Agenda
Événements & colloques
Maurice Blanchot, la singularité d'une écriture

Maurice Blanchot, la singularité d'une écriture

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Christophe Halsberghe)


MAURICE BLANCHOT, LA SINGULARITÉ D'UNE ÉCRITURE
Colloque international
(UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN-La-Neuve (UCL, Belgique), 16-18 MARS 2005)

1. Argumentaire

Disparu en février 2003, Maurice Blanchot aura marqué de son empreinte le vingtième siècle intellectuel français. Son approche de la littérature, dès la fin des années trente, s'est constituée par le dialogue notamment avec l'existentialisme, le Nouveau Roman ou encore l'avant-gardisme des surréalistes et du mouvement Tel Quel. Elle propose une lecture singulière d'auteurs immédiatement contemporains, tels que Char, Artaud, Michaux, Paulhan, Leiris, Sartre ou Bataille et des classiques de la littérature, tels que Musil, Proust, Kafka et Sade. Cette réflexion se comprend, entre autres, à la lumière de la pensée heideggérienne qu'elle revisite avec Levinas. Esprit alerte, à l'écoute des dernières avancés en sciences humaines, que ce soit en psychanalyse (Lacan), en épistémologie (Foucault), en éthique (Levinas), en philosophie (Derrida), en théorie littéraire (Goldmann, Lukacs, Barthes) ou encore en esthétique (Adorno, Malraux), Blanchot s'est situé au carrefour de débats déterminants et qui demeurent actuels.
Les universitaires n'auront pas attendu son décès pour s'intéresser à son oeuvre. Au contraire, la reconnaissance est venue très tôt. La revue Critique lui avait déjà consacré un hommage en 1966. Depuis, les publications se sont multipliées. Une biographie est parue de son vivant et un premier Colloque International s'est tenu à Paris en mars 2003. Si le nom de Blanchot se trouve associé à des notions telles que l'imaginaire, l'écriture et le neutre, en revanche, ses romans et récits demeurent un chantier à explorer davantage. Ce décalage est un peu surprenant, car ces trois notions n'ont pu transformer de fond en comble la compréhension de l'espace littéraire qu'à partir de l'espace de la fiction tel que Blanchot l'a abordé. C'est pourquoi il convient de resituer dans l'espace de la fiction les notions de l'imaginaire, de l'écriture et du neutre. Cela implique tout d'abord de se rapporter à la singularité de l'écriture de Blanchot : c'est en traversant l'espace de la fiction que cette singularité s'est tracée tout en déplaçant et en bouleversant les limites de la littérature. En outre, interprétés à partir de l'espace de la fiction, l'imaginaire, l'écriture et le neutre ne sont en rien des notions toutes faites, mais s'offrent plutôt comme des questions à sonder qui nous invitent à repenser la littérature.
L'objectif du colloque consiste donc à mettre en rapport la singularité de l'écriture blanchotienne et ce qui est en cause dans la littérature en tant que questionnement sur son essence. À cet effet, les questions et thèmes suivants sont proposés :
La fiction. L'espace de la fiction est pour Blanchot un absolu, sans constituer pour autant un monde à part entière. Comment Blanchot (dé-)construit-il l'espace de la fiction ? Avec quels éléments ou à l'aide de quelles stratégies ? Comment ces éléments et ces stratégies se rapportent-ils l'un à l'autre ? Bref, comment le langage s'articule-t-il dans cet espace ? Peut-on articuler des lois' de renvois ou des règles' de distributions ?
Scène(s) primitive(s) ? La singularité de l'écriture dans la fiction se caractérise notamment par le retour d'images telles que celle de la femme, des animaux, des lieux et de la mort. Quelle est la portée de ce retour ? En quoi ces images singularisent-elles l'écriture de Blanchot ? En même temps, ses récits se caractérisent par un retrait des images. Comment interpréter cet effacement ? Qu'est-ce qui s'y recèle quant au rapport entre l'espace de la fiction et l'imaginaire ?
L'expérience. C'est Blanchot qui nous a rendu familière l'idée que la littérature est une expérience dans le sens fort du terme. L'écrivain se met en jeu dans l'écriture et la littérature s'accomplit alors comme événement et rencontre. Dès lors, comment la notion d'expérience s'interprète-t-elle à partir de ses romans et de ses récits ? Quelle sorte de transformation s'y produit-il ? L'interrogation nécessite de réexaminer la question du neutre. En effet, si pour Blanchot l'écriture est une expérience à part entière, transformatrice du réel, son mode d'expression ne peut être tout à fait neutre. Comment donc le neutre se révèle-t-il au coeur même de l'expérience qu'est le récit ? Et comment décrire la « subjectivité » qui est aux prises avec le neutre ?
La réflexion. L'oeuvre fictionnelle de Blanchot se caractérise par un haut degré de réflexivité. Dans l'espace de la fiction se réfléchissent les conditions de l'écriture. Comment cette réflexion s'articule-t-elle ? Et quel est son rapport au temps ? Le temps se transforme-t-il à partir de la réflexion ou est-ce l'inverse ? De quelle façon la réflexion qui se déploie dans l'espace de la fiction (dé)réalise-t-elle la compréhension de la fiction ?
La lisibilité. Légers d'accès, les romans et récits de Blanchot entraînent le lecteur dans une dérive qui le met sans cesse en avant ou en arrière de sa lecture. Pour déjouer et déplacer sans cesse les limites de la compréhension, cette production fictionnelle met le lecteur au défi. À quel mode d'écoute nous invite une telle oeuvre ? Et comment se poursuit en elle la possibilité de l'entretien ?
Autant de thèmes et de questions que le colloque se donne pour objectif d'élaborer, que ce soit en écho avec les textes théoriques et ceux de critique littéraire de Blanchot ou avec ceux de ses principaux interlocuteurs. Les séances auront lieu à l'Université catholique de Louvain (UCL), du mercredi 16 au vendredi 18 mars 2005. Les interventions remaniées sous forme d'articles seront publiées dans un numéro spécial de la revue Les Lettres Romanes, qui sera complété d'autres contributions sur la problématique esquissée ci-dessus. Le volume devrait paraître fin de cette même année 2005.


2. Intervenants (l'appel aux candidats est clos, l'ordre des interventions n'est pas encore établi)

1. Christophe Bident

Les incipit des récits de Blanchot


2. Arthur Cools

« La mort et la singularité dans Thomas l'Obscur »




3. Jonathan Degenève

« Des récits de libération (L'Arrêt de mort, Le Bavard, Premier amour) »


4. Koenraad Geldof

« L'intellectuel entre l'histoire et la fiction : une comparaison entre Blanchot et Bourdieu »


5. Christophe Halsberghe

« De plus beaux jours en perspective: Blanchot lecteur de Proust »


6. Cécile Hayez

Titre à préciser


7. Leslie Hill

« Sans titre »


8. Michael Holland

« Accuser le coup: écriture et violence dans la fiction de Blanchot »


9. Eric Hoppenot

« Vivre un événement en image »


10. Jean-Luc Lannoy

« Voir, ce n'est pas parler. Blanchot et la phénoménologie »


11. Vivian Liska

« L'enchantement à deux voix. Le détournement des Sirènes chez Blanchot et Adorno »


12. Michel Lisse

« Maurice Blanchot, Jacques Derrida : lectures croisées »


13. David Maertens

Titre à préciser


14. Annelies Schulte Nordholt

« L'instant de ma mort : entre témoignage et fiction »


15. Frank Vande Veire
« Une impossibilité impure. Mort, angoisse et quotidienneté chez Blanchot et Heidegger »

Organisateurs : Michel Lisse (F.N.R.S., Université Catholique de Louvain-La-Neuve), Arthur Cools (Université d'Anvers) et Christophe Halsberghe (École Supérieure de Gand)

e-mail : christophe.halsberghe@hogent.be; arthurcools@hotmail.com; lisse@rom.ucl.ac.be