutaires cette année et 6 dans les deux ans à venir..

L'assemblée des trois conseils constate, comme l'a récemment rappelé le CA, que ces mesures s'inscrivent notamment dans le cadre de l'application de la LRU, du pacte de la recherche et de la révision générale des politiques publiques qui précarisent le service public et la situation de tous ses personnels enseignants, Biatoss et Ita.
Elle déplore une volonté réaffirmée au plus haut niveau de l'Etat, notamment le 22 janvier par le Président de la République en personne, de stigmatiser toute la communauté universitaire et de la recherche.
L'assemblée des trois conseils constate que depuis plusieurs semaines se tiennent des assemblées générales dans l'ensemble des composantes et au niveau de toute l'université, assemblées qui ont décidé d'engager un mouvement de grève reconductible. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un mouvement général qui traverse les universités et la recherche, qui a notamment réuni plusieurs coordinations nationales (dont une à Paris 8 le 11 février).
Elle constate que nombre d'enseignants-chercheurs et chercheurs refusent dorénavant de participer aux expertises de l'ANR ou de l'AERES, et que nombre de sections du CNU ont décidé de refuser de remonter les listes de qualification.
Elle approuve la démarche engagée par les Présidents d'université le 9 février à la Sorbonne et appuie l'appel qui en est sorti.
Devant une telle situation qui appelle une réponse urgente du ministère, l'assemblée des trois conseils constate que les réponses actuelles du ministère aux demandes portées par le mouvement universitaire sont soit inexistantes ( en ce qui concerne le démantèlement des organismes de recherche, la réforme de la formation des enseignants, la refonte des critères d'allocation des moyens, le contrat doctoral, les conditions de vie et d'études des étudiants, les menaces qui pèsent sur le statut national et l'application du régime indemnitaire des personnels Biatoss) soit très insuffisantes (en ce qui concerne les supports budgétaires et le décret sur les E-C)
Toutes ces mesures dénoncées dans le cadre même de nos instances, sont pour beaucoup une application directe de la LRU, dont nous avons demandé le retrait (dès juillet 2007) puis l'abrogation (à partir d'août 2008).
Cela indique, pour l'assemblée des trois conseils, qu'il y a urgence, au delà du retrait des mesures ci-dessus citées, à s'atteler à l'élaboration d'une nouvelle Loi fondée sur les principes d'un service public d'enseignement supérieur et de recherche dans lequel l'université ne peut être une entreprise ni le savoir une marchandise.
Nous affirmons solennellement que
nous tiendrons fermement le lien, pour nous indissoluble, entre recherche, création et enseignement, et nous continuerons de pratiquer une égalité de traitement au sein des personnels concernant leur service d'enseignement et de recherche,
nous continuerons de défendre au sein de notre université l'accès à la fonction publique pour toutes les catégories de personnel et de demander au ministère la création de postes statutaires,
nous nous opposerons à tout projet de réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degré qui contreviendront aux principes que nous défendons dans la mobilisation actuelle,
nous continuerons d'offrir à nos doctorants un système d'allocation de recherche au minimum comparable à celui menacé par les décisions du Ministère sur le contrat doctoral,
nous continuerons de défendre des pratiques de gestion de l'université qui soient celles de la collégialité et de la démocratie et non d'un management entrepreneurial,
nous refuserons de pratiquer une sélection à l'entrée de l'Université telle que l'orientation active tend implicitement à vouloir l'instituer.

Dans une telle situation, l'assemblée des trois conseils réaffirme son engagement aux côtés de la communauté universitaire mobilisée contre les projets en cours. Elle approuve la démarche engagée par le Cevu, le CS et le CA, décidant de suspendre provisoirement l'essentiel de leurs travaux. Il leur revient d'examiner au cas par cas, et en toute transparence, les questions qui devront être traitées pour des raisons d'urgence, avec le souci constant de rester au plus près des principes de collégialité, de transparence et de démocratie, et des engagements ci-dessus réaffirmés.

L'assemblée des trois conseils demande au Cevu que les dispositions soient prises par toutes les instances administratives et pédagogiques afin d'assurer une non pénalisation des étudiants et personnels grévistes en raison d'absences ou de travaux non rendus.