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Mobilités dans le fantastique et la science-fiction (XIX-XXIe siècles): quête et enquête(s)

Mobilités dans le fantastique et la science-fiction (XIX-XXIe siècles): quête et enquête(s)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Samuel Minne)

 

Colloque CERLI (Centre d’études et de Recherches sur les Littératures de l’Imaginaire)

IUT Sénart-Fontainebleau (Université Paris Est Créteil), 20-22 novembre 2014

Responsables : Patricia CROUAN-VERON (IUT Sénart-Fontainebleau, Université Paris Est-Créteil), Arnaud HUFTIER (Université de Valenciennes)

Mobilités dans les récits et dans les arts visuels de fantastique et de science-fiction (XIX-XXIe siècles) : quête et enquête(s)

 

Les récits dits de fantastiques ou de science-fiction partent, on le sait, à la rencontre de l’Autre ou /et d'un Ailleurs. Toutefois, une telle visée s’impose a posteriori, quand la confrontation « effective » propose une véritable trouée qui avale et avalise le parcours préalable. Dès lors, au gré des différentes re-lectures des textes, les détours, détournements et contournements sont perçus comme autant de stases « ornementales », comme autant de zones de concrétion, à l’aune d’un point d’arrivée qui fige, dans des formes variées de sidération, une quête enfin aboutie, une enquête enfin terminée. Pivots diégétiques ou ressorts psychologiques, ces détours, détournements et contournements participeraient de la sorte d’une mobilisation du sens entièrement sous-tendue par la confirmation progressive d’une quête, initialement assumée ou simplement « ressentie », l’enquête consistant à esquiver ou instrumentaliser ce qui détourne.

Une simple question s’impose alors : comment juger et appréhender le parcours (quête et enquête) si l’on oublie la fin pour se concentrer sur les aléas de l’itinéraire, la trajectoire, ce qui est vu et ce qui permet de voir ? Autrement dit, ne pourrait-on dégager, si l’on refuse l’emprise téléologique, un imaginaire de la mobilité, laissant ouverts jusqu’au dénouement les récits de fantastique et de science-fiction ?

Plus précisément, pour cerner cet imaginaire de la mobilité, il importe dès lors de re-lier les découpages génériques – eux aussi généralement conçus a posteriori. Autour des termes « quête » et « enquête », les schèmes des récits de voyage, des parcours oniriques, des romans d’aventures et de l’aventure, des différentes formes de mystère, n’irrigueraient-ils pas les récits relevant prétendument du fantastique et de la science-fiction ? A partir de là, plus qu’un changement de focalisation qui se contenterait des « moyens » comme supports de l’intrigue, nous entendrions faire de ces « moyens » le foyer réflexif : qu’il s’agisse de supports technologique, physique ou psychique. Ce qui importe dans cette perspective, ce n’est pas tant « voyager » que « ce qui fait voyager » ; ce n’est pas « y aller », mais « comment y aller », le « comment » ne pouvant que sous-tendre à son tour différents « pourquoi ». Détours, détournements et contournements redéfinissent de la sorte une quête en actes et en action, le sensitif du déplacement s’appariant non à la mobilisation d’un sens, mais à la mobilité de sens, les récits étant perçus comme des enquêtes où ce qui apparaît au final comme des leurres fait sens.

Expansif, un tel imaginaire de la mobilité nécessite de regarder plus précisément les avancées scientifiques (dans les différents domaines préalablement mentionnés), de chercher les métaphores sociales, culturelles et nationales, de jauger la perspective genrée, d’appréhender la cartographie des territoires. Il permet aussi, dans l’urgence d’un présent du récit, de cerner différents croisements mettant bout-à-bout les catégories de l’intime et de l’extime, les frontières du connu et de l’inconceptualisable, le passé et le devenir.

Insistons cependant sur un point : si la tentation téléologique permet de condenser le faisceau, de subsumer le parcours, elle efface en un même mouvement la pluralité consubstantielle à toute quête. De là découle l’aspect généralement déceptif des récits de fantastique et de science-fiction qui, d’un dernier geste, s’enferrent sur une mobilisation terminale en écartant la problématique mobilité. En cette perspective, le déplacement (de sens) peut être assimilé, alors que la mobilité en soi s’estompe inexorablement.

Le voyage peut donc être ici repris sous l’angle d’une dispersion, voire d’une dissémination qui fait sens. Ce qui importe ici, ce n’est pas l’après, ce sont les apprêts.

Le voyage peut de la sorte emprunter différentes pistes, susceptibles de se rejoindre :

  • il conviendra par exemple de conceptualiser la « mobilité de sens » en regard du « déplacement de sens » ;

  • faire dialoguer des espaces de la mobilité apparemment incompatibles, tels les lieux sacrés vs. les lieux sécularisés, les espaces fermés vs. les espaces ouverts, les espaces naturels vs. les espaces « civilisationnels » ;

  • un dialogue du même ordre peut être entamé entre les moyens de la mobilité, « intérieurs » ou « extérieurs » ;

  • en parallèle, la question du « comment parcourir » peut s’étendre tout autant à l’espace d’un monde perdu, d’un rêve perdu et, en contrepoint, un monde prétendument a-référentiel ;

  • si l’on prend alors pour base l’apparition récente des récits dits fantastiques et de science-fiction, ne conviendrait-il pas de les interroger en regard d’une ré-invention de soi par la mobilité ? Un tel jeu de miroir pourrait refléter les « affres » de la modernité et/ou de la postmodernité ;

  • ceci implique aussi une prise en considération d’une « technologie » associée à la mobilité : que cette technologie apparaisse dans les récits, cela n’implique-t-il pas un autre dispositif spéculaire, les nouveaux moyens de se déplacer (« empruntés » à la société contemporaine, ou « inventés » dans les récits) reflétant de manière problématique les « origines » de la mobilité et les moyens qui y étaient associés ;

  • ceci entraîne aussi une cartographie « en train de se faire », où le présent du parcours reflète un passé éventuellement oublié ou nié : que ce passé ressurgisse au cours du parcours, c’est tout un pan identitaire que le récit met à jour, une re-définition de soi par le territoire (une place pourrait être par exemple accordée aux récits post-apocalyptiques, où les nouvelles formes de mobilité sont en symbiose avec de nouvelles quêtes et des formes inédites d’une enquête sans sens) ;

  • enfin, un tel « imaginaire de la mobilité » peut permettre d’interroger les formes empruntées par les récits qui allient de la sorte quête et enquête : peut-on parler, et comment en parler, d’un art du contre-sens, d’un art de l’impasse et, à l’occasion, interroger la méta-fiction par ces détours et détournements qui deviendraient les réels ressorts de l’enquête.

Responsables : Patricia CROUAN-VERON (IUT Sénart-Fontainebleau, Université Paris Est-Créteil), Arnaud HUFTIER (Université de Valenciennes)

Lieu du colloque : IUT Sénart-Fontainebleau, Université Paris Est Créteil, route du Hurtault, 77300 Fontainebleau

Un résumé de la communication (3000 signes) et une brève notice bio-bibliographique devront être envoyés au plus tard le 30 avril 2014 aux adresses suivantes : patricia.crouan@u-pec.fr ; arnaud.huftier@univ-valenciennes.fr

L’annonce des sélections aura lieu à la fin du mois de mai 2014.

Le colloque se tiendra en français. Les communications en anglais sont toutefois bienvenues.


 

CALL FOR PAPERS

The Poetics of mobility in fantastic and SF literatures and visual arts (19th- 21st centuries) : quests and investigations.

SUMMARY :

Fantasy and science-fiction stories and stories of the fantastic often take the form of a travel in space or time, a pursuit, something that has to be experienced in order to encounter another self.

What is at stake in this kind of stories is not so much the itinerary or the quest itself but what makes it possible. How a story gradually takes the form of a quest and why. The means to achieve the quest can take the form of an enquiry, an investigation to find the hidden meaning(s) of the text or the possible intentions of the narrator / the author. Thus, we intend to focus on the various forms of mobility (spatial mobility, mobility as a metaphor of change or as a revelation) in order to determine if it is possible to establish a poetics of mobility that would be specific to a genre.

The quest and the enquiry would, then, be considered as two aspects intrinsically linked together as being part of the possible revelation of something different, something that can be revealed thanks to or in spite of the various twists and turns of a discourse.

Suggested topics for exploration include, but are not limited to :

  • How the concept of mobility can be linked to “ a change of meaning”

  • Places of changes : sacred places vs secular places / nature (forest etc. ) vs civilisation (castles, cities etc. ) / closed places vs open places

  • What about the “means” of this mobility ? Are they “ internal” or “external” ? psychological or physical/technical ?

  • How to move through a “lost world”, a memory, a non-real or non-conventional world?

  • The narrative as an ontological quest. Could the mirror effect reveal the torment of modernity and/or post-modernity ?

  • Mobility and technology : How are they linked together ? Animals (horses, donkeys, elks etc.) vs machines (cars, flying saucers etc.) / messengers vs telephone, the internet.

  • Are the different means of transportation contemporary ? totally fictional ? Will they engender a change in terms of genre ?

• This also implies that the journey (initiatory or not) can refer to a past situation. Thus, the place or the quest will help to reveal a new self. (see post apocalyptical stories : new forms of mobility, new quests, new dreams)

• Metafiction : how have the various diversions and itineraries become the true meaning of the enquiry ?

Organizers :

Arnaud HUFTIER (University of Valenciennes)

Patricia CROUAN-VERON (IUT Fontainebleau, University Paris Est -Creteil)

Organizational information :

Information on acceptance of applications : until April 30 2014

Dates of the conference : 20-22 November 2014

Place : IUT Sénart-Fontainebleau , Université Paris Est Créteil , route du Hurtault, 77300 Fontainebleau

Please send abstracts of about 300 words by email to Arnaud HUFTIER (arnaud.huftier@univ-valenciennes.fr) and Patricia CROUAN-VERON

( patricia.crouan@u-pec.fr)

Papers may be presented in French or English and should not exceed 30 minutes. Proposals should include : paper title, name, contact information, institutional affiliation and a short bibliography.

  • Responsable :
    Patricia Crouan-Véron et Arnaud Huftier
  • Adresse :
    IUT de Fontainebleau