Essai
Nouvelle parution
Michèle Gally, Le bûcher des humanités

Michèle Gally, Le bûcher des humanités

Publié le par Vincent Ferré (Source : Armand Colin (livre reçu))

Armand Colin, 208 p., 20E, avril 2006

Le bûcher des humanités - Le sacrifice des langues anciennes et des lettres est un crime de civilisation!

Humanités, un vocable « ringardisé », pour une réalité désormais presque « hors-la-loi », comme le prédisait Calvino. Le latin, le grec… on peut vivre sans ? Admettons ! Mais la formation des esprits à la compréhension intime des textes, la logique irremplaçable de la relance, à chaque génération, de notre culture fondatrice ? Trouver cela inessentiel en dit long sur notre aplatissement intellectuel et moral.

Michèle Gally rend compte avec une lucidité qui fera grincer bien des dents d'une marginalisation progressive, d'une éviction éducative qui s'est parée d'oripeaux « égalitaristes » et « modernistes », mais a joué le jeu de la déculturation.

Son grand mérite est de dépasser toute position " réactionnaire " et demontrer que l'étude des lettres anciennes (et de la littérature) restel'un de nos derniers recours pour résister à un air du temps de plus enplus aliénant. Parce que ces lettres, précisément, sont non modernes ?Sans aucun doute. Mais aussi parce que notre démocratie n'est pasinscrite dans la nature, elle est la fille " accidentelle " des nocesde l'Antiquité et de l'Humanisme.

  Sa survie, à l'heure de laconfluence au sein de la Nation d'une diversitéinédite des origines, passe aussi par l'offre, à notre jeunesse, d'unensemble élargi de références et de pratiques culturelles à partager.

Agrégée de lettres classiques, ancienne élève de l'ENS de Fontenay, Michèle Gally, est actuellement maître de conférences à l'École normale supérieure lettres et sciences humaines.