Agenda
Événements & colloques
Littérature numérique : pratiques d'écriture et de lecture

Littérature numérique : pratiques d'écriture et de lecture

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Litor)

Le Laboratoire Paragraphe
présente la journée d'étude

Littérature numérique : pratiques d'écriture et de lecture

le 20 octobre 2005 de 9h15 à 17h - Salle B106 à l'Université Paris 8 - Saint-Denis

organisée par Evelyne Broudoux, Philippe Bootz et Jean Clément

Depuis de plus de vingt ans, une production d’oeuvres à lire sur écran intègre les médias textuels, sonores et visuels dans un espace- temps dont la maitrise est quelquefois laissée au lecteur. En quoi se distingue-t-elle de la littérature imprimée ?

Différentes appellations ont donné à voir une diversification des pratiques littéraires informatiques (génération de textes, écriture hypertextuelle, poésie animée, net-art, art programmé). Dans quelle mesure ces pratiques renouvellent-elles des genres établis ? en définissent-elles de nouveaux ?

Quelles sont les caractéristiques esthétiques spécifiques aux œuvres de littérature numérique ? Il s’agira de montrer comment l’interactivité, l’intersémiotique des médias, l'interprétation sous forme de performances des textes littéraires numériques entrent en résonance pour faire oeuvre.

La prise en compte des critères techniques et communicationnels dans la constitution des oeuvres pourrait constituer une première catégorisation ; celles du design graphique, du récit filmique, du jeu interactif et de l’architecture virtuelle devraient apporter des indices pour constituer un classement. La littérature renouvelle les jeux de l’auteur et du lecteur. On peut se demander en quoi l’artefact technique communicationnel modifie-t-il les relations auteur/lecteur.
Si les contraintes techniques d’écriture formatent des formes spécifiques de lecture ou d'écriture, dans quelle mesure la question littéraire peut-elle encore être abordée uniquement à partir de son observable écranique ? Quelles sont alors les frontières de la littérature numérique avec les arts numériques ?

Entrée libre, les places étant limitées, la réservation est souhaitée.


PROGRAMME

Présentation de la journée,
Matin : Jean Clément (Université Paris 8 / Laboratoire Paragraphe)
Après-midi : Evelyne Broudoux (Université de Versailles-Saint-Quentin
/ Laboratoire Paragraphe - CHC)

Matinée : 9h15 - 12h30

Littérature en ligne, hypertexte et récit de voyage
Isabelle Escolin (Université de Nantes)

Résumé :
Le renvoi au néant des récits de voyage en ligne par un article récent du Monde des livres atteste d’un malaise devant le développement d’une pratique amateur, la multiplication de carnets et  de journaux de voyage au format numérique, destinés ou non à la  publication imprimée, qu’une forte émulation et un encouragement  institutionnel et éditorial appuyés accompagnent au titre de  l’appropriation par tous des outils de l’écriture multimédia. Le  genre viatique, caractérisé par une longue historicité (antérieure au  roman), un canon traversé par des tensions entre les pôles de  l’extériorité et de l’intériorité, est d’une littérarité incertaine : on peut tenir son appartenance au champ littéraire pour une décision du regard porté par le lecteur tout autant que de l’intention première de l’auteur-voyageur. De plus il porte en creux sa mise en cause par les écrivains : écriture d’un déplacement imaginaire (« voyage immobile ») ou réécriture plus fréquente qu’on ne le croit de fragments allographes. Nous montrons à partir d’exemples d’oeuvres adaptées de l’imprimé les liens privilégiés du récit de voyage avec l’hypertexte, puis nous déterminons quels éléments modéliser pour l’interprétation de récits de voyage créés par et pour le réseau, lesquels font appel à de nouveaux dispositifs de captation du réel, aux ressources de la numérisation, de la génération du texte et de l’image, de l’aléatoire, de la temporalité du réseau.
La question des possibilités du voyage lui-même et de son récit est posée depuis longtemps, notamment dans la thématique de la dérive situationniste. En cherchant quels sont les éléments de rupture et de continuité dans le changement de support, nous nous demanderons si ce genre réinvesti acquiert sur le réseau une autonomie esthétique.


Les récits interactifs sur le web
Serge Bouchardon (Université de Technologie de Compiègne)

Résumé :
L’expression « récit interactif » semble relever d’une contradiction: comment concilier narrativité et interactivité ? Parmi les récits interactifs, le récit littéraire, qu’il soit hypertextuel, cinétique, génératif ou collectif, en particulier sur cet espace ouvert et complexe qu’est le web, correspond par là même à un vaste champ d’expérimentation plus qu’à un genre autonome. Les auteurs s’efforcent ainsi d’exploiter le support numérique et le dispositif technique dans son ensemble à des fins narratives, en faisant appel à des procédés mêlant jeu sur les frontières, fictionalisation et réflexivité. Mais plus que dans la qualité des réalisations,
l’intérêt principal de ce type de récits réside dans sa valeur d’objet heuristique : le récit littéraire interactif permet d’interroger le récit dans son rapport au support, mais aussi d’interroger la littérature elle-même.


Prolègomènes à une méthodologie d'approche critique des oeuvres de littérature informatique Xavier Malbreil (Université de Toulouse)

Résumé :
L'infomatique a permis l'émergence d'un nouvelle littérature, après la littérature orale et la littérature écrite, une littérature de plus en plus éloignée du modèle du livre. Produite de façon tout à fait spécifique sur ordinateur, et ne pouvant être reçue que par le biais de cet appareillage, la littérature informatique a déjà une histoire, un public, certes restreint mais exigeant, elle mérite également une approche critique méthodologique - afin tout à la fois d'en faciliter l'accès au grand public, et de pouvoir en rendre compte dans les meilleures conditions. Le travail de recherche présenté ici est basé sur des cas précis d'analyse d'oeuvres de littérature informatique. Comment des lecteurs au fait de procédures et de modes de création informatiques peuvent-ils appréhender ces objets esthétiques nouveaux, et peut-on dégager peu à peu une méthodologie d'approche critique des oeuvres de littérature informatique? L'oeuvre de littérature informatique, parce qu'elle repose sur l'actualisation d'un fichier numérique, et que sa visualisation ne sera jamais tout à fait identique, peut-elle faire l'objet d'une critique méthodologique?


L'intention de l'auteur littéraire numérique
Evelyne Broudoux (Université de Versailles-Saint-Quentin)

Résumé :
Cette communication présente un travail sur l'intention d'auteur dans la réception des travaux de littérature numérique. Les notions de "paratexte" et "architexte" sont-elles viables pour aborder ce problème ? Sera présenté et soumis à discussion un questionnaire à destination d'étudiants à partir d'oeuvres représentatives de genres existants sur le web ou sur cd-rom.

Aprés-midi : 14h - 17h

Poésie sans lecture
Philippe Bootz (Université de Paris8)

Résumé :
L'évolution générale de la poésie au XXe siècle l'a progressivement éloignée de la littérature pour la transformer en un art sémiotique général. Elle traite spécifiquement de la question du signe dans l'environnement social et technique. Elle en interroge les 3 pôles : sa nature sémiotique, la relation qu'il entretient avec le producteur du stimulus et celle qu'il a avec celui qui décide de lui attribuer un sens, qui l'érige en signe. Dans un médium programmatique, le signe devient performatif. Il acquiert de nouvelles propriétés dont la principale est la dualité : un signe programmatique ne peut  exister sans le signe observable qu'il produit mais ces deux signes sont fondamentalement différents. Dès lors, la question de l'adressage d'un tel signe et celle de sa réception doivent être traitées selon des approches non standards. Pour qui est-ce un signe ? quel signe est destiné au lecteur ? Dans une telle situation, il est tout à fait possible de construire des oeuvres pour lesquelles  les caractères sémiotiques et esthétiques profonds ne sont plus accessibles à la lecture : la lecture devient une activité limitée qui échoue à connaître l'oeuvre. Un nouvel acteur s'impose dans la création du sens : le méta-lecteur. L'intervention présentera la   façon dont s'insère ce rôle dans le dispositif de certaines oeuvres et présentera quelques exemples d'oeuvres qui fonctionnent sur la méta-lecture.


Le «poème-colonie»
Alexandre Gherban (Transitoire Observable)

Résumé:
Le «poème-colonie», commencé vers 2000, est nourri tant par les développements divers de la poésie sonore, visuelle et numérique au cours de l’histoire que par le champs de la vie artificielle, aux diverses simulations de laquelle je me suis intéressé en tant qu’artiste. Le terme «poème» inscrit donc cette forme dans le champs de la poésie numérique tandis que le mot «colonie» y ajouté signale le pont technique que des moyens formels utilisés établissent avec certaines idées provenant de ce domaine de la techno-science. Ma volonté de séparer le travail artistique des applications où le laboratoire est trop présent est constante, et maintenir l’attention orientée vers un ensemble modulaire qui n’est nullement une simulation du vivant mais une recherche ( la mienne) engagée dans le domaine des formes numériques est une priorité. Il est une évidence aujourd'hui que des techniques voisines, comme celles appartenant à la vie artificielle par exemple, peuvent nourrir de façon constructive une recherche esthétique. Néanmoins, le travail déterminant se fait sur le terrain de la forme artistiquement pertinente. L’idée de comportements que possèdent les divers éléments qui composent les modules, et les réactions au voisinage de tous les
éléments qui composent ces modules est centrale pour cet ensemble «poème-colonie». Un tel ensemble, où les éléments textuels participant d’une forme poétique numérique soient capable de manifester une toute relative «autonomie» de comportements (mouvements et réactions réciproques), et oscillent entre une polarisation sémantique simulée (un champ positif d’action textuelle numérique ) et son contraire (l’orbitation autour d’une transformation/dé-générativité sémantique créant sa propre dynamique) était le centre de mes préoccupations lors du travail à ce «poème-colonie».


De l'hypertexte à l'hyperfiction
Jean-Pierre Balpe (Poète-chercheur blogueur)

Résumé :
Sur Internet, la littérature se cherche encore, les nombreuses tentatives d'écriture qui s'y sont manifestées jusque là «écriture hypertextuelle, écriture dynamique, e-poetry, etc.» explorent toutes quelques uns des aspects techniques particuliers du réseau. D'autres possibilités existent qui ne sont pas encore exploitées par la littérature. Aussi, depuis l'été 2005, je mène une expérience littéraire s'efforçant d'installer sur le réseau une autre forme de littérature dispersée dans l'espace, jouant sur les données, exploitant les capacités des moteurs de recherche, que je nomme HyperFiction. C'est de cela qu'il sera question dans cette
présentation.


Accès et transports :

Salle B106 de l'Université Paris 8
2, rue de la Liberté
93526 Saint-Denis
Tél. 01 49 40 67 89

Par le métro :
" SAINT DENIS UNIVERSITE " Ligne 13
L'université est en face de la sortie du métro.

Par la route :
De Paris : autoroute A 1 (dite du Nord) à la Porte de la Chapelle, sortie No 3 direction St-Denis Universités - Pierrefitte ; après le 4e feu tricolore, tourner à droite dans la 2e rue, direction Stains - St-Denis Universités - Vélodrome De Lille : autoroute A1, sortie St-Denis, puis sortie St-Denis Universités - Pierrefitte-Villetaneuse De Beauvais : Nationale 1, sortie St-Denis -
Université