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«Littératures d’outre-tombe: ouvrages posthumes et esthétiques contemporaines»

«Littératures d’outre-tombe: ouvrages posthumes et esthétiques contemporaines»

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Pierre-Luc Landry)

 

Appel à contribution

Dossier Salon double: «Littératures d’outre-tombe: ouvrages posthumes et esthétiques contemporaines»

 

Les exemples d’oeuvres posthumes sont multiples; ainsi, Ecce Homo de Friedrich Nietzsche, Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand, La mort heureuse d’Albert Camus et 2666 de Roberto Bolaño ont tous été publiés —et reconnus comme de grands textes— après la mort de leurs auteurs. Il convient de s’interroger sur cette pratique de publication et sur son impact sur les littératures actuelles, celles qui sont en train de se faire et dont la réception n’est pas encore fermée par un discours académique et institutionnel.

 

Salon double propose, à travers ce dossier, d’interroger les ouvrages publiés récemment de façon posthume. Peu importe l’année de la mort de leur auteur; ce qui nous intéresse, c’est de questionner l’inscription (ou non) de ces titres dans les littératures actuelles. À cet effet, tout texte —roman, recueil, essai, poésie, bande dessinée, correspondance, etc.— publié après la mort de son auteur et de manière assez récente pourra être l’objet des réflexions qui seront compilées dans ce dossier. Il est évident que ce type de publication pose problème pour quiconque s’intéresse aux littératures actuelles, et nous souhaitons, avec ce dossier, réfléchir à cette problématique particulière engendrée par la pratique de publication posthume.

 

 

Nous souhaitons orienter la réflexion sur la littérature posthume selon deux axes, qui sont les suivants:

 

Les contemporains malgré eux

 

Ce sont ces auteurs «d’une autre époque» dont des oeuvres ont été publiées récemment. Des auteurs qui jusqu’alors étaient inconnus, ou encore des écrivains lus, étudiés et commentés dont on publie un texte demeuré inédit. Il s’agira de questionner la pertinence d’une telle publication posthume et de se demander si cela va au-delà du simple geste de mise en valeur des archives de l’auteur. Il existe bel et bien certains titres qui étaient demeurés inédits en raison de la volonté de l’auteur mais que les ayants droit ont choisi de dépoussiérer et de publier quand même; dans d’autres cas, il s’agit plutôt d’oeuvres inachevées, que la mort de l’auteur est venue interrompre, ou d’oeuvres laissées de côté pour différentes raisons. Est-ce que les titres ainsi publiés font écho à certaines pratiques et esthétiques contemporaines? Se contentent-ils plus simplement d’offrir à un public déjà conquis un inédit de leur auteur préféré désormais mort? Ces oeuvres sont-elles anachroniques, des traces que l’on pourrait considérer comme des expansions de l’oeuvre déjà établie, ou sont-elles plutôt, véritablement, des ouvrages actuels, qui nous sont contemporains? Comment peut-on et doit-on recevoir ces textes? Comme des ouvrages anciens, presque intouchables en raison de la réputation de leur auteur, ou encore comme des textes qui nous côtoient et qui devraient dire quelque chose sur notre monde? Comment la publication d’un texte de manière posthume affecte-t-elle l’appréciation générale de l’oeuvre complète d’un auteur? Vient-elle, dans certains cas, bouleverser une cohérence qui faisait tenir ensemble tous les textes jusqu’alors? Il est intéressant de rappeler que Nietzsche lui-même avait la certitude d’être «né posthume»: est-il possible alors d’écrire de façon «prophétique», en s’adressant au futur? Peut-on être contemporain d’un peuple à venir?

 

Dans cette catégorie, on peut penser aux oeuvres récemment publiées d’auteurs comme Truman Capote, Jacques Lacan, Roland Barthes, Jack Kerouac, Fernando Pessoa, James Joyce, Anaïs Nin, J.R.R. Tolkien, Ernest Hemingway et bien d’autres encore.

 

Ultimement, la question qui se pose est la suivante: le fait d’être publié aujourd’hui suffit-il pour inscrire un texte dans la littérature contemporaine? Répondre oui à cette question sous-tend que ce serait l’acte de lecture qui crée le contemporain. À ce rythme, n’importe quel inédit découvert et publié à l’époque actuelle pourrait être considéré comme notre contemporain, peu importe qu’il ait été écrit au XIXe siècle ou par un auteur de la Grèce antique. On voit donc que le premier axe de ce dossier souhaite aller au-delà du simple recensement des oeuvres publiées récemment et dont l’auteur est mort; les textes qui seront retenus réfléchiront à ce qui fait (ou non) de ces exemples des oeuvres contemporaines. Qu’est-ce que cela signifie et qu’est-ce que cela implique, qu’on leur accole (ou pas) l’étiquette de littérature contemporaine?

 

 

Contemporains ET posthumes

 

Il existe un deuxième cas de figure qui concerne des auteurs qui nous sont contemporains et dont les textes ont été, pour une raison ou pour une autre, publiés après leur mort. Il peut s’agir de textes prolongeant l’oeuvre poétique ou romanesque de l’écrivain, ou encore d’archives mises au jour par une tierce personne: correspondances, journaux, carnets, etc. On questionnera ces textes sur la base de leur inscription non seulement dans l’oeuvre de l’auteur, mais aussi dans le vaste champ des publications récentes.

 

Dans cette catégorie, on peut penser aux oeuvres récemment publiées d’auteurs comme Guillaume Dustan, Roberto Bolaño, David Foster Wallace, Nelly Arcan, Stieg Larsson, Kurt Cobain (dont le journal a été publié en 2002), Marie Uguay, Huguette Gaulin, Josée Yvon, Angela Carter, Kurt Vonnegut, Primo Levi, Hubert Aquin, Hergé, Andrei Tarkovski, et plusieurs autres.

 

 

 

Les gens intéressés à proposer un texte réfléchissant à l’une ou l’autre de ces questions ou de ces auteurs —dont la liste que nous dressons n’est pas exhaustive—, s’inscrivant dans l’un ou l’autre des deux axes privilégiés, sont invités à contacter Pierre-Luc Landry, du comité de rédaction de Salon double, qui dirige le dossier.

 

Les propositions, d’un maximum de 300 mots, doivent être envoyées à l’adresse pierreluclandry.1@gmail.com avant le 30 octobre 2012. Les textes, qui devront compter entre 1000 et 3000 mots, seront à remettre au plus tard le 1er février 2013.