Mémoire et Imaginaire de Versailles dans les littératures modernes et contemporaines (XIXe et XXe s.)
« Mémoire et imaginaire de Versailles dans les littératures modernes et contemporaines (XIXe et XXe siècles) » (27-28-29 mars 2003)
colloque organisé par Véronique Léonard-Roques, maître de conférences en littérature comparée à l'Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, dans le cadre de travaux du Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines (CRLMC) portant sur l'écriture des lieux d'interactions sociales, en collaboration avec l'Etablissement Public de Versailles et l'Université de Versailles/St-Quentin-en-Yvelines.
Il s'agira de tenter de cerner les multiples facettes du rayonnement du domaine de Versailles dans les littératures après les événements révolutionnaires qui bouleversèrent sa fonction initiale.
On pourrait ainsi interroger les différentes formes de mélancolie que l'abandon du lieu suscite au XIXe siècle, de l'ironie mêlée de fascination des romantiques face à ce patrimoine trop récent et emblématique du classicisme à l' engouement nostalgique manifesté par la fin-de-siècle pour cette autre cité des eaux mortes ainsi que pour ses hôtes disparus. Symbole de l'Ancien Régime mais aussi siège possible du Parlement de la République, le château ne fonctionne-t-il pas souvent dans l'opposition esthétique et idéologique avec Paris ? On s'attachera à dégager les traits sous lesquels il peut apparaître : domaine endormi niant le temps ou, à l'inverse, en proie à son travail de délitement ; lieu de sécrétion de l'ennui le plus provincial ou voie privilégiée d'accès à l'idéal. Versailles ne devient-il pas le support de rêveries ressortissant au fantastique ? Les ouvres littéraires reflètent aussi combien il peut être l'objet d'un discours politique hostile (de Michelet à Zola), nostalgique (de Chateaubriand à Barrès) et susceptible de prendre de nos jours une forme plus consensuelle. Comme le montrent par exemple le roman naturaliste ou les pamphlets d'une Louise Michel, Versailles, dont l'Histoire moderne a fait une capitale possible, demeure toujours enjeu et signe du pouvoir, et ce tout particulièrement dans les moments de tension collective (événements de la Commune, proclamation de l' Empire allemand dans la Galerie des Glaces, 1ère guerre mondiale.).
Raillée par nombre d'auteurs, la transformation par Louis-Philippe du château en un musée dédié « à toutes les gloires de la France » pourrait conduire à s'intéresser à d'autres orientations. Elle inaugure peut-être, comme le montre déjà par exemple le Journal de Grillparzer, les prémices de ce qui devient aujourd'hui tourisme de masse. Dans quelle mesure ce dernier infléchit-il les représentations littéraires du domaine au XXe siècle ? Versailles suscite-t-il l'intérêt des auteurs d' avant-garde ou plus récemment des postmodernes ? Objet de restaurations successives et devenu Monument Historique, il cesse sans doute de fonctionner comme un paradigme du lieu d'abandon. Cette valorisation patrimoniale a-t-elle des effets sur sa mémoire littéraire : aspiration à la libération des événements et des figures du passé ? multiplication des jeux intertextuels ? radicalisation d'une poétique -déjà présente chez les romantiques- de l'hétérogène, de la fragmentation ?
A travers ces quelques suggestions non exhaustives, ce colloque voudrait donc être l' occasion d'une réflexion sur la richesse et l'ambiguïté, en France et à l' étranger, des formes de l'imaginaire moderne et postmoderne d'un domaine un et multiple (château, Trianons et jardins), expression même de l'évolution du goût et cristallisation d'esthétiques différentes.
Ce colloque s'inscrit dans le cadre d'un ensemble de travaux plus généraux que le Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines (CRLMC) consacre à la sociopoétique des lieux. Il est conçu comme la première étape de recherches portant sur le domaine de Versailles, recherches amenées à se poursuivre et à se préciser lors d'un certain nombre de manifestations ultérieures menées en collaboration avec l'Université de Versailles/St-Quentin-en-Yvelines.
Les propositions de communication sont à envoyer avant le 31 mai 2002 à Véronique Léonard-Roques, Littérature Comparée, Faculté des Lettres (Clermont II), 29 Bd Gergovia, 63 000 Clermont-Ferrand ou 19 rue Bobillot, 75 013 Paris ; veuillez de préférence utiliser le courriel : veronique.leonard@fairesuivre.fr
Elles seront soumises à un comité scientifique qui comprend à ce jour : Alain Montandon (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand et Institut Universitaire de France), Wladimir Troubetzkoy (Université de Versailles/St-Quentin-en-Yvelines), Béatrix Saule (Conservateur en chef, Etablissement Public de Versailles), Isabelle Krzywkowski (Université de Reims), Véronique Léonard-Roques (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand).
Responsable : Véronique Léonard-Roques, CRLMC de Clermont II
Adresse : Résidence Agate 19, rue Bobillot 75 013 Paris .