Actualité
Appels à contributions
Media, médiation, fiction. Le medium comme langage ? (Association internationale de littérature comparée AILC//ICLA)

Media, médiation, fiction. Le medium comme langage ? (Association internationale de littérature comparée AILC//ICLA)

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Benoît Tane)

           

La fiction passe par une multiplicité de media – entendu ici au sens large de « supports », de « vecteurs » – que le « multimédia » met en avant et que la littérature comparée pourrait être à même de saisir : des signes sonores et visuels, des livres et des écrans, des textes et des images... Mais il ne s’agit pas d’une « simple » matérialité dont on ferait le catalogue. Ce que la comparaison engage à travailler, c’est précisément le rapport problématique que la fiction entretient avec tout ce qui lui sert d’intermédiaire : ce rapport est sans doute rien moins que constitutif du fonctionnement des oeuvres de fiction elles-mêmes...

Nous accédons à la fiction par des media, que le jeu même de la fiction consiste précisément à nous faire oublier. Cela est peut-être d’ailleurs une condition de l’illusion esthétique, qu’elle se donne et se vive comme une relation, sans intermédiaire, avec le foyer émotionnel de sa création. Cette logique de « l’immersion fictionnelle », développée par les théoriciens de la fiction à la suite de Jean-Marie Schaeffer, pourrait être confrontée à celle de l’immediacy – nous dirions « l’im-médiateté » -- des spécialistes des études médiatiques.

 Il faut prendre en compte cette expérience, sans pour autant se laisser abuser par l’apparente transparente du medium. Au contraire, mettre en évidence les media de la fiction est urgent et salutaire à l’heure où l’on parle de « dématérialisation » : le numérique est bien entendu matérialisé, lui aussi, quoique de façon différente de l’imprimé par exemple.

En outre, la fiction joue explicitement avec des supports qu’elle convoque et met en scène. A quoi tend l’exhibition d’un medium dans la fiction ? Est-elle d’ordre essentiellement thématique ? Participe-t-elle d’une mise en abyme ? Peut-elle faire oublier le support de la fiction ? N’y a-t-il pas des fictions du medium, dont la première serait précisément celle de la transparence du medium ? Peut-être à l’inverse une question éthique, ou esthétique, comme celle des avant-gardes, conduit-elle à se demander ce qui reste de la fiction quand on oblige à voir le medium.

A travers ces questions, l’analyse tend à manifester, et c’est là l’essentiel, la médiation par laquelle passe la fiction, voire la médialité elle-même. On pourrait en ce sens interroger la formulation même de la section proposée par le congrès, « Différents médias, différentes expressions » : il y a non seulement une forme d’indifférence à l’égard du medium, parce que nous oublions de le voir ; mais il y a en outre une sorte de « différance » du medium, à commencer bien entendu par celle, développée par Derrida, de l’écriture par rapport à la parole mais peut-être aussi, celle que fait advenir tout medium et tout intermédiaire, qui met en contact et tout à la fois diffère, qui semble homogénéiser un message au détriment de ses media mais qui le rend dans le même temps fondamentalement différent.

 

On tente ici de mettre en relation des époques trop souvent dissociées : les approches développées pour les siècles qui ont vu se développer et s’imposer l’imprimerie, comme celle de la Print culture et de l’histoire du livre, avec celles qui intéressent la mutation du numérique, des Digital Studies aux Medienwissenschaften.

 On voudrait également articuler la matérialité du support et la dimension intellectuelle de ses investissements. Les media, de l’imprimerie typographique à celle des images, de la plume aux stylos, de la machine à écrire aux logiciels informatiques sont de ce qui informe la création comme la réception de l’oeuvre, trop souvent rapportée à une abstraction.

On souhaiterait par ailleurs que la fiction soit ici interrogée comme une question à part entière et qu’elle permette d’interroger les oppositions et les comparaisons traditionnelles sous cet angle : genres littéraires (roman, théâtre et poésie), couple texte/image, la littérature et cinéma, art institutionnalisé vs pratiques populaires...

On invite enfin les chercheurs travaillant sur des aires linguistiques et culturelles variées à explorer l’hypothèse d’un rapport différent aux media de la fiction selon les cultures. La dimension pleinement internationale du congrès de l’AILC/ICLA sera le lieu privilégié d’une telle réflexion. Les interventions pourront avoir lieu en français, en anglais et en allemand.

 

Les interventions pourront aborder les domaines et les problématiques suivantes :

*Approches historiques

            -Littérature et culture de l’imprimé : une fiction de l’impression

            -Littérature et mutation numérique

*Approches thématiques

            -Intermédiaires thématisés par fiction

            -Formes d’écriture dans les textes

            -Intermédiaires matériels de l’écriture

            -Ecriture manuscrite et machines à écrire

            -Formes d’inscription et de traces dans les textes et les images

*Approches théoriques

            -Les théories de la fiction et la question de la médiation

            -Mise en abyme et effets de cadre

            -Immersion fictionnelle

            -Media vs texte

 

 

Isabelle Krzywkowski (Professeur de Littérature comparée, Université Stendhal Grenoble 3)

Benoît Tane (Maître de conférences en Littérature comparée, Université de Toulouse Jean-Jaurès, Equipe LLA-CREATIS) ; page actualisée sur academia.edu

 

 

 

 

Les propositions sont à soumettre avant le 31 AOUT 2015 sur le site du congrès, Atelier n°17333

http://icla2016.univie.ac.at/abstract-submission/

 

 

Vous pouvez nous contacter préalablement pour plus d’informations :

tane@univ-tlse2.fr