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Migrations, exils, errances, écritures

Migrations, exils, errances, écritures

Publié le par Florian Pennanech (Source : Corinne Alexandre-Garner)

Le Centre de Recherche Espaces/Ecritures , (CREA,( EA 370) de l'université Paris Ouest Nanterre La Défense envisage untravail à long terme en collaborationavec la BDIC et la Cité Nationale de l 'Immigration,en collaboration avec l'Université McMaster (Ontario, Canada) sur le thèmeMigrations, Exils, Errances, Ecritures . C'est dans une perspectiverésolument transdisciplinaire , que nous envisageons ce travail qui réunira des collègues de scienceshumaines et sociales.

Le premier colloque  de la série de rencontres autour de "Migrations, exils, errances, écritures", organisé par le Centre de Recherches Espaces/Ecritures ( CREA, EA 370) aura lieu les 18 et 19 juin prochains à l'Université Paris Ouest.

Nous vivons dans un monde où les frontières s'abolissent,se transforment et se reforment dans d'incessantes fluctuations. Une totalerecomposition de la géographie politique, économique et culturelle est encours. Les chemins s'ouvrent et se multiplient pour les errances comme pour lesexils sans qu'il y ait toujours de retour possible. Les espaces décloisonnésqui sont les nôtres sont autant de lieux nouveaux pour une quête de soi,qu'elle soit choisie dans la révolte contre un ordre établi, mûrement élaboréedans un projet dequestionnement philosophique, ou imposée par des conditions historiques,politiques, économiques qui ont mené au départ.

Les routes de l'errance se tracent dans la difficileréalité dont elle s'origine et danslaquelle elle s'enracine mais également dans le désir d'un monde rêvé,celles de l'exil s'inscrivent souvent dans la perte et un deuil impossible, faisantde l'imaginaire ou de la mémoire l'ultime espace où demeurer.

L'exil se comprend alors, ainsi que l'explique ShmuelTrigano dans Le Temps de l'exil(18-19), comme "une expérience, de la perte, de la disparition, del'absence": perte de l'espace qui est nécessairement un espace-temps,celui d'"avant la cassure du départ", mais également perte de l'être:"l''exil 'déracine' le moi" affirme également Trigano. Perdant cetespace qui l'habite, l'exilé se retrouve comme dépouillé de lui-même:l'expérience de l'exil s'apparente ainsi à celle de la mort.
La solitude qui accompagne l'éclatement du monde et des communautés d'autrefoispeut ainsi conduire à penser que les lieux] de l'imaginaire et de la mémoire se multiplientau rythme des migrations, s'atomisant dans la diversité des parcours des uns etdes autres.
Lorsque le lieu de chacun devient une "patrie imaginaire"( SalmanRushdie), la création qu'elle soit littéraire, plastique ou picturale apparaîtavec force comme le langage nécessaire pour exprimer l'expérience desmigrations, des exils et des errances. La contrée de prédilection de l'exilén'est alors autre que le langage car c'est à travers la parole, celle du récit,du souvenir, de la nostalgie, que l'exilé redécouvre la présence, présence aumonde, à soi et à l'autre.

Ainsi, pour reprendre à nouveau les concepts de Trigano(108) "il ne s'agit plus pour la conscience de réduire la perte [...] maisde la faire imploser". C'est le même mouvement qui préside auprocessus de déterritorialisation / reterrritorialisation décrit par Deleuze:"la racine principale a avorté [...] vient se greffer sur elle unemultiplicité immédiate et quelconque de racines secondaires qui prennent ungrand développement" (Mille Plateaux,12). Ainsi, l'expérience de l'exil conduit l'artiste à errer à lafrontière, à hanter les marges du langage, à s'ouvrir à d'autres langues, pourdevenir cet "hôte [...] dont le métier est de demeurer vulnérable àde multiples présences étranges, qui doit garder ouvertes à tous les vents lesportes de son logis du moment.” (G. Steiner, Extraterritorialité, essaisur la littérature et la révolution du langage 48). La languedevient alors un nouvel espace de reterritorialisation, et l'écrivain "unsorcier [...] parce qu'écrire est un devenir, écrire est traversé d'étrangesdevenirs qui ne sont pas des devenirs-écrivain, mais des devenirs-rat, desdevenirs-insecte, des devenirs-loup, etc." (Mille Plateaux, 293-4)