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Modernités désuètes

Modernités désuètes

Publié le par Florian Pennanech (Source : Daniel Letendre)

Modernités désuètes

Journée d'étude interdisciplinaire dans le cadre du 78e congrès de l'ACFAS
Université de Montréal, 13 mai 2010


Alors que les avant-gardes du XXe siècle portent la modernité au sommet des valeurs légitimes en art, une part importante de la production de ce siècle et des dix dernières années, atteste d'un intérêt pour les genres désuets. Notre colloque s'intéressera spécifiquement à cette réactualisation de genres tombés en désuétude et aux diverses interrogations qu'elle soulève sur la création littéraire du XXe siècle.
La désuétude se distinguerait de l'ancien, caractère d'une oeuvre ou d'un auteur, en ce qu'elle renvoie spécifiquement à des genres littéraires délaissés. Elle suppose, sinon une posture d'héritier, du moins un rapport particulier à la tradition et à l'histoire littéraire où les héritages relégués aux marges de la mémoire littéraire retrouvent la faveur des modernes. En ce sens, elle invite à se demander dans quelle mesure toute une partie de la production littéraire du XXe siècle et des dix dernières années oppose, aux mots d'ordre avant-gardistes de rupture et de table rase, une modernité tributaire de traditions littéraires oubliées qui définissent un ensemble de savoirs techniques et de legs par rapport auxquelles se situe l'innovation.
Dans cette perspective, les pratiques singulières et novatrices d'intertextualité qu'inspire la désuétude posent de nombreux problèmes : quels modes de présence d'un texte dans un autre sont envisagés avec l'oeuvre d'un prédécesseur qui a été oublié par l'histoire littéraire ? quelles visées et quels effets (ironique, comique, stratégique) sont recherchés par la réactualisation de formes et de genres et d'écriture désuets ? Qu'on pense à la déstructuration du roman par la chronique médiévale dans la trilogie allemande de Céline, ou, plus récemment, à la récupération des vitae (Pierre Michon) et du traité (Pascal Quignard) pour redéfinir le narratif, le goût du surrané s'avère être également un stimulant de l'exploration générique et soulève nombre d'interrogations liées à la constitution historique et à la définition des genres littéraires. Enfin, l'apparence d'affectation que recouvrent parfois les esthétiques de la désuétude, que ce soit par archaïsme lexical (De Genevoix, Ramuz) ou par préciosité (Giraudoux), est la marque d'une réflexion sur la langue, sur la mémoire de l'écrit et la marque du temps dans le langage.
Notre colloque favorisera toute réflexion qui, à partir d'un questionnement sur les pratiques de la désuétude au XXe siècle, porte un regard nouveau sur la production artistique de ce siècle, souvent conçue comme une suite de ruptures et d'oeuvres engendrées ex nihilo. Les propositions de communication pourront aussi bien aborder le problème de manière synthétique que proposer une analyse d'un cas particulier de désuétude. Si le champ littéraire francophone reste notre premier objet d'étude, toute proposition qui donne un écho à cette réflexion sur la désuétude dans le domaine de la musique (Ravel et Rameau), de la peinture (les formes baroques chez Dali) ou du cinéma (Erich Rohmer) est la bienvenue. Voici, à titre indicatif, quelques perspectives à explorer :

La désuétude et ses objets. Quels genres désuets ont la faveur des modernes ? Y-a-t-il des auteurs ou des oeuvres désuets ? Le désuet recoupe-t-il le mineur ou peut-il être un classique ?
La désuétude et ses visées. Dans quelle mesure le désuet participe-t-il à la construction d'un éthos singulier ? S'inscrit-il dans une visée polémique, poétique, comique, érudite, voire hermétique ?...
Désuétude et intertextualité. Comment le désuet met à l'épreuve la lecture de l'intertexte, à la fois son repérage mais aussi son interprétation ? Que fait-on du désuet : citation ? exergue ? collage ? parodie ? pastiche ? ...
La désuétude comme effet de réception : quels critères et facteurs déterminent la désuétude d'une oeuvre ? quelles stratégies, quels objectifs esthétiques ou idéologiques sont recherchés par celui qui réactualise une oeuvre désuète, par rapport à la tradition littéraire comme par rapport au champ littéraire qui lui est contemporain ?

Nous invitons les professeurs et étudiant(e)s intéressés à soumettre une proposition de communication d'environ 250 mots au plus tard le 10 février 2010, accompagnée de leurs coordonnées détaillées, à l'une des adresses suivantes : daniel.letendre@umontreal.ca ; bernabe.wesley@yahoo.fr ; baptistefranceschini@hotmail.com.

Les communications seront d'une durée de 20 minutes, chacune suivie d'une période de questions.Veuillez aussi noter que l'inscription au Congrès de l'ACFAS est obligatoire pour les participants (http://www.acfas.ca/congres/2010/pages/inscription.html). Aucun remboursement des frais (environ 30 $) n'est prévu.