Questions de société
Motion des Conseils de l'Université Paris 8 sur la

Motion des Conseils de l'Université Paris 8 sur la "mastérisation" (mai 2010)

Publié le par Marc Escola


[Mastérisation: motions des CA et CEVU]

Motion des Conseils de l'Université de Paris 8 sur la mastérisation de la formation des enseignants

adoptée à l'unanimité.


Au terme de deux ans de débats et de lutte contre le projet de réforme de la formation des enseignants et dans la lignée des votes des conseils centraux de l'Université, le dernier remontant au 22 janvier 2010, nous ne pouvons que réitérer notre refus de participer à un dispositif qui, au nom d'impératifs pour l'essentiel de nature budgétaire, met à bas toute formation sérieuse des enseignants du premier et du second degrés et qui, symétriquement, menace gravement des pans entiers de la formation et de la recherche en Lettres et Sciences humaines et Arts.
Cette position est dictée par notre attachement à la formation des enseignants du premier et du second degrés et à la défense des concours comme meilleure forme républicaine de recrutement des fonctionnaires. Voilà pourquoi, conscients que nous avons une responsabilité particulière dans le maintien d'une formation solide aux métiers de l'enseignement et désireux de nous inscrire dans une coopération académique – nécessaire dans cette perspective – mais toujours déterminés à refuser la logique de cette réforme de la formation des enseignants, nous avançons, au bout de trois mois de réflexion collective suivant l'assemblée des trois conseils, les deux propositions suivantes :


a/ en ce qui concerne les PLC l'université Paris 8 fait le choix d'organiser des préparations au concours hors master sous forme de modules décyclés.

Ce choix présente des avantages multiples : - il permet de préserver les masters existants et leurs exigences en matière de formation à la recherche, ainsi que de préserver une formation des enseignants spécifique, qui ne soit pas dispersée dans la maquette d'un master général.
- il permet le maintien d'une logique de formation très différente pour les préparations concours et pour les masters, d'une part parce que la logique du diplôme et celle du concours sont insolubles l'une dans l'autre, et d'autre part parce que Paris 8 a fait le choix de la pluridisciplinarité dans un certain nombre de ses masters de Lettres et Sciences Humaines et Arts, alors que les concours sont clairement monodisciplinaires (parfois bi-disciplinaires).
- il donne la possibilité d'adapter le calendrier de préparation au nouveau calendrier ministériel du concours, sans pour autant perturber le déroulement normal du fonctionnement universitaire – dans la mesure où une partie de la préparation aux épreuves écrites aura lieu en septembre/octobre sous forme de cours intensifs pour l'année de transition pour préparer des écrits qui auront désormais lieu en novembre.
- enfin il permet d'offrir une formation aux concours aux étudiants désireux de s'y présenter et qui seraient déjà titulaires d'un master, rien n'ayant été prévu pour ce public dans le cadre d'une formation mastérisée. La préparation aux concours implique forcément un supplément de formation que la réforme actuelle ne prend pas en compte. En supprimant le financement spécifique des préparations aux Capes, le Ministère prive de fait les Universités des moyens nécessaires à ces préparations. Fidèles à ses engagements, l'Université Paris 8 assumera entièrement les coûts de ces préparations ; un tel financement ne pourra être que transitoire – deux ans maximum - dans l'espoir que le Ministère se rende compte des contradictions et des difficultés générées par la réforme et revoie sa copie.


b/ en ce qui concerne les PE, l'Université Paris 8 participe de longue date à leur formation ; elle avait d'ailleurs fait habiliter, lors de la dernière campagne quadriennale, une spécialité de master cohabilitée avec Paris XII intitulée « Métiers de l'enseignement et de l'éducation » ; ce projet, fruit d'une réflexion antérieure au projet de réforme ministérielle et inscrit dans une toute autre logique, a été remis en cause par les derniers décrets. L'Université de Paris 8 prend donc acte de l'impossibilité de proposer aux étudiants, dans la situation actuelle, une formation cohérente sur le plan scientifique et professionnel. L'université reste par ailleurs fermement attachée à la collaboration avec les collègues de l'IUFM, à l'inscription dans une logique académique, c'est-à-dire au refus d'une logique concurrentielle : c'est pourquoi nous participerons, au sein d'une spécialité cohabilitée par les quatre universités de l'Académie de Créteil, à la mise en place d'une préparation au concours de professeur des écoles. Nous y sommes notamment contraints par le décret de juillet 2009 qui repousse les épreuves de concours de recrutement au minimum à l'année de master 2. Dans un tel cadre, toute proposition alternative aurait conduit à un allongement à trois ans de la formation des PE, ce qui n'est pas envisageable pour eux.


Nous insistons cependant sur le fait que cette position est envisagée seulement comme une position transitoire – c'est pourquoi la demande d'habilitation de la spécialité académique ne concerne que les deux années à venir – dans l'espoir que l'on revienne sur cette réforme profondément néfaste pour l'Education nationale.