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Michel Tournier face à l’altérité. La littérature, le mythe, la photographie

Michel Tournier face à l’altérité. La littérature, le mythe, la photographie

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Licia Taverna)

Appel à communications

 

Michel Tournier face à l’altérité.

La littérature, le mythe, la photographie

 

Colloque international

Université de Tallinn (Estonie), les 18 et 19 mai 2012

 

Date limite d’envoi des propositions : le 20 avril 2012

 

Comment concevoir l’altérité ? Comment définir notre rapport à autrui ? On pourrait, tout simplement, concevoir l’altérité en tant que notion par laquelle on définit l’autre et le divers de soi à travers sa connotation d’inconnu ou d’étranger. On pourrait, également et symétriquement, la définir grâce à l’opposition qui s’établit entre le soi et l’autre. Dans ce colloque, plutôt que de nous poser ces questions d’une manière abstraite et générale, nous entendons passer par la médiation de la littérature et prendre en compte les différentes manières dont un écrivain inscrit, réinvente et/ou réorganise la notion d’altérité dans son oeuvre. Pour cela, nous voulons nous concentrer sur un auteur, tel que Michel Tournier, qui a exploré sans cesse dans son oeuvre les dimensions multiples de l’altérité et a porté un « regard anthropologique » sur l’autre à travers non seulement la littérature proprement dite, mais aussi par la « pratique de la photographie » et par la « réécriture du mythe ». Notre hypothèse de départ est que la littérature, le mythe et la photographie sont, pour Tournier, des moyens pour (re)connaître l'altérité dans son réseau d’identités et de différences et se la réapproprier par une forme différente de narration écrite ou visuelle. Si, par conséquent, les questions de l’« altérité » et de la « narration » se reposent ensemble pour se relier intimement (Qu’est-ce que l’altérité pour Tournier ? De quel type d’« altérité narrative » s’agit-il dans son oeuvre ? Peut-on penser la notion d’altérité sans un support écrit ou visuel qui la codifie et la narrativise ?), dans notre colloque nous entendons également solliciter les participants sur la technique particulière de Tournier qui consiste à retravailler un mythe ou une légende de départ et à les reconstituer en « narration autre ». D’ailleurs, Tournier lui-même, à plusieurs reprises, a expliqué que sa méthode d’écriture consiste à choisir un sujet (l’exemple le plus connu est le Robinson Crusoë) qui a été utilisé par d’autres auteurs ou par d’autres traditions narratives et à le réécrire à sa manière dans l’idée d’épuiser son potentiel narratif et d’achever sa force mythique. Dans cette optique, plusieurs options se posent. Peut-on dire qu’il y a une quintessence narrative dans l’écriture de Tournier par rapport aux autres versions narratives de référence ? Quel est, plus spécifiquement, le rapport entre l’image photographique et la narration dans l’oeuvre de Tournier ? Quels sont les traits différentiels plus particulièrement retravaillés par Tournier qui lui permettent d’achever un tissu narratif de départ ou une narration considérée virtuellement comme mythique ? Si, selon Tournier, la fonction d’un écrivain est d’empêcher la dégénération d’un mythe en allégorie, il faut aussi se poser la question, d’un point de vue métalinguistique et anthropologique, du « comment » cette dégénération (ou même déconstruction) peut-elle avoir lieu concrètement ? Et, dans cela, il faut aussi, parallèlement, questionner la fonction de (l’irruption de) l’altérité dans un texte et le procédé plus précis de déconstruction mis en oeuvre par l’auteur. Dans ce sens, on peut citer, pour ne donner que quelques exemples, des oeuvres qui mettent spécialement en relief ce travail d’écriture et de reconfiguration de l’altérité : Le Roi des Aulnes (qui a été inspiré par Goethe et par Günter Grass, et dont le personnage principal est obsédé par la croyance selon laquelle tout dans le monde n’est que signe) ou Les Météores (un remaniement baroque du mythe de Castor et Pollux) ou, encore, Gaspard, Melchior et Balthazar (une retraduction de la légende chrétienne concernant les Rois Mages venus célébrer la naissance de Jésus à Bethléem). Plus généralement, de toute manière, dans l’oeuvre tout entière de Tournier la question de la réécriture et de l’altérite se posent avec force, qu’il s’agisse d’un livre de voyage (Le Vagabond immobile), d’un roman sur les péripéties d’un étranger en France (La Goutte d'or) ou d’un livre de photographies avec Boubat (Vues de dos). Ce qu’il faut souligner en outre est que, chez Tournier, le travail de réécriture de l’altérité conduit vers une autre question aussi importante qui est celle de la traduction. Pour Tournier, reconfigurer une altérité stéréotypée est-ce un véritable processus de recodification, comparable au travail de traducteur qui, en traduisant, reçoit des traits et en refuse d’autres du texte de départ ? Ou bien, semblablement, peut-on affirmer que la déconstruction d’un texte de départ et le « passage » à la réécriture accomplie par Tournier est un véritable travail de traduction ? En définitive, ce colloque sur Michel Tournier se veut aussi un moment de réflexion sur les différentes perspectives théoriques et méthodologiques concernant l’étude des textes littéraires, des mythes et des cultures. Dans cette optique, d’autres questions-clés peuvent se poser : que se passe-t-il quand le « même » texte littéraire est retraduit par des traits sémantiques différents ? Et quels rapports s'établissent entre les textes et la culture véhiculée, entre un mythe et sa réécriture ? Le regard croisé sur des perspectives théoriques différentes sera utile pour discuter les préalables méthodologiques de ces perspectives et leurs fondements épistémologiques.

 

Comité scientifique :

Larbi Djeradi, Paolo Fabbri, Stefano Montes, Ülar Ploom, Licia Taverna

 

Organisation :

L’Institut des Langues et Cultures Germaniques et Romanes de l’Université de Tallinn en collaboration avec l’Université de Palerme.

 

Informations pratiques :

Date limite de soumission des propositions : 20 avril 2012.

Résumé de la proposition : 250-300 mots.

Langues de travail : français et anglais.

Durée des communications : 30 minutes.

Les actes du colloque seront publiés

 

Envoi des propositions et autres renseignements :

Licia Taverna (licia.taverna@tiscalinet.it) et Stefano Montes (montes.stefano@tiscalinet.it)