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Littérature et trauma (Paris 3 Sorbonne nouvelle)

Littérature et trauma (Paris 3 Sorbonne nouvelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Tiphaine Pocquet)

Littérature et trauma

À la suite du colloque international de décembre 2018, une journée de discussion, ouverte à tous, aura lieu le 21 juin 2019 pour prolonger les échanges.

Hélène Merlin-Kajman lancera la réflexion à partir d’une synthèse des textes du colloque publiés sur le site de Transitions : http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/intensites/litterature-et-trauma/sommaire-general-de-litterature-et-trauma

Évènement organisé par Hélène Merlin-Kajman (Université Paris III), avec Tiphaine Pocquet

Le vendredi 21 juin 2019, de 9h à 18h, Université Paris III, Sorbonne Nouvelle, (salle Las Vergnas)

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L’argument tel qu’il avait été proposé en décembre :

"« Littérature et trauma » : un tel sujet de colloque, presque impensable en France il y a une vingtaine d’années, est devenu banal. Le traumatisme présente désormais dans nos discours, dans notre regard sur le monde, un caractère d’évidence qu’il ne présentait pas il y a encore une vingtaine d’années. Programmant notre immédiate sympathie pour ses victimes, il organise le jugement moral que nous portons sur bon nombre d’actions et oriente un nombre croissant de nos conduites. Récemment, il s’est même imposé dans l’enseignement à travers la pratique du trigger warning, par laquelle les enseignants ont le devoir d’avertir les élèves des contenus de cours susceptibles de les blesser en leur rappelant un traumatisme qu’ils pourraient avoir subi. Mais à un tout autre niveau d’interrogation, il est également central dans la réflexion que, depuis sa création en 2010, le mouvement Transitions mène sur la littérature et sa transmission, comme la référence implicite à Winnicott le souligne.

Notre colloque voudrait essayer de jeter un peu de lumière sur ces nouvelles préoccupations politiques, critiques, pédagogiques. L’idée est de faire dialoguer deux savoirs directement concernés par elles, la psychanalyse d’un côté, la théorie et l’histoire littéraires de l’autre, savoirs dont la proximité n’est pas à démontrer et dont les pratiques, aussi différents que puissent être leurs buts, n’en ont pas moins un air de famille souvent souligné par les chercheurs.

Mais d’abord, de quoi parle-t-on au juste quand on parle de « trauma » et de « traumatisme » ? De l’événement extérieur qui frappe le sujet, ou de l’effet produit par cet événement sur son psychisme ? Les deux notions ont en effet évolué ensemble sous l’effet d’une double généalogie, psychiatrique et psychanalytique d’un côté, sociale et juridique de l’autre, pour finir aspirées par le lieu commun actuel qui fait du « traumatisme » un «  fait anthropologique majeur » du monde contemporain et son « nouveau langage de l’événement » (Didier Fassin et Richard Rechtman, L’Empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, 2007).

Nous nous proposons d’élargir résolument la question en revenant, aussi précisément que possible, à la définition psychanalytique du « trauma », aux débats qu’elle suscite et à leurs enjeux quant à la définition de la cure (transfert, écoute, parole du patient, interprétation…). Ces débats sont en effet, sinon transposables dans le domaine de la recherche et de l’enseignement littéraires, du moins très éclairants pour certaines difficultés théoriques et sur certains désaccords concernant la définition même de la littérature.

Même si ce colloque est d’abord un colloque sur la littérature, nous parions donc que le dialogue entre les deux savoirs, à condition de n’en mettre aucun en position de surplomb, peut enrichir les pratiques des uns et des autres en mettant en commun un certain nombre de questions : qu’est-ce qu’un contact de parole ? quel genre d’autre, quel genre de lien sont, concrètement, porteurs, soignants, aidants (on pourra envisager d’autres termes) ? Comment comprendre l’altérité de tel ou tel texte, comment nommer les effets qui en résultent : plaisir, transport, enthousiasme, horreur, pitié, identification, séduction, intrusion, empathie, fusion, distance critique, impassibilité, effraction, etc. ? Comment accueille-t-on en soi une parole, un texte, à partir de quel postulat de départ sur leur fonction linguistique, sur leur geste d’adresse, sur l’espace de leur destination ? Comment se relie-t-on à eux et pourquoi faire ? Comment leur répond-on ? Comment les ré-adresse-t-on ?" — Hélène Merlin-Kajman