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Métissages

Métissages

Publié le par Jean-Louis Jeannelle

XXXIIe CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE LITTÉRATURE  GÉNÉRALE ET COMPARÉE UNIVERSITÉ JEAN MONNET, SAINT-ÉTIENNE :

" MÉTISSAGES "

 

Dans le cadre de son plan quadriennal "Voyages et construction de l'identité", le Centre d'Études Comparatistes de l'Université de Saint-Etienne organisera le XXXIIe congrès de la SFLGC,  du 8 au 10 septembre 2004, sur le thème des "Métissages".

La notion de "métissage" sera analysée dans une double perspective d'histoire des idées et d'analyse des représentations littéraires et artistiques, si tant est que les deux niveaux puissent être séparés. Il s'agira d'étudier d'une part les différentes représentations de l'interaction avec l'Autre (l'Étranger, l'Indigène, l'Immigré, l'Exilé)  et du mélange culturel dans leurs dimensions idéologiques, métaphoriques et pragmatiques. D'autre part, nous nous pencherons sur les mises en uvres et les formes de ces métissages, un certain nombre de courants (l'exotisme, l'orientalisme, le bohémianisme, le japonisme etc...) fonctionnant comme autant de modèles historiques pour ces pratiques. Comment représente-t-on l'hybride, le métis ou le métissé celui qui est "mélangé" dans les différentes littératures (L'Eurasien, le mulâtre, le quarteron, le sang-mêlé sont peu à peu devenus des personnages romanesques au statut souvent ambivalent, à l'image de leur situation entre deux races) ? Et comment la littérature devient-elle elle-même un facteur de mélange, voire un véritable support métissé ?

Il conviendra bien entendu de s'interroger sur la notion de métissage et sa validité : s'agit-il d'un concept littéraire, linguistique ou sociologique opérant ou bien  d'une métaphore fourre-tout, complaisamment utilisée par la critique post-coloniale pour désigner des réalités mal définies ?  La notion de "métissage" présente-t-elle une fonctionnalité en dehors des littératures contemporaines ? Quels en sont les antécédents, quelles en sont les perspectives historiques ? Quelle est la spécificité du métissage littéraire à l'intérieur du métissage culturel ? Lon pourra aussi s'intéresser aussi aux modèles de métissages imaginaires (proposés par la science-fiction par exemple).

Le discours de l'altérité a pu aussi se construire par rapport à un discours identitaire, allant parfois jusqu'à la forme exacerbée du nationalisme, et la mise en présence de l'identité et de l'altérité s'accomplit sous des formes plus ou moins polémiques : assimilation, acculturation, hybridation, ségrégation, rejet ...  La rencontre des cultures, le choc des civilisations peuvent se produire dans des situations historiques variées : le voyage sous toutes ses formes, la colonisation, l'émigration ou tout simplement la coexistence dans les sociétés multiculturelles du monde post-moderne. Si les civilisations sont affectées par ces contacts culturels parfois brutaux et souvent générateurs de tensions ou de crises (il suffit de penser aux Juifs en Europe), les genres littéraires sont également renouvelés, qu'il s'agisse de la littérature des pays occidentaux confrontée à de nouveaux horizons ou celle des pays émergeants se construisant dans et contre une tradition littéraire importée, au point d'ailleurs que la critique post-coloniale anglo-saxonne a pu parler de "littérature de l'oxymore". On pense aussi à la World Fiction ou au Tout-Monde d'Edouard Glissant sans négliger la résurgence d'une littérature plus spécifiquement ethnique (Maoris, Aborigènes, Amérindiens). On sera ainsi amené à se demander comment sont affectées les formes canoniques du roman ou des genres autobiographiques (journal, relation de voyage...), comment se construit une certaine hybridité par la remise en cause des catégories occidentales (roman, poésie et théâtre) et la pratique de l'intertextualité ou de la transtextualité (influences, imitations, adaptations, citations, pastiches, parodie ...).

Le mélange des cultures se produit également à travers une confrontation linguistique qui affecte la langue européenne : soit que l'auteur occidental intègre dans son texte des éléments linguistiques hétérogènes, soit que l'auteur non-occidental s'approprie et renouvelle la langue européenne en bouleversant ses structures syntaxiques ou lexicales, en l'éclairant d'une vision du monde différente. Le travail dadaptation dune langue européenne passe par des transformations  plus ou moins sensibles : simple adaptation, système paratextuel d'explications et de notes, recours à d'autres médias que le texte écrit (cinéma, théâtre). Cette interaction concerne bien sûr aussi la langue non-européenne qui accueille, acclimate la langue étrangère imposée. Ces langues en contact donnent les créoles, le pidgin, le sabir, le "petit-nègre" et toutes les formes macaroniques plus ou moins fantaisistes. Se pose également, dans cette perspective, le problème de traduction (et de lautotraduction).

On s'intéressera à toutes les formes artistiques, de la Renaissance à nos jours, tout en accordant une place de choix à l'époque contemporaine et à une perspective européenne. Plusieurs pistes d'études peuvent être esquissées : la réflexion conceptuelle sur la notion de "métissage",  les problèmes d'assimilation culturelle, le métissage linguistique ou les langues à l'uvre dans le texte, le renouvellement des genres littéraires, la dimension agonistique du conflit des civilisations, mais aussi la prise en compte de problèmes analogues dans le cinéma, les arts plastiques, l'architecture et la musique. On sera inévitablement amené à se poser la question de lévolution de ce phénomène de "métissage" entre le multiculturalisme, vecteur de diversité et d'ouverture à autrui, et la "globalisation", déterminée par l'économie mondiale et tournée vers une unification massive interrogation peut-être encore plus brûlante depuis un certain 11 septembre.

 

Yves Clavaron                                                                              Bernard Dieterle      

 

Les propositions de communications (titre et résumé dune vingtaine de lignes) sont à adresser dici le 1er décembre 2003, par courrier électronique, à Y. Clavaron (Yves.Clavaron@wanadoo.fr) ou à B. Dieterle (Bernard.Dieterle@wanadoo.fr).

La langue de travail est le français mais des propositions en allemand, anglais, espagnol ou italien sont les bienvenues.