Essai
Nouvelle parution
M. Arnoux, Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (XIe-XIVe s.)

M. Arnoux, Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (XIe-XIVe s.)

Publié le par Marc Escola

Le temps des laboureurs - Travail, ordre social et croissance en Europe (XIe-XIVe siècle)
Mathieu Arnoux

DATE DE PARUTION : 03/10/12 EDITEUR : Albin Michel (Editions) COLLECTION : l'evolution de l'humanite ISBN : 978-2-226-20909-2 EAN : 9782226209092 PRÉSENTATION : Broché NB. DE PAGES : 374 p.


Du XIe au XIIIe siècle, l’Europe connut une longue période de croissance démographique et économique, et de développement dont témoignent encore aujourd’hui les paysages des campagnes, les villages et les villes. Longtemps objet des recherches des historiens de l’économie et de la société, cet épisode de croissance a cessé d’attirer l’attention des chercheurs, sans doute faute d’un modèle permettant de le décrire et de l’expliquer.

Reprenant une piste ouverte par Georges Duby, ce livre explore l’hypothèse selon laquelle cette croissance, qu’aucun changement technique n’accompagna, eut une cause sociale. La diffusion du modèle idéologique des trois ordres de la société, apparu au Xe siècle et qui s’imposa au cours du XIIe siècle dans les royaumes de France et d’Angleterre, est l’un des symptômes de ce changement qui, trois siècles durant, fit du travail aux champs une activité socialement et religieusement valorisée et du paysan une figure de la stabilité sociale et de l’honorabilité.

Une lecture attentive des sources contemporaines, littéraires en particulier, montre que ce mouvement profond, qui s’accompagna en particulier de la disparition définitive de l’esclavage dans le nord de l’Europe, ne fut pas le résultat harmonieux de la christianisation de la société européenne, mais plutôt le produit instable de la compétition sociale autour des profits de la croissance économique.

La crainte jamais apaisée des révoltes des paysans, sans cesse plus nombreux et mieux équipés, explique que la domination sociale de l’Église et des aristocraties se soit accommodée de la concession à la classe laborieuse de droits et de garanties, en particulier d’institutions visant à redistribuer dans les communautés paysannes des parts importantes des revenus du travail. Trois enquêtes sur la nature et le fonctionnement des dîmes, des marchés et des moulins permettent de montrer comment fonctionnait concrètement ce modèle économique où la croissance de l’offre du travail s’accompagnait de la garantie donnée aux laboureurs de participer à la consommation des biens qu’ils produisaient.

La grande crise qui secoua l’Europe à partir des années 1300 mit en grave difficulté ce modèle, qui conciliait de manière inattendue développement économique et inégalité sociale. La figure du paysan révolté se substitua alors à celle du paysan laborieux et pacifique, sans pour autant faire disparaître cette dernière.

Ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé d’histoire, Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (2001), membre senior de l’Institut universitaire de France (2008). Ses recherches portent sur l’histoire économique et sociale du Moyen Âge européen : France (Normandie en particulier), Italie, Angleterre. Il vient d’être élu membre du comité exécutif de l’Association internationale d’histoire économique.
Il est actuellement codirecteur de la revue Le Moyen Âge et dirige la collection « Évolution de l’Humanité »

 

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On peut lire sur le site laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage:

"L'histoire rendue aux travailleurs", par C. Chevandier.