Mustapha Trabelsi
La Polyphonie textuelle dans les nouvelles d'Albert Camus
Avant-propos par Didier Coste
Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, 2005.
255p. 13.9DT. ISBN 9973-61-101-2
Présentation de l’éditeur :
Dès les premières pages, M. Trabelsi nous avertit que le thématisme est insuffisant pour rendre compte et du dit et du vouloir-dire de Camus (comme, d’ailleurs, de tout autre écrivain, implique-t-il discrètement) et que, pour « lire autrement », des outils plus scientifiques et plus fins sont nécessaires : il s’agira de la linguistique de l’énonciation. L’ouvrage de Mustapha Trabelsi ne déploie pas moins d’acuité interprétative que de minutie descriptive dans l’analyse d’une écriture ambitieuse dont il exploite le moindre détour ; il est donc sans complaisance aucune à l’égard d’un sujet qui n’a jamais autant mérité le nom d’auteur. La stylistique ainsi maniée relève de l’enquête policière, non pas au sens où elle serait le prélude à un réquisitoire mais dans la mesure où elle cherche à établir des faits de façon irréfutable. Or, dans le domaine de l’écriture littéraire, ce sont des faisceaux d’indices —laissés par l’exercice de la subjectivation, de l’individuation— qu’il faut reconstruire pour tenir lieu de preuves matérielles.
Sommaire
Première partie - Polyphonie et paratexte
1 - Le titre
2 - La préface
3 - L'épigraphe, la dédicace, le prière d'insérer
Deuxième partie - La locution narrative
1 - Les modes énonciatifs
2 - La modalisation et la qualification
3 - La voix du narrateur
Troisième partie - L'énonciation de l'autre
1 - La voix citéé
2 - La voix intégrée
3 - La voix intérieure
4 - La voix silencieuse
Quatrième partie - La polyphonie textuelle
1 - L'énonciation aphoristique
2 - L'énonciation lyrique
3 - L'énonciation ironique
Mustapha Trabelsi est Maître-Assistant (Littérature Française du XXe siècle et Stylistique) à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Sfax (Tunisie). Il est le responsable de deux ouvrages collectifs aux Presses de l'Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand: L'Insularité, 2005, et L'Ironie aujourd'hui : Lectures d'un discours oblique, 2006 (voir http://www.fabula.org/actualites/article15297.php) ainsi que d'un numéro spécial de la revue L'Esprit créateur: Albert Camus and the Art of Brevity, 2004.
Extrait de l'avant-propos de Didier Coste:
M. Trabelsi nous avertit que le thématisme est insuffisant pour rendre compte et du dit et du vouloir-dire de Camus (comme, d'ailleurs, de tout autre écrivain, implique-t-il discrètement) et que, pour « lire autrement », des outils plus scientifiques et plus fins sont nécessaires : il s'agira de la linguistique de l'énonciation. Benveniste, Catherine Kerbrat-Orecchioni et plusieurs autres sont convoqués, mais ce que l'on retiendra de la démarche, c'est qu'elle doit se garder à la fois de se fonder sur un présupposé d'individualité foncière de l'énonciation (il y aurait un sujet déterminé et tout armé quelque part en dehors de l'écriture et avant elle) et sur une dissolution de cette individualité dans un discours socio-historiquement collectif, voire dans une langue qui parlerait le sujet. Entre ces deux écueils, en adoptant une perspective résolument dynamique, vient l'idée d'individuation qui se dispense et de la quête d'origine pré-verbale et d'une complétude finale du sujet. (...) L'infiltration d'une voix dans une autre, la double porosité de la parole des personnages et de celle du narrateur font que les catégories, traditionnelles depuis le structuralisme, de la représentation de la parole et de celle de la conscience, sont plus que jamais insuffisantes à rendre compte des vraies dimensions, séductives, de la communication fictionnelle telle que Camus la met en scène en se retranchant toujours derrière quelque chose.
Livre en attente de rédacteur pour compte-rendu dans Acta fabula