Questions de société
Mastérisation: lettre de N. Petiteau (professeur d'Histoire) à L. Carroué, IG d'Histoire et Président du Capes (mars 2010)

Mastérisation: lettre de N. Petiteau (professeur d'Histoire) à L. Carroué, IG d'Histoire et Président du Capes (mars 2010)

Publié le par Bérenger Boulay

Mars 2010: Lettre de Nathalie Petiteau, professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon, adressée notamment à Laurent Carroué, Inspecteur général d'histoire et Président du Capes.

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3527

Monsieur le président, Monsieur le vice-président, chers collègues,

Je me permets de vous écrire au sujet de la réforme du CAPES, dont j'ai la charge pédagogique à l'Université d'Avignon. Je le fais au nom de tous mes collègues historiens d'Avignon.

Nous tentons de bâtir une maquette pour la mise en place de la réforme et c'est à ce sujet que je souhaite vous faire part d'une perplexité que je partage avec l'immense majorité de mes collègues d'Avignon et des autres Universités. Personne en effet ne peut trouver le moyen de faire fonctionner les maquettes que nous parvenons tant bien que mal à bâtir, avec toutes les contraintes qu'implique la réforme. Car ces maquettes une fois bâties, ce qui n'était pas une mince affaire, la question de la date des écrits d'une part, de celle de la publication des programmes d'autre part, nous empêche de les faire fonctionner. Les problèmes, en effet, sont nombreux :

1° La date des écrits en 2010 : comment faire pour préparer, pour les nouveaux étudiants qui souhaiteraient passer le concours l'an prochain, 6 questions en 6 semaines de cours (du 1er septembre au 15 octobre 2010, afin de leur laisser le temps de révision souhaité) : ils sont tous en train, de toutes façons, d'achever leur mémoire de M1 ou de M2 et ne peuvent pas utiliser leur temps de juin pour autre chose. En juillet, tous ont une activité salariée, en août les Universités sont fermées, et nous ne voulons pas croire que les inventeurs de la réforme souhaitent que nous fassions cours pendant les deux mois d'été, qui sont en général les seuls qui nous restent pour avancer nos recherches.

2° Pour les années à venir, cette date des écrits impose que nous partagions le temps de cours entre avril-mai puis septembre-octobre  : il faut en effet deux mois minimum entre la publication d'une question et le début des cours, car le contenu de ces cours demande un réel temps de préparation, j'espère qu'aucun membre du jury ne le contestera. Puis juin est tellement encombré que je ne vois pas comment nous pouvons envisager de faire cours ce mois-là : en plus des examens et corrections de copies de licence, les enseignants sont en train de corriger des mémoires de master et d'assumer les jurys associés, sans oublier les colloques, le plus souvent placés durant ce mois-là puisque c'est celui où jusqu'à présent il n'y avait plus cours...

3° Quoi qu'il en soit, ce calendrier de la réforme implique en réalité de faire deux années universitaires en une, de mener de front deux calendriers universitaires opposés l'un à l'autre, l'un commençant en septembre, l'autre commençant en avril ! : c'est intenable et scandaleux.

4° Cela pose de toutes façons d'énormes problèmes pratiques. Outre l'insatisfaction devant des enseignements intervenant de part et d'autre de juillet-août, comment gérer les services des enseignants ?

5° Par ailleurs, comment faire pour permettre à un étudiant qui voudrait faire un vrai MASTER recherche de ne pas perdre une année pour s'engager, après un M2 soutenu en juin au mieux, dans une préparation qui, pour ce qui est des questions au programme, a commencé en avril ?

Personne n'a tenu compte des refus de la réforme du CAPES exprimés unanimement et avec conviction, y compris par la CPU. Nous avons quand même tenté de faire des maquettes. Mais, pour ce qui est du CAPES d'histoire-géographie, avec une telle organisation des programmes, nous ne pouvons pas faire fonctionner ces maquettes, avec la meilleure volonté du monde. Le calendrier proposé est intenable et ridicule. Que pouvons-nous faire ? Comment organisez-vous les choses, vous-mêmes, dans votre Université ? Si, à la rigueur, nous connaissions les questions un an et et demi à l'avance, ce deviendrait un peu plus facile. Pourriez-vous au moins plaider notre cause sur cela et obtenir la publication des programmes par exemple pour le concours 2012 en février 2011, et obtenir que pour le concours 2011 nous sachions dès maintenant que le programme actuel sera maintenu ?

Dans l'espoir que vous pourrez nous aider, je vous prie de bien vouloir agréer, chers collègues, l'expression de mes salutations distinguées

Natalie PETITEAU - Professeur d'histoire contemporaine - Université d'Avignon. UFR Lettres, 74 rue Louis Pasteur. 84 029 AVIGNON CEDEX