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Marguerite Duras : desseins de mémoire et d'oubli

Marguerite Duras : desseins de mémoire et d'oubli

Publié le par Sophie Rabau (Source : Christophe Meurée)

« Marguerite Duras : desseins de mémoire et d'oubli »
Colloque international, Louvain-la-Neuve (Belgique), 2-4 mars 2006


Écrire ce n'est pas raconter des histoires. C'est le contraire de raconter des histoires. C'est raconter tout à la fois. C'est raconter une histoire et l'absence de cette histoire. C'est raconter une histoire qui en passe par son absence.
Marguerite Duras, La vie matérielle.


En ce début de XXIe siècle, dix ans après la mort de l'auteur, la recherche durassienne cherche désormais à offrir la place de choix qui revient à l'auteur du Ravissement de Lol V. Stein dans l'Histoire du XXe siècle, marqué tant par les ruptures violentes (innovations formelles en art, modification des espaces privé et public, technologie galopante, etc.) que par les continuités (les idéologies politiques, philosophiques et sociales nées aux XVIIIe et XIXe siècles, la place de l'étranger, les révolutions techniques et les cultures de l'image, etc.) Comme l'a récemment noté Stéphane Patrice, « Représentative, Duras l'est, paradoxalement, par sa littérature qui se voudrait non engagée, représentation pure, acte de mémoire, témoin d'un temps difficilement lisible. » (Marguerite Duras et l'histoire)

C'est bien cette place de témoin, de mémoire vive et subjective que nous souhaiterions interroger à l'occasion de ce colloque. Chez Duras, les questions de la mémoire et de l'oubli interviennent à de très nombreuses reprises, appliquées à l'Histoire, à l'histoire subjective ou à celle que déploie la fiction. Ces questions sont donc à aborder comme une problématique fondatrice de l'oeuvre, le livre ou le film étant dans le même temps entreprise de mémoire et d'oubli. Duras passe en revue et radiographie son époque, la littérature, les idéologies, les nouvelles techniques (de la photographie et du cinéma à la bombe atomique), les faits divers, etc. : son oeuvre met en place un ensemble de dispositifs structuraux et énonciatifs qui traitent les discours, les malaises, les désastres et les (r)évolutions qui jalonnent le siècle. Elle déploie en ce sens un panel générique très large, qui transcende les limites traditionnelles de genres : L'été 80 mêle fiction et tribune journalistique ; India Song s'inscrit à la croisée du théâtre, du récit et du cinéma ; le personnage d'Ernesto s'est profilé dans un livre pour enfants, dans un film et dans un roman. L'intérêt notable de Duras pour les combinaisons génériques insolites et pour le mouvement de répétition-variation qui anime la progression de l'oeuvre lui fournit autant de solutions nouvelles qui travaillent à étayer et à saper l'entreprise de mémoire tout uniment.

Il sera intéressant dès lors de porter notre attention sur plusieurs axes de recherche qui se compléteront et s'interpénétreront. Les deux principaux niveaux d'approche (l'oeuvre comme mémoire et comme possibilité de l'oubli et le traitement des questions de la mémoire et de l'oubli au sein de l'oeuvre), d'apparence distincts, pourraient être confrontés avec fruit. Les recherches sur les manuscrits, dont les premiers résultats ont été exploités au colloque « L'écriture dans tous ses états » de Newcastle, seront évidemment les bienvenues. Plusieurs angles de vue peuvent ainsi être envisagés, pour autant qu'ils demeurent en lien avec la question de la mémoire, de l'oubli et/ou de l'enregistrement du réel :

1. La fonction de la mémoire et de l'oubli chez Duras, y compris dans sa dimension d'oubli volontaire tel que le mensonge
2. Le traitement des techniques modernes (photographie, cinéma, télévision et radio, etc.) : leur réception au sein de l'oeuvre, le caractère générateur d'oeuvres de ces techniques, leur influence sur les techniques d'écriture
3. Le traitement de l'Histoire
4. Duras et le travail autobiographique
5. Le traitement des canons littéraires (genres, etc.)
6. Le traitement de la langue maternelle et des langues étrangères
7. etc.


Les propositions de communications (une page maximum) doivent nous parvenir avant le 30 septembre 2005, à l'adresse suivante : meuree@rom.ucl.ac.be

Comité scientifique :

Madeleine Borgomano (Aix-en-Provence)
Christophe Meurée (UCL)
Ginette Michaux (UCL)
Pierre Piret (UCL-FNRS)
Catherine Rodgers (Swansea)
Arnaud Rykner (Toulouse-le-Mirail)
Francine Thyrion (UCL)
Raynalle Udris (Middlesex)

Centre Joseph Hanse (Université catholique de Louvain)
Site du Centre de recherche Joseph Hanse : http://cjh.fltr.ucl.ac.be