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Matières molles et formes flasques

Matières molles et formes flasques

Publié le par Emilien Sermier (Source : Céline Cadaureille laboratoire CIEREC )

Faisant suite à une journée d’étude sur « Le Mou et ses limites » (projet en collaboration avec le laboratoire LLA-Créatis, Toulouse), nous poursuivrons notre appréhension de la matière pour mieux comprendre les processus de dissolution qui activent l’informe et animent d’inquiétantes métamorphoses. Aujourd’hui, la mollesse n’est pas simplement une question de consistance et elle n’est plus seulement le contraire de la fermeté. Nous avons pu remarquer que le mou semble être en perpétuel déplacement entre le solide et le liquide, entre différents pôles d’attraction. Ainsi la matière contient sa propre énergie pour parfois devenir une forme flasque et se faire le reflet de notre propre consistance… Les limites des matières molles sont floues et c’est justement dans cette instabilité physique des choses que vient se nourrir un imaginaire qui nous reste à décrypter.

 

A travers cette deuxième journée d’étude, nous chercherons donc à observer les analogies formelles qui se tissent à travers la flaccidité et la mollesse des nouveaux matériaux, nous étudierons par exemple la viscosité alimentaire des blobs, l’obésité morbide des sculptures d’Erwin Wurm mais aussi les glissements indolents d’Henri Michaux. Nous nous concentrerons sur les rapports qu’entretient notre corps avec la « mollesse » à travers les XXème et XXIème siècles grâce aux arts plastiques, au design mais aussi à la littérature et au cinéma.

1. Approche matérielle : la plasticité e(s)t la mollesse

La mollesse des nouveaux matériaux, que César et Gaetano Pesce ont pu expérimenter à leur époque, semble aujourd’hui attaquer les limites plastiques et remettre en question la pérennité des choses. Le mou n’étant ni liquide, ni solide, cet état va révéler une instabilité déconcertante mais aussi un confort « sur mesure ». Le design moelleux, la science des slimes et les matières à mémoire de forme vont nous interroger sur cet entre-deux physique ou ce comportement mimétique des objets avachis. Du pouf Sacco au Pools &Pouf ! de Robert Stadler, nos intérieurs continuent à se répandre avec paresse et nonchalance.

2. Approche temporelle : le mou et ses énergies contenues

Partant du principe que l’appréhension du mou se fait dans un temps donné, nous interrogerons cette variation des états de la matière pour comprendre les forces qui s’exercent sur elle et contre elle. Nous étudierons les variations qu’impliquent la chaleur et la cuisson, la dissolution des corps et la putréfaction. Aussi nous questionnerons la puissance discrète de l’amorphe : l’élasticité du chewing gum, la gravité et l’écoulement ralenti des gels ou des matières gluantes. L’aspect collant et contaminant sera observé pour comprendre cette dissolution imaginaire que Jean-Paul Sartre envisage par rapport à la mélasse dans L’Etre et le néant et que l’on peut ressentir, par exemple, face au travail en Nutella de Thomas Rentmeister.

3. Approche corporelle : chairs élastiques et formes obèses

Ayant remis en exergue le concept du « Moi-Peau » développé par Didier Anzieu, nous nous interrogerons sur la matrice de la forme lorsqu’elle dégénère et devient élastique. En cherchant à s’étirer, l’enveloppe peau va étendre les limites de sa corporéité comme on peut le voir, par exemple, dans l’œuvre The Matrix of Amnesia de l’artiste John Isaacs. Nous observerons les angoisses que peuvent éveiller les chairs élastiques et les formes obèses, les bourrelets et la graisse, les blobs et ces autres gloutons qui hantent le cinéma Gore des années 1980.

 

Modalité : propositions de communications faisant apparaître clairement le titre et l’approche abordée (une page détaillée) et une courte notice biographique sont à faire parvenir à celine.cadaureille@univ-st-etienne.fr avant le 21 octobre 2014.

 

Lieu : Université Jean Monnet, Saint Etienne, sur le site Denis Papin

Date de la journée d’étude : mi mai 2015 (date à préciser)