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Manipulation et Propagande

Manipulation et Propagande

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Benoît Mitaine)

HISPANÍSTICA XX - Volume 2014

MANIPULATION ET PROPAGANDE

 

En 1928, Edward Bernays écrivait : « La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. […] C’est là une conséquence logique de l’organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d’une société au fonctionnement bien huilé » (Propaganda, Paris, Éd. La Découverte, 2007). Cent cinquante pages plus loin, Bernays concluait : « La propagande ne cessera jamais d’exister. Les esprits intelligents doivent comprendre qu’elle leur offre l’outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer de l’ordre à partir du chaos ». Pur cynisme d’un illuminé ? En fait, E. Bernays – père du concept de « Relations publiques » – mit son savoir-faire, tout au long du XXe siècle au service des plus divers employeurs : de Proctor&Gamble à la NAACP en passant par l’American Tobacco Co. et la Maison Blanche. Sans oublier la United Fruit Company : après l’expropriation de ses possessions au Guatemala, par le président Arbenz, la compagnie engagea Bernays pour mener une vaste campagne de relations publiques, dont l’issue fut rien moins que l’opération de la CIA, en 1954, portant le général Castillo Armas au pouvoir, avec les conséquences que l’on sait.

Justement, dans le domaine hispanique, nous proposons d’explorer, depuis le début du XXe siècle et jusqu’à nos jours, l’utilisation par les formes de pouvoir (politique, économique, financier, médiatique…) de ces mécanismes de manipulation et de propagande – ou, du moins, de conditionnement de l'individu -, mis en évidence par  Noam Chomsky et Edward S. Herman (La fabrique de l’opinion publique Paris, Le serpent à plumes, 2003). Nous aborderons bien entendu les messages véhiculés, les moyens et les stratégies mis en œuvre par les différents régimes. Nous nous intéresserons également à l’évolution possible, indépendamment de l’objet de propagande, des rapports au sein du triptyque Pouvoir-Groupes de pression-Individu.

Les arts narratifs et visuels comme le roman, le théâtre, la chanson, la bande dessinée ou le cinéma peuvent être également un lieu de manipulation et de propagande mais il n’est pas certain que l’on puisse les mettre sur un pied d’égalité avec ce que l’on peut observer dans l’histoire des civilisations, les medias ou en matière économique (le lobbying, la publicité). Ainsi, la notion de propagande en art ne mériterait-elle pas d’être redéfinie de nos jours ? Cela vaut-il aussi pour le cinéma qui relève bien plus de l’industrie que d’une démarche artistique individuelle ?

Nous nous demanderons si la littérature ou toute autre forme d’art peut être encore aujourd’hui au service du pouvoir. Si un artiste peut exercer pleinement son art quand il est à son service ? Mario Vargas Llosa semblait, par exemple, en douter en 2002 dans un article d’ABC intitulé Literatura y poder: debate entre el compromiso político y la libertad creadora : « tengo la impresión de que cuando la literatura pretende servir a la política, se convierte en propaganda, en algo didáctico, pierde espontaneidad y por tanto, creatividad. Sin embargo, también considero que la política es una experiencia central en la vida de los seres humanos » (http://www.abc.es/hemeroteca/historico-02-01-2002/abc/Cultura/literatura-y-poder-debate-entre-el-compromiso-politico-y-la-libertad-creadora_69364.html).

Enfin, quelle peut être la part d’influence d’un mécène sur la liberté créatrice d’un artiste ?

C’est précisément cette diversité que nous nous proposons d’explorer en questionnant les mécanismes de manipulation (ou de conditionnement) et de propagande aussi bien dans le domaine artistique que dans les domaines historique, culturel, économique, médiatique, éducatif, religieux ou sportif.

Les propositions de communication pourront s’articuler autour des pistes de travail suivantes :   

-Mécanismes de manipulation et de propagande : moyens et stratégies mis en œuvre, structure du discours.

-Les messages véhiculés ; les objectifs ; les bénéficiaires.

-Sport et médiatisation : manipulation des masses ; rôle de l’affect, de l’irrationnel, etc.

-Le terme de propagande dans les arts est-il encore opératoire depuis l’effacement des grands récits d’émancipation et depuis la fin de la Guerre Froide ?

-Le citoyen / lecteur / spectateur est-il uniquement une victime ? Peut-il être un complice ?

-Une société peut-elle exister sans un minimum de manipulation de l’Individu par le Pouvoir ? La propagande peut-elle être un élément de stabilisation sociale ?

-La contre-propagande et les contre-pouvoirs.

Modalités

Les propositions d’article (2500 caractères maximum, espaces compris) devront parvenir  avant le 10 mai 2014, à myriam.segura@u-bourgogne.fr, pierre-paul.gregorio@u-bourgogne.fr, benoit.mitaine@u-bourgogne.fr

 

Langues acceptées : français et espagnol

Sélection des articles : début juin 2014

Les articles seront à envoyer avant le 1 octobre 2014 à myriam.segura@u-bourgogne.fr, pierre-paul.gregorio@u-bourgogne.fr, benoit.mitaine@u-bourgogne.fr.