Revue
Nouvelle parution
Mnemosyne, o la costruzione del senso

Mnemosyne, o la costruzione del senso

Publié le par Université de Lausanne (Source : Beatrice BARBALATO)

Vient de paraître, le numéro 10 de Mnemosyne, o la costruzione del senso, (Beatrice Barbalato dir.) Presses universitaires de Louvain, 2017, ISBN : 978-2-87558-564-6 (www.i6doc.com), revue indexée par ERIH PLUS, Europen Reference Index for the Humanities and social science https://dbh.nsd.uib.no/publiseringskanaler/erihplus/periodical/info?id=488665.

Auto/biographie, téléscopie, temporalité est le thème de ce numéro.

Des littéraires, philosophes, historiens, cinéastes, linguistes, offrent une image diversifiée du rapport entre temps et récits de vie.

La conception du temps varie selon la théorie qu’on embrasse (cf. Foucault), selon les circonstances de son vécu et selon la représentation qu’on veut donner du monde.  On observe qu'une perspective diachronique  (cf. les articles sur l’Holocauste et sur les mémoires ‘armées’) ou synchronique (cf. : Fellini) domine et structure à la fois leurs textes.

Voici un aperçu de quelques articles (on trouvera ci-après la table des matières).

Voir sa vie comme déroulée dans un atlas : vivre aujourd’hui dans une grande maison au cœur du Trastevere à Rome, modifiée en fonction des changements de sa propre vie et de celle de sa famille, en gardant les traces de ces changements, c’est une dimension rare du vécu. À plus de 90 ans, Sergio, journaliste engagé qui a fait le tour du monde pour ses reportages, en parlant de cette habitation, raconte ses aspirations, son travail, sa nombreuse famille. Sa maison, elle aussi, parle.

Deux articles traitent des aspects linguistiques de l’autobiographie. Connaître les mots et la structure de différentes langues change pour certains la vision du monde et, parfois, cette expérience en formate les expériences. C’est le cas d’Hector Bianciotti, qui au fil du temps, arrive à choisir définitivement une langue. Né d’une famille émigrée en Argentine parlant le piémontais, Bianciotti a étudié en espagnol et a finalement choisi le français comme la langue qui lui donnait la rigueur nécessaire pour raconter et se raconter.

Ainsi des émigrés utilisent des verbes et des adverbes pour donner à chaque fois une intensité différente aux récits de leur vie. Cette force des évocations n’a aucun lien avec le temps chronologique.

Plusieurs essais s’adressent à des œuvres d’écrivains connus comme Patrick Modiano, qui reconstruit la vie de Dora Bruder sur la base de repères fragmentaires et minces, en entremêlant sa propre enquête à la recherche de l’existence presque sans traces de cette jeune fille disparue.

Un article examine quelques-unes des mémoires dites « armées », c’est-à-dire les récits autobiographiques de ceux qui ont participé, au cours des « Années de plomb », à la lutte contre le pouvoir économique et politique en Italie. Comment le temps a-t-il changé la vision des brigadistes rouges ? L'un d'eux revisite ses souvenirs dans l’actualité, avec la conscience du temps écoulé, un autre  s’obstine à remonter le temps comme s'il n'avait pas évolué.

À quel moment faut-il se raconter, revoir sa vie à la loupe ? Comment peut-on porter un regard sur ses propres comportements et les raconter ? Pouvons-nous juger ce que nous avons fait avec le recul du temps ? Foucault dit que non : il analyse la parresia (franc-parler en public) comme un acte à accomplir au moment où nos pensées et notre agir se produisent. Utopie ? Peut-être. Néanmoins Foucault nous incite à en prendre conscience. Le souci de soi, dans le présent continu, doit devenir coextensif à la vie.

 

Introduction, Beatrice Barbalato (p. 9)

Le sombre éclat de la disparition. Dora Bruder de Patrick Modiano, Élise Wiener (p. 27)

Les nécrologies des Poilus dans les journaux de tranchées de la Grande Guerre,

Loredana Trovato (p. 39)

Quatre autobiographies à l’épreuve du 20e siècle, Françoise Hiraux (p.51)

The post-Holocaust memoir: 20 years after 50 years later, Anne Karpf (p. 63)

Cesure e continuità nelle autobiografie ‘armate’ in Italia, Lorenzo De Sabbata (p. 73)

« You » Reconstructing the Past: Paul Auster’s Winter Journal, Christina Schönberger (p. 89)

Archivi orali e migrazione. La costruzione del racconto e il repertorio verbale toscano,

Silvia Calamai, Francesca Biliotti (p. 99)

Bianciotti : une vie au fil des langues, Delphine Gachet (p. 117)

The House He Built : autobiografia in una casa, Caterina Borelli (p. 129)

Freud et Fellini : Une archéologie de la mémoire à Rome, Marina Vargau (p. 143)

Indicible ravissement - une vie (Comment écrire... ?), Denis Viennet (p. 155)

Michel Foucault, dramaturge du vrai, Beatrice Barbalato (p. 169)