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Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes autour de 1900 : échanges et transferts

Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes autour de 1900 : échanges et transferts

Publié le par Vincent Ferré (Source : Karl Zieger)

Modes intellectuelles et capitales mitteleuropéennnes autour de 1900 : échanges et transferts

9 – 11 octobre 2008


Le prestige s'attache aux villes et les fait briller dans l'imaginaire collectif, comme le mythe s'attache à des événements fondateurs pour les éclipser et n'en laisser émaner que l'aura. Ainsi de la Vienne fin de siècle qui, bien au-delà de l'exposition du Centre Georges Pompidou de 1986, continue aujourd'hui encore à fasciner les esprits.

Quintessence de la modernité à nos yeux, la Vienne du tournant du XIXe au XXe siècle paraissait cependant bien déprimante à nombre de ses intellectuels et artistes incapables par ailleurs de quitter cette « capitale du vide européen des valeurs ». C'est que les forces de leur art nouveau et les analyses de leur esprit corrosif et décadent souffraient de l'étroitesse d'une ville qui pour être capitale d'Empire et d'une double monarchie n'en restait pas moins bien provinciale comparée à Paris, Berlin ou encore New-York. L'avant-garde s'y dessinait alors même que ses représentants croyaient bien qu'elle se révélait en d'autres lieux, dans d'autres métropoles et qu'ils manquaient un rendez-vous crucial.

Si Paris restait la « capitale du monde de la culture » et celle du XIXe siècle, Berlin s'imposait comme celle du XXe naissant et de sa modernisation à tous les niveaux, esthétique, économique, social et culturel ; Vienne, quant à elle, se définissait plus facilement semble-t-il par ce qui y faisait défaut et les Autrichiens par soustraction, si l'on en croit Musil qui voyait l'Autrichien comme un Austro-Hongrois moins un Hongrois. Mais toujours pour le même Musil, Vienne était encore cette ville qui faisait chaque jour le voyage autour de la terre.

Or qu'il soit rêve ou réalité, qu'il entraîne vers le déclin, le renouveau ou qu'il garantisse la fidélité à ce que l'on est, tout voyage se nourrit d'échange, de comparaison, d'attirance ou de répulsion.

L'objet de ce colloque sera de suivre Vienne dans cette rotation d'Est en Ouest et du Nord au Sud, dans cette trajectoire qui l'entraîne vers les confins orientaux de l'Empire, où Budapest et Prague regardent vers elle sans se résoudre à s'effacer dans son orbite alors que Vienne elle-même tourne constamment ses regards vers Berlin et non l'inverse.

Le colloque cherchera à mettre en évidence moins la spécificité de la modernité viennoise que les relations et les échanges qui s'établissent entre Vienne, les autres villes mitteleuropéennes (Prague, Budapest, Trieste,…), Berlin, Munich, Zurich et Paris ; il conviendra d'examiner la nature de ces relations (admiration, rejet, indépendance), les liens réels ou imaginaires qui se nouent entre elles par le biais des artistes, en fonction des possibilités de circulation des idées et des courants esthétiques (rôle de la traduction, conditions d'édition, rôle de la littérature de colportage…) ou encore du fait de leur cosmopolitisme.

Il s'agira de faire ressortir la nature plurielle, contrastée, souvent ambivalente de l'ouverture et de la sensibilité de ces villes aux bouleversements profonds dont elles sont à la fois les témoins séduits ou effarés et les acteurs plus ou moins consentants (villes en pleine mutation démographique, architecturale versus « métropole de l'art de pacotille », cosmopolitisme versus provincialisme, terroir versus émigration, dialectes versus langue littéraire versus langue nationale).

De Berlin à Vienne, capitale d'un empire nouvellement construit pour l'une, héritière d'un empire long de plusieurs siècles pour l'autre, la modernité est perçue et vécue bien différemment : il sera particulièrement pertinent de comparer l'émergence de la modernité entre Vienne et Berlin sur la base de cet enracinement radicalement différent, à savoir dans l'histoire, la tradition et la nécessaire rupture avec elles pour l'une, dans l'avenir / l'à-venir et le nouveau pour l'autre, dans la conscience d'une unité nationale réalisée ou, au contraire, à faire ou encore à jamais perdue. Vienne et les autres villes des Habsbourg pourront être soumises à un examen identique où la question des nationalités aura toute sa place.

La nouvelle relation à la beauté et à la laideur, l'intérêt porté à leur promiscuité troublante, l'esthétisme (morbide) s'évalueront à la perception de la ville comme lieu de perdition et/ou de régénérescence.

Sur la base de l'engouement contemporain pour les villes de la Mitteleuropa, on pourra également se demander s'il faut reconnaître à certaines villes un genius loci qui préfigure leur histoire et leur aura ou s'il faut admettre que la particularité d'un lieu se révèle à la conscience sous les coups de butée de l'histoire et de son évolution.


La durée des communications sera limitée à 25 minutes. Les Actes du colloque feront l'objet d'une publication dans le numéro 44 de la revue GERMANICA à paraître en juin 2009.

Jeudi 9 octobre

Auditorium Saint-Nicolas (Bibliothèque municipale)

 

9h45 : accueil des participants

10h : ouverture du colloque

 

Président des séances de la matinée : Rolf Wintermeyer (Paris III – Sorbonne Nouvelle)

 

10h15 : Conférence inaugurale

 

Jacques LE RIDER (EPHE) : "Le scepticisme linguistique: un thème européen de la 'fin de siècle' à l'époque 1900" (De Fritz Mauthner et Hofmannsthal à Mallarmé et Maeterlinck)

 

11h15-12h30 :

 

Annette RUNTE (Université de Siegen) : Prague, métropole de l'angoisse. Transferts culturels et modernité littéraire chez Kafka

Stéphane GAILLY (Paris XII) : La question de l'austrophobie tchèque à la fin du XIXe siècle: l'exemple de Jan Neruda et de Bedrich Smetana

 

 Présidente des séances de l'après-midi  : Erika Tunner (Paris XII)

 

14h30-15h30 :

 

Cécile KOVÁCSHÁZY (Université de Limoges) : Timisoara, la petite Vienne du Banat

Judith LINDENBERG (Berlin, Centre Marc Bloch) : Trieste dans l'Empire austro-hongrois, une invention littéraire

                       

16h-17h30 :

 

Fridrun RINNER  (Université de Provence) : Zagreb et Lubljana dans la littérature d'Europe centrale (titre à préciser)

Martin SEXL / Arno GISINGER  (Université d'Innsbruck) : Belgrade, une ville de l'Europe centrale?

 

18h :

Bibliothèque multimédia de Valenciennes, Salle des Jésuites :

Vernissage de l'exposition de photographies d'Arno Gisinger “ Hotel Jugoslavija ”

 

Vendredi 10 octobre

Faculté de Lettres, Le Mont Houy, Bâtiment Matisse, Amphi 150 Président des séances de la matinée : Florence Godeau (Lyon III)
9h-10h :

Isabelle PERCEBOIS (Paris IV) : Vienne “ la scientifique ” à la fin du 19e siècle

Vincent FERRÉ (Paris XIII) : De Vienne à Berlin, de l'essai sur Hofmannsthal à “ la dégradation des valeurs ” (H. Broch) en passant par Paris (M. Proust, J. Dos Passos)

 

10h30-12h :

Patrick BERGERON (University of New Brunswick) : La marche à la mort. Vienne et Prague crépusculaires chez Hofmannsthal et Leppin

Audrey GIBOUX (Paris IV) : Vienne selon Hofmannsthal : un adieu entre critique et nostalgie

Joëlle STOUPY (Université du Littoral) : La mode intellectuelle du dilettantisme aux alentours de 1890 à Vienne et le jeune Hofmannsthal

 

 Présidente des séances de l'après-midi : Annette Runte (Siegen)

 

14h-15h30 :

Erika TUNNER (Paris XII) : Joseph Roth, Stefan Zweig et Soma Morgenstern : correspondance et souvenirs

Béatrice GONZALÉS-VANGELL (Université de Rostock) : Le Kaffehaus, lieu de la modernité

Patrik ALAC (Université de Valenciennes) : Théorie de la modernité en tant que théorie de la métropole. La “ théologie ” de Walter Benjamin

 

16h-17h :

Philippe BARON (Université de Besançon) : De Max Reinhardt à Firmin Gémier et à Jacques Copeau : influences et analogies

Katalin POR (Paris I) : Le théâtre hongrois, entre Vienne et Berlin

  

17h15-18h45 :

Table ronde : “ France-Autriche : un voisinage européen 1750-1938 ”. Présentation d'un projet de recherches déposé à l'ANR et à la Maison Européenne des Sciences de l'Homme et de la Société (Lille – Nord de France) ; avec la participation de Sylvie Arlaud, Frédéric Barbier, Christine Lebeau, Jacques Le Rider, Sigurd Paul Scheichl, Martine Sforzin et Karl Zieger

 

Samedi 11 octobre

Faculté de Lettres, Le Mont Houy, Bâtiment Matisse, Amphi 150

 Présidente des séances de la matinée : Catherine Cleynen (Valenciennes)

 

9h-10h :

Sylvie ARLAUD (Université de Lyon II) : Les revues d'art viennoises de la fin de siècle ou comment reconstruire une nation

Isabelle MARIVIN (Université de Brest) : Nötsch et Vienne

 

10h30-12h :

Marina ALLAL (Haute École pédagogique de Suisse centrale / Lucerne) : D'Offenbach à Dreyfus : Karl Kraus et Paris

Dorothea BOHNEKAMP (Université du Maine, Le Mans) : Métropoles sacrées ? Paris et Berlin dans l'imaginaire juif de l'entre-deux-guerres

Alexandra RICHTER (Université de Rouen) : La réception littéraire de Robert Walser dans les métropoles d'Europe centrale au début du XXe siècle. Regards croisés sur la discussion de la modernité

 

 12h15 : bilan et clôture du colloque

 

 

Pour de plus amples informations, contacter :

 

Mme Martine Sforzin, Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines

Le Mont Houy, 59 313 VALENCIENNES Cedex

Courriel : martine.sforzin@wanadoo.fr

 

ou

 

M. Karl Zieger, Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines

Le Mont Houy, 59 313 VALENCIENNES Cedex

Courriel : Karl.ZIEGER@wanadoo.fr