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Appels à contributions
Mémoire sans pardon. Dynamiques, rhétoriques et paradoxe dans les représentations littéraires du traumatisme (Prospero, n° 20)

Mémoire sans pardon. Dynamiques, rhétoriques et paradoxe dans les représentations littéraires du traumatisme (Prospero, n° 20)

Publié le par Marc Escola (Source : Anna Zoppellari)

Appel à contributions : Prospero 20 (2015), Marilena Parlati éd. (Università della Calabria)

Mémoire sans pardon. Dynamiques, rhétoriques et paradoxe dans les représentations littéraires du traumatisme

Memory says: Want to do right? Don't count on me.
(A. Rich, An Atlas of the Difficult World)

           

Il a beaucoup été dit sur le traumatisme, la régénération, la guérison, tout comme sur la possibilité et/ou nécessité du pardon et du dépassement des atrocités. Les études sur la mémoire, sur ses anomalies et ses empêchements, contribuent certainement à chercher à mieux connaître et en quelque sorte à affronter les grandes crises du sens que représentent des événements de la contemporanéité européenne et globale tels que la Première Guerre mondiale, la Shoah, les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, le 11 septembre, pour ne rappeler que ceux qui ont une portée évidemment collective. Pour J.-F. Lyotard, toute mémoire inclut un oubli, l'exclusion de ce qui ne peut être conçu : ce numéro entend conduire l'enquête sur ce point nodal justement - ce que le philosophe français appelle "immémorial" - et sur d'autres signaux textuels tout aussi paradoxaux de résistance à la rhétorique du pardon. Vladimir Jankélévitch a peut-être inauguré ce débat dans un texte polémique auquel a répondu Jacques Derrida en suggérant que "le pardon, gracieux, infini, anéconomique [doit être] accordé au coupable en tant que coupable, sans contrepartie, même à qui ne se repent pas ou ne demande pas pardon".

            Sur le thème douloureux de la recherche d'un pacte avec le traumatisme, ou bien du refus d'oublier et de pardonner, de même que sur les questions parallèles liées aux possibilités de représentation de ses réalisations personnelles et politiques, on pourrait se référer, entre autres, à Jean Améry, qui affirme que le "ressentiment est condition non seulement innaturelle mais aussi logiquement inconséquente. Il cloue chacun d'entre nous à son passé ruineux. Il demande, absurdement, que l'irréversible soit retourné, que l'événement soit défait. Le ressentiment bloque  toute issue vers la dimension humaine la plus vraie, le futur."

            Peut-on, doit-on pardonner ? Peut-on encore recourir à d'autres discours sur le pardon, en particulier ceux qui sont liés à la tradition chrétienne ? Trop inclusif, le lemme "traumatisme" court, pour certains, le risque de devenir un simulacre insignifiant : convient-il de l'"interroger" comme semble le suggérer Roger Luckhurst dans un essai récent ? Quels discours et quelles pratiques sont (encore, ou pas encore) interpellés par son utilisation ? Peut-il être utile lorsque sont créés des sens de communautés et de responsabilité revus, mis à jour ?  Ce numéro de Prospero entend être le lieu où écouter les formes littéraires à travers lesquelles ont trouvé place ces interrogations dans les contextes anglophone, francophone et germanophone.

 

            Parmi les domaines suggérés, mais non exclusivement :

Représenter le traumatisme, le traumatisme irreprésentable

Le futur des théories sur le traumatisme

Mémoire transgénérationnelle

Transmission et/ou effacement de la mémoire biographique, autobiographique, communautaire

Souvenir et oubli collectifs et/ou personnels

Conflit, faute, vengeance, pardon, pratiques compensatoires

Sites et rites de mémorialisation conflictuelle

Mémoires faux/falsifiés, identités frauduleuses, mé-représentations

 

La communication des propositions (maximum 250 mots) ainsi que d'une courte notice biographique (pas plus de 200 mots) devra parvenir au plus tard le 10 avril 2015.

Acceptation éventuelle : le 30 avril 2015.

Date limite pour l'envoi des essais (5000-8000 mots au maximum, selon le style MLA) : le 1er septembre 2015.

Les propositions (langues acceptées par la revue : anglais, français, italien, allemand) devront être envoyées à Mme Marilena Parlati (Università della Calabria) : marilena.parlati@unical.it

 

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Prospero est la revue annuelle de Littératures et cultures étrangères du Département des Etudes Humanistes, DiSU de l’Université de Trieste. Elle est publiée par EUT, Editions de l’Université de Trieste, depuis 1994. D'abord Rivista di letterature e civiltà Anglo-germaniche  de 1994 à 2005 puis Rivista di Letterature straniere, Comparatistica e Studi culturali de 2005 à 2011, elle compte différents numéros monographiques et accueille des contributions en italien, anglais, français et allemand. Indexée par le MLA, elle est présente dans les bibliothèques italiennes (Catalogue SBN et ACNP) et étrangères (parmi lesquelles le KVK Karlsruhe Virtual Catalog, la Library of Congress, le Worldcat).

 

Depuis 2011 elle est entièrement en libre accès (http://eut.units.it/PE5),  soumise à un arbitrage anonyme et à un comité de lecture double.