Questions de société
Mastérisation: lettre du collectif PEMF du 44 A l'Inspecteur de l'Académie (09/06/10)

Mastérisation: lettre du collectif PEMF du 44 A l'Inspecteur de l'Académie (09/06/10)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : CNFDE)

Nantes le 9/06/2010

A Monsieur l'Inspecteur de l'Académie de Nantes

Nous tenons à vous remercier des informations communiquées mercredi 2 juin matin.

Suite à cette réunion, vous avez pris le temps de recevoir et d'écouter avec une grande attention la délégation du collectif des maîtres formateurs de la Loire Atlantique,ce dont nous vous savons gré.

Néanmoins, les informations n'ont fait que confirmer ce que nous dénonçons depuis le lancement de la réforme dite de la mastérisation et qui se concrétise dans la mise en place académique du dispositif d'accueil, d'accompagnement et de formation des professeurs des écoles stagiaires.

o Tout d'abord, comment peut-on accepter que le temps de formation des enseignants stagiaires soit réduit de moitié à la rentrée? Uneannée «d'adaptation à l'emploi» ne peut remplacer une année de formation professionnelle à l'IUFM. Cette année dite «transitoire» n'est que le prélude à une situation qui ne peut que se dégrader, si on n'arrête pas ce démantèlement. Il nous semble inconcevable de confier nos élèves à des stagiaires faisant office de remplaçants pour pallier le manque de postes budgétaires.

o Enseigner est un métier qui s'apprend, surtout au regard des exigences des 10 compétences. Il ne nous apparaît pas que les dispositifs mis en place, correspondant à des besoins de formation d'urgence et conjoncturels, constituent le socle d'une véritable formation par alternance qui a montré ses effets positifs, même si certains points auraient mérité d'être améliorés.

o Ensuite, lorsque nous avons passé le CAFIPEMF et fait le choix d'être PEMF, nous devenions «maitres formateurs auprès des IUFM», ce qui nous permettait d'avoir une distance réflexive et formative avec une réelle place dans une formation en alternance. Nous faisions partie d'une équipe pluri-catégorielle dont les compétences aux approches complémentaires tendaient à construire chez le stagiaire une solide identité professionnelle. De fait, ce n'est plus le cas. Bien que vous nous ayez assuré que le partenariat avec l'IUFM serait contractualisé, seuls certains d'entre nous seront appelés à travailler en collaboration avec les professeurs d'IUFM et les professeurs chercheurs, en fonction des critères définis par l'Inspection Académique. Nous constatons aussi que les MAT et les PEMF assureront les mêmes fonctions: accueil et accompagnement dans les classes, suivis de stagiaires et participation à la validation. Sans remettre en cause les compétences de nos collègues MAT, le CAFIPEMF n'étant plus indispensable, quelle valeur aura demain ce diplôme?

o Enfin, sans préjuger des compétences d'adaptabilité et de réactivité de nos jeunes collègues, leur entrée dans le métier risque d'être problématique, tant pour eux que pour les élèves dont ils auront la charge. Dans de nombreuses écoles, les enseignants, les familles et surtout les élèves subiront, malgré eux, les manques ou les difficultés des stagiaires. Il est évident que le manque en formation va alourdir considérablement les charges de travail de toutes les équipes, notamment dans les milieux socioprofessionnels défavorisés. Nos jeunes collègues s'en trouveront d'autant plus fragilisés.

Aussi le collectif des maîtres formateurs de Loire Atlantique vous sollicite pour qu'avec lui, vous interpeliez le ministre sur la nécessité d'une autre formation professionnelle basée sur une véritable alternance. Elle doit correspondre aux besoins de l'école du 21° siècle: acquisition par tous les élèves des compétences du socle commun, gestion de la diversité des élèves, travail avec les familles et l'ensemble des partenaires de l'équipe éducative, accompagnement de chaque élève dans ses apprentissages.

En dépit des réactions négatives de toutes les catégories des personnels impliqués dans la formation des professeurs des écoles, le ministre a pris ses responsabilités en entérinant cette réforme contre l'intérêt des jeunes stagiaires, des élèves, des enseignants et plus généralement contre celui de l'école publique.

Nous prenons les nôtres en vous informant que certains d'entre nous ne seront plus maîtres formateurs l'an prochain, dans l'état actuel du projet de formation, et que les autres s'engagent d'ores et déjà à inverser le cours des choses par toute action qu'ils jugeront servir la formation et plus généralement l'école publique à laquelle nous sommes tous tant attachés!

Nous vous prions de croire, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, à notre profond attachement au service public de l'éducation nationale.

Le collectif de PEMF de Loire-Atlantique