Appel à contribution
Luce d’Eramo: une oeuvre plurielle à la croisée des savoirs et des cultures
Colloque international
Paris, 15, 16, 17 juin 2016
CIRCE (Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Culture des Échanges)
EA 3979 LECEMO
«Luce d’Eramo, essayiste et romancière italienne, combattait l’ordre établi». Ainsi titra le journal Le Monde dans sa rubrique nécrologique du 12 mars 2001. De cette figure intellectuelle, on se propose d’examiner l’oeuvre – pas seulement engagée – qui traverse de bout en bout la deuxième moitié du «siècle court», explorant avec une hardiesse et une lucidité rares l’«âge des extrêmes», dans un constant renouvellement des thèmes et des formes narratives.
Ce colloque, organisé à l’occasion de la célébration des quatre-vingt-dix ans de la naissance de Luce d’Eramo (Reims, 17 juin 1925), se propose d’interroger la pluralité et la polyvalence de son œuvre, dont le parcours biographique de l’auteur faisait se joindre plusieurs cultures et plusieurs langues, in primis la française et l’italienne.
L’adjectif extrême pourrait d’ailleurs caractériser sa production s’il est vrai qu’il désigne, par son étymologie, ce qui se trouve complètement à l’extérieur, en indiquant donc un mouvement de sortie de soi et d’exploration de l’autre. Les thèmes, la violence en particulier, mais bien d’autres aussi, sont abordés à la fois de tout près et de très loin. Car le mode d’approche récurrent de la romancière est la mobilité et l’art du déplacement: une totale immersion dans l’être de chacun de ses personnages, quel qu’il soit, et, en même temps, un regard posé sur soi et sur autrui depuis un ailleurs qui définit sa poétique (Io sono un’aliena). Cette disposition confère à la fois une forte unité et une indéniable originalité à ses romans qui apparaissent comme un instrument d’exploration de la raison des autres et de soi-même. La méthode est rationnelle: dépister le déjà vu, le déjà su, pour le dépasser et pénétrer l’impénétrable, comprendre l’incompréhensible. Cela définit une conception de l’œuvre narrative qui suscita engouements (Deviazione, vendu à plus de 800'000 exemplaires), mais aussi des rejets, entre autres parce que cette fonction conférée à la littérature remettait en cause, pour certains, la définition même de celle-ci.
Il découle de cette approche une conception du roman comme lieu d’intersection, d’entrecroisement entre savoirs et cultures différentes, entre le «je» et «l’autre», entre connu et inconnu, bref une posture épistémologique structurelle de toute son œuvre.
Ce premier colloque consacré à Luce d’Eramo par l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, entend explorer, dans une perspective pas seulement italienne, la dimension internationale et transdisciplinaire d’une œuvre à la croisée des savoirs et des cultures dont la poétique postule justement l’ouverture sur le(s) monde(s).
Le colloque se propose de décliner cette ouverture plurielle selon des axes divers et complémentaires: «l’esthétique de l’inconnu»; la dimension politique d’une vie et d’une œuvre inscrites dans leur temps; la dimension internationale de la biographie humaine et intellectuelle de Luce d’Eramo ainsi que les modalités de réception de son oeuvre; la nature transdisciplinaire de son écriture narrative.
Ce colloque est organisé avec la collaboration de l’Université de Rome «La Sapienza» où sont déposées les archives personnelles de Luce d’Eramo (Archivio del Novecento). Il est le premier volet d’un diptyque dont le second prévoit un colloque/retour à La Sapienza. Ce projet de recherche s’inscrit dans le cadre d’un Doctorat international crée récemment entre les deux universités.
Les propositions de communication (en français ou en italien, avec titre et résumé de 2000 signes environ), accompagnées d’un court CV, sont à adresser au plus tard le 15 février 2016 à:
maria-pia.dalembert@univ-paris3.fr
Comité d’organisation
Maria Pia De Paulis-Dalembert, Corinne Lucas-Fiorato, Ada Tosatti.
Comité scientifique
Maria Pia De Paulis-Dalembert (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Corinne Lucas-Fiorato (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Ada Tosatti (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3), Daniella Ambrosino (Università di Roma - Sapienza), Francesca Bernardini (Università di Roma - Sapienza), Cecilia Bello Minciacchi (Università di Roma - Sapienza).