Essai
Nouvelle parution
M. Tilea, Henri Michaux : déplacements et interventions poïétiques

M. Tilea, Henri Michaux : déplacements et interventions poïétiques

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Monica Tilea)

Monica TILEA, Henri Michaux : déplacements et interventions poïétiques. Craiova (Roumanie):  Editions Universitaria, 2008.


Communiqué:

Henri Michaux se trouve constamment en mouvement dans un univers fluctuant, avec des limites mobiles et déroutantes qu'il détruit et qu'il réinvente sans cesse.


Pour analyser les effets que cette propension constante vers l'ailleurs a sur l'acte créateur, Monica Tilea prend en considération, d'une part, les voyages de Michaux dans des espaces (réels ou rêvés) extérieurs à la création proprement dite, et, d'autre part, le déplacement à l'intérieur même des activités créatrices, à savoir le passage du faire scriptural au faire pictural.
La réflexion de Monica Tilea sur le processus créateur reprend le modèle de lecture offert par Michaux même au moment ou, dans le texte Aventures de lignes, il refait la genèse des tableaux de Paul Klee en partant de leur apparence formelle. L'approche poïétique/poétique permet à l'auteur d'analyser les interventions d'un artiste qui transforment les espaces parcourus en fonction de ses besoins et de ses attentes poïétiques et de conclure que, chez Michaux, le travail créateur est dominé par la sensibilité kinesthésique et visuelle et suppose un échange constant avec le dehors.

Par son livre consacré à Henri Michaux, Monica Tilea fait avec elle-même un de ces paris que l'on a peu de chance de gagner : décrire, définir par un discours bien articulé, parfaitement cohérent, ce qui, somme toute, ne saurait être décrit ou défini. Monica Tilea trouve le moyen de parcourir pas à pas ce territoire de l'indicible et, en surprenant l'isomorphisme de structure entre le poïein du scriptural et le poïein du pictural, l'auteur gagne brillamment son pari, en transcendant une antinomie par une démonstration magistralement menée, qui nous met finalement devant un couple antinomique de structures isomorphes. Cette démarche, très bien élaborée et qui aboutit à des résultats spectaculaires, enrichit à la fois l'exégèse de Michaux et la théorie d'une poïétique/poétique du scriptural et du pictural. (Irina MAVRODIN)

Monica Tilea propose une réflexion sur l'oeuvre de Michaux comme processus créateur. L'idée centrale de la thèse, c'est de récuser la lecture de l'oeuvre comme quête ontologique ou même spirituelle. Avec intelligence et sensibilité, justesse et subtilité, l'auteure  invite à envisager de façon simultanée l'expérience existentielle et l'expérience poétique, le phénomène introspectif, le phénomène perceptif et le phénomène inventif, et à montrer, à l'oeuvre dans les textes, la pensée de cette simultanéité. Contribution de qualité à la lecture de Michaux, ce travail de recherche, appliqué à un objet difficile, est extrêmement méritant. (Jean-Pierre MARTIN)