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Mise en image des exempla occidentaux en Russie (XVIIe - XXe siècle): Reconfiguration, Acculturation, Appropriation?  

Mise en image des exempla occidentaux en Russie (XVIIe - XXe siècle): Reconfiguration, Acculturation, Appropriation?

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Victoria Smirnova)

Conférence de Marie Anne Polo de Beaulieu (GAHOM - EHESS-CNRS) et Victoria Smirnova (ancienne résidente de l'IEA de Paris, Université d'Etat des sciences humaines de Russie) sur La mise en image des exempla (anecdotes exemplaires utilisées dans les sermons) occidentaux dans l'art russe du XVIIe au XXe siècle. La présentation sera discutée par Jean-Claude Schmitt (GAHOM).

Institut d'études avancées de Paris
à 17h 30, le 4 juin

17 quai d'Anjou, 75004 Paris

Entrée libre sous réserve d'inscription préalable. Contact : information@paris-iea.fr

Après le concile de Trente (1545-1563), les Jésuites ont pris en charge les missions de diffusion du catholicisme. Pour ce faire, ils sont arrivés chargés de livres d'aide à la prédication qui faisaient la part belle aux exempla. Les exempla homilétiques se sont multipliés dans l’Europe occidentale à partir du XIIIe siècle dans le cadre de la prédication ad populum des Ordres mendiants mais également chez les prédicateurs séculiers comme Jacques de Vitry. Au XVIIe siècle, un Jésuite, Jean Major, a compilé cet immense corpus et l’a réuni dans son Magnum Speculum Exemplorum (éd. Douai, 1614). Le Magnum speculum a été traduit en polonais par les Jésuites, et ensuite, en russe. La première traduction en russe contenant de 700 à 800 exempla a été commandée par le tsar Alexis Mikhaïlovich. Elle date de 1675-1676. La deuxième traduction, contenant environs 250 exempla, a été faite en 1680.
On peut dès lors se demander quels processus dominèrent cette acculturation: intégration, assimilation, syncrétismes ou disjonction ? Pour y répondre nous possédons un corpus très particulier : des manuscrits enluminés, des peintures murales des galeries latérales des églises de l’Anneau d’Or, et notamment celles de Saint-Jean-Baptiste de Tolchtkovo (Yaroslavl, Russie), des gravures d’une sorte de littérature de colportage russe appelée loubok (pl. loubki), des icônes. Ce corpus iconographique pose la question des adaptations russes de ce vaste recueil d’exempla du XVIIe siècle dans la perspective du faire croire durant un long Moyen Age sur les marges orientales de l’Europe. Il interroge également le lieu de ces images : les galeries d'église sont-elles le lieu d’un faire croire spécifique ? Ce programme dépasse allègrement les limites chronologiques d’un Moyen Age occidental classique en vertu d’un “long Moyen Age” cher à Jacques Le Goff.