Essai
Nouvelle parution
Mémoires de la décolonisation

Mémoires de la décolonisation

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Mémoire d'encrier)

Mémoires de la décolonisation de Max H. Dorsinville

(Max H. Dorsinville, Mémoires de la décolonisation, Montréal, Mémoire d'encrier, Collection Chronique, 2006, 520 pages. Édition établie sous la direction de Max et Marielle Dorsinville.)

Les Éditions Mémoire d'encrier ont le plaisir de vous annoncer la parution de l'ouvrage Mémoires de la décolonisation de Max H. Dorsinville. Conçu comme un héritage laissé à ses fils pour que ceux-ci se souviennent de leur pays natal, Haïti, l'ouvrage est le récit de sa vie et de sa génération. Premier diplomate haïtien à diriger des missions pour le compte des Nations unies en Afrique coloniale, dès 1955 au Togo, Max H. Dorsinville prépara l'accès à l'indépendance du Togo, du Cameroun, de la Somalie, du Tanganyika, du Ruanda-Burundi et du Congo, dont il dirigea l'opération des Nations unies, en 1963, à titre de représentant du Secrétaire-Général. L'ouvrage constitue en ce sens un témoignage de première importance.

Mémoires de la décolonisation est découpé en trois parties. «Au Gré du souvenir (1910-1946)» : Haïti est évoquée par le recours à la mémoire et à l'attachement au pays natal par le biais de la famille, de l'éducation, des amitiés, des lieux habités et de l'insertion dans la vie publique. Dès 1947, Max H. Dorsinville participe au combat pour la décolonisation en Afrique aux Nations unies. «L'ONU et l'Afrique (1954-1960)», il fait état des débats et des interventions qui témoignent de l'expérience haïtienne vécue de la décolonisation. «L'Afrique (1955-1963)», l'auteur résume son expérience au Cameroun, en Afrique Orientale (Tanganyika, Somalie, Ruanda-Urundi) et au Togo durant les années 1950 en tant que témoin et observateur d'une Afrique en mutation.

Récit d'une vie publique nationale et internationale, les Mémoires représentent une contribution importante à la compréhension des relations entre Haïti et l'Afrique. Dans la reconstitution des débats entourant la décolonisation, Max H. Dorsinville témoigne de ses affinités avec la langue comme outil privilégié qui libère la parole pour la communication entre interlocuteurs. Il a souvent recours à la description physique des uns et des autres pour qualifier leur langage ou le degré de sincérité. Ce langage imagé est étoffé tout au long des mémoires par l'accent mis sur le détail des mots comme signes de personnalités, lieux, événements, et l'amplitude de la forme même de la narration faite d'enjambements, de raccourcis, de rappels, de parallèles et de projections géographiques, historiques et psychologiques. C'est dire que les mémoires représentent une symbiose de l'éthique du travail de la décolonisation et l'esthétique de sa représentation sous une forme éclatée.