Questions de société

"Mastérisation: front syndical contre le gouvernement" (Communiqué Snesup, 15/11/9)

Publié le par Marc Escola

Mastérisation : front syndical contre le gouvernement - communiqué du SNES-UP (15 novembre 2009)


Les décisions gouvernementales issues des 4 groupes techniques de travail sont inacceptables.

Deux heures durant, vendredi 13 novembre, les cabinets des ministresde l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de larecherche ont communiqué aux organisations syndicales - exclues detoutes concertations - leurs décisions concernant la réforme de laformation des enseignants dite de « mastérisation ». Portant sur lastructure des concours, le calendrier des épreuves (PE, PLC, PLP,agrégation) et le cadrage des masters et des stages, ces annonces ontfait l'objet de critiques extrêmement vives de la quasi unanimité desparticipants. Insatisfaction, amertume, colère, régression sont lestermes qui ont été les plus utilisés pour qualifier les annonces faites.

«  Mastériser la formation des enseignants », c'est se donnerl'objectif d'amener les futurs enseignants à maîtriser les fondementsscientifiques de leur activité professionnelle et les processus deconception des enseignements, en liaison avec la recherche. C'est aussidonner aux futurs enseignants les éléments indispensables pourconnaître l'enfant ou l'adolescent. En capacité de concevoir leursenseignements, entretenant un rapport avec la recherche initié lors deleur formation, les futurs enseignants doivent être formés pourcomprendre leurs élèves et leurs erreurs, pouvoir adapter leurspratiques à des situations inédites et être en mesure d'exercer ledoute méthodique. Ainsi comprises, l'obtention des garanties d'uneréelle élévation des qualifications relève d'un enjeu de société. Laprésentation gouvernementale est en totale contradiction avec cetteambition. Le SNESUP estime ces décisions inacceptables et dénonce cetteconception de la formation des enseignants. Il considère que lesdécisions ministérielles prises constituent des entraves à laconception d'une formation des futurs enseignants portant l'ambitiond'un net progrès dans la démocratisation de notre système éducatif.

A aucun moment de la présentation, pas plus que dans le documentdistribué en séance, n'a été mentionné le terme « IUFM ». Alors que leSNESUP a interrogé les ministères quant au sort qui pouvait leur êtreréservé, les représentants des ministères n'ont pas apporté la moindreréponse. C'est bien la disparition des IUFM qui reste projetée. LeSNESUP réaffirme la nécessité de structures universitaires spécifiques-IUFM rénovés- chargées de la formation des enseignants de lamaternelle à l'université, permettant la formation initiale et continuede ceux-ci. Le secrétaire général du Ministère de l'Education Nationaleet du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, par sonintervention en réunion, confirme la réduction de la formationprofessionnelle aux seuls stages, au 1/3 de formation continuée enannée post-concours et à « quelques modules complémentaires »non intégrés à la formation. Outre le mépris du gouvernement pour lesspécificités de la formation des enseignants, cela traduit une visionarchaïque de la formation des enseignants, que le SNESUP condamne.Jamais, au cours de la présentation, les questions relatives aux aidesfinancières –bourses, pré recrutements, …- dont pourraient disposer lesétudiants n'ont été abordées par les ministères.

La conjugaison de la conception gouvernementale de l'admissibilitédu concours (constituée d'écrits, exclusivement disciplinaires pour lesPLC et PLP et portant sur « le français et la culture humaniste » et « les mathématiques et les sciences »pour les PE) et d'un calendrier échelonné des différents concours censépermettre aux étudiants de tenter des concours menant à différentsmétiers de l'enseignement - qu'ils y soient ou non préparés -, rendimpossible la conception de formations universitaires de haut niveauqui permettent en même temps la réussite des étudiants. Ces formations– en lien fort avec la recherche et alliant les potentiels avérés desUFR et des IUFM - doivent intégrer harmonieusement toutes lesdimensions nécessaires articulant les disciplines, leurscontextualisations, et l'apprentissage des savoirs et « gestes »professionnels pour préparer au métier d'enseignant choisi. En effet,comment serait-il possible d'articuler 2 semestres d'un M2 - à la suited'un M1 « généraliste » (p.11 diapo.)-, intégrant la préparation à une admissibilité au concours PLC (du 1/12 au 20/12), validant « des compétences en langues et en informatique »(p.4 diapo.), intégrant 6 semaines de stages 108h entre les résultatsde l'admissibilité (20/01) et l'admission (mai-juin), voire des stagesd'observation au début de ce M2 (p.13 diapo.) ? En dehors du bachotageintensif, le temps de formation restant entre l'admissibilité etl'admission dont disposeront les équipes pédagogiques pour assurerleurs enseignements de master serait ainsi considérablement réduit !

Pour le gouvernement, enseigner n'est pas un métier qui s'apprend etla formation des jeunes ne constitue pas une priorité ! Dans cecontexte, le SNESUP réaffirme plus que jamais son exigence de retraitde cette réforme de la formation des enseignants, des concours derecrutement et de ses décrets d'application, pour pouvoir élaborer unetout autre réforme conduisant à une réelle élévation de laqualification de tous les enseignants.

Le SNESUP appelle à faire de la journée de grève et de manifestations du 24 novembre « pour des créations d'emplois et l'amélioration des carrières, pour une autre réforme de la formation des enseignants », un moment fort pour nos revendications.

Voir le document joint (pdf).