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Événements & colloques

"Littérature et énergie", Séminaire Modernités (Equipe TELEM, Université Bordeaux Montaigne)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Eric BENOIT)

 

Séminaire de l’Équipe TELEM (Centre Modernités)

Ouvert à l’offre de formation de l’École Doctorale

Université Bordeaux Montaigne

Séminaire 2019-2020

Littérature et énergie

Le Séminaire de cette année 2019-2020 prendra la forme d’un séminaire de synthèse des travaux des quatre dernières années consacrées à l’énergie dans la literature (littérature française et littératures étrangères). La notion d’énergie est en effet particulièrement opératoire pour l’étude de la littérature des trois derniers siècles. C’est une notion carrefour, centrale, polyvalente, qui se retrouve dans plusieurs domaines : théologique, rhétorique, linguistique, scientifique, épistémologique, psychologique, éthique, esthétique, musical et littéraire.

Nous aborderons l’énergie littéraire successivement par le biais de l’écriture et par le biais de la lecture.

Du côté de l’écriture tout d’abord : l’idée d’énergie sera envisagée à la fois dans son versant thématique, dans son versant méta-littéraire (l’énergie créatrice), et dans son versant formel (stylistique). Le XVIIIe siècle sera un nécessaire point de départ pour la construction de la notion même d’énergie, avec notamment l’œuvre de Diderot (qui permet d’ailleurs des ouvertures vers le théâtre et d’autres arts comme la peinture). Le XIXe siècle a été à son tour traversé par les problématiques de l’énergie : chez W. von Humboldt (la conception du langage comme energeia), Balzac (par exemple l’épuisement de l’énergie vitale dans La Peau de chagrin), Hugo (l’énergie créatrice du « génie » dans William Shakespeare), Mallarmé (le drame solaire sous toutes ses formes), Zola (comme l’a montré le livre de Michel Serres sur Zola), le premier Claudel (Tête d’or)… Au XXe siècle, la pensée de Bergson a donné à l’idée de l’énergie créatrice une place cruciale dans la réflexion esthétique ; puis la réception de Nietzsche a orienté une part des questions liées à l’énergie : c’est le cas par exemple dans l’œuvre de Bataille (La Notion de dépense, La Part maudite, L’Économie à la mesure de l’univers, où l’on voit que le domaine économique interfère aussi avec la question de l’énergie), mais aussi dans l’œuvre de Sollers. La périodisation des problématiques de l’énergie dans l’esthétique des trois derniers siècles prendra aussi en compte les modèles scientifiques et épistémologiques dominants de ces époques (la thermodynamique au XIXe siècle, avec la question de la conservation ou de la dépense de l’énergie ; la relativité et la physique quantique au XXe siècle, avec le problème de l’énergie destructrice de la bombe atomique), modèles qui affectent et informent les représentations artistiques et littéraires de leurs temps.

Du côté de la lecture ensuite : nous nous pencherons particulièrement sur des œuvres littéraires qui thématisent ou théorisent ou impliquent une énergétique de la lecture. Quelles nouveautés la modernité littéraire a-t-elle apportées à la lecture et à la réception en termes d’énergie ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Le tournant pragmatique qui s’est développé dans les études littéraires depuis les années 1980 (Ricoeur, Vincent Jouve, Yves Citton, Marielle Macé, Hélène Merlin-Kajman…) nous a rendus sensibles aux effets éthiques et existentiels des textes dans la vie même des lecteurs. Notre réflexion intégrera aussi les effets historiques et politiques de la littérature des trois derniers siècles : comment la lecture peut-elle entraîner une mise en acte, une mise en action (une energeia) ? Nous nous interrogerons sur l’énergie psychique investie dans l’acte de lecture, sur le statut de l’émotion impliquée dans cette énergie, sur la part de la contrainte du texte et la part de la liberté du lecteur. Notre réflexion pourra s’aider d’une approche psychanalytique, mais aussi des apports des neurosciences. Nous nous demanderons en quoi l’énergie suscitée par les textes littéraires en leurs récepteurs diffère de celle que peuvent susciter des textes politiques, idéologiques, religieux.

Eric BENOIT

                Le séminaire commencera le vendredi 4 octobre 2019 à 13H30.

Calendrier du Séminaire TELEM-Modernités 2019-2020 « Littérature et énergie »

Vendredi, 13H30-15H30, Université Bordeaux Montaigne,  salle i003

Vendredi 4 octobre : Introduction du Séminaire. Étymologie, rhétorique, linguistique.

Vendredi 11 octobre : Lumières, Révolution, Romantisme (Diderot, Sade, Blake, Faust, Hugo).

Vendredi 18 octobre : Variations thermodynamiques 1 (Balzac, Carnot, L'Or du Rhin).

Vendredi 15 novembre : Variations thermodynamiques 2 (Baudelaire, Mallarmé, mythes solaires, Rimbaud, Tête d’or, Zola).

Vendredi 22 novembre : Variations thermodynamiques 3 (Verne, Jarry, Freud). - Élan vital, début (Ostwald).

Vendredi 29 novembre : Elan vital, suite (Bergson, Péguy, Teilhard).

Vendredi 6 décembre : Pulsions et dépenses (futurisme, surréalisme, Bataille, Jouve).

Vendredi 13 décembre : Âge nucléaire (Beckett, Deleuze, Sollers, Houellebecq...).

Vendredi 31 janvier : L’énergie dans la conception de la lecture selon quelques écrivains, 1.

Vendredi 7 février : L’énergie dans la conception de la lecture selon quelques écrivains, 2.

Vendredi 14 février : L’énergie dans la conception de la lecture selon quelques écrivains, 3.

      Sur le tournant pragmatique des théories de la lecture et de la reception (début).

Vendredi 6 mars : Sur le tournant pragmatique des théories de la lecture et de la réception (suite).

Vendredi 13 mars : L’energeia de la lecture: une problématique théologico-politique et littéraire.

Vendredi 3 avril : Journée d’étude, à confirmer.