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Littérature et consolation

Littérature et consolation

Publié le par Alexandre Gefen (Source : E. Poulain-Gautret)


Université d'Artois – Textes et Cultures (EA 4028 - dir. : F. Marcoin)

 

Colloque « Littérature et consolation » (org. : E . Poulain-Gautret)

 

 

 

 

Entre 1960 et 1970, à travers plusieurs articles, Umberto Eco étudiait la littérature populaire et revenait à cette occasion sur la mission consolatrice de la littérature, en réinterprétant notamment ainsi la catharsis aristotélicienne. De fait, si la littérature populaire se prête particulièrement bien à ce programme « consolateur », c'est toute la littérature qui peut être analysée en ce sens – les manuels scolaires de dissertation ont un temps accumulé les citations d'auteurs à ce sujet[1]. Ainsi, c'est non seulement à la littérature populaire (où le processus est sans doute le plus visible et le plus fondateur) mais également à toute la littérature – y compris d'ailleurs la moins « consolatrice » de prime abord, que l'on pense à la citation de Kafka – que l'on appliquera l'étude, en s'en tenant néanmoins à la littérature narrative (et notamment au fonctionnement spécifique du roman, par essence moins « rassurant » que le mythe), autour de trois axes de réflexion :

 

- la forme : quels sont les procédés formels (structure d'ensemble, instance narrative, rythmes, style en général) les plus propres à cet effet ? On s'interrogera par exemple sur l'usage de la variation et de la répétition, mais l'on pourra également examiner la place qui peut être accordée à l'humour, ou inversement au pathétique.

 

- le héros : le héros consolateur est-il celui à qui l'on s'identifie (comment fonctionne par exemple l'identification au super-héros ?) ou au contraire celui dont l'altérité (ou les malheurs) nous soulagent ?

 

- l'idéologie : à propos de la littérature populaire, U. Eco emploie le terme de « démagogique » – elle est également souvent qualifiée de réactionnaire – ce qui incite à interroger le lien établi entre consolation et politique (y compris sur le plan diachronique, en abordant les variations du besoin selon les périodes historiques), et la posture adoptée par l'auteur : quels sont les objectifs (affichés, inconscients) de son texte, tant à son propre usage qu'à celui des lecteurs, voire à celui d'éventuels commanditaires ?

 

Obliquement, il s'agira donc également d'aborder en partie la question du plaisir du texte.

 

Les communications pourront porter sur la littérature narrative dans son ensemble, « grande littérature » (sans omettre des textes a priori peu « consolateurs », qui offrent l‘intérêt du paradoxe et donc d'angles différents) comme littérature populaire – française et étrangère (y a-t-il des invariants, universels ?), mais aussi littérature de jeunesse, dont un pan important remplit les mêmes fonctions (avec quelle spécificité ?). Ponctuellement, on pourra ouvrir la comparaison avec d'autres arts (peinture, musique), puisqu'il s'agit là d'une question qui concerne l'art en général.

 

 


Programme

 

 

Jeudi 21 janvier

 

 

9h : Accueil des participants

 

 

Matinée (Présidence : D. Couegnas)

 

 

9h30 – 10h : Introduction : F. Marcoin (Université d'Artois)

 

 

10h – 10h30 : J. Migozzi (Université de Limoges) : Etat des lieux théorique, historique et méthodologique

 

Pause café

 

 

11h – 11h30 : F. Suard (Université Paris X Nanterre) : Influence au Moyen Age du De consolatione de Boèce

 

 

11h30 – 12h : J-M Vercruysse (Université d'Artois) : Quand la Consolation latine se drape dans un voile chrétien... chez Cyprien de Carthage et Paulin de Nole

 

Repas

 

 

Après-midi (Présidence : F. Suard)

 

 

14h – 14h30 : P. Moran (Université Paris IV) : La mort du héros récurrent : rappel au principe de réalité ou ultime consolation ? Du Lancelot-Graal à la paralittérature contemporaine

 

 

14h30 – 15h : C. Roussel (Université de Clermont-Ferrand): Le chagrin et la pitié dans les dernières chansons de geste

 

 

15h30 – 16h : N. Cremona (Université Paris III) : Les histoires tragiques (Poissenot)

 

 

16h – 16h30 : B. Gendrel (Université de Tours) : Le miroir ou le rêve : deux exemples de consolation romanesque chez Jacques Vingtras

 

 

 

Vendredi 22 janvier

 

 

Matinée (Présidence : J. Migozzi)

 

 

9h – 9h30 : D Couegnas (Université de Nantes) : Dénouement romanesque et consolation

 

 

9h30 – 10h : N. Jaeck (Université de Bordeaux) : La consolation et le roman populaire britannique: les cas ambigus de Charles Dickens et de Conan Doyle.

 

Pause café

 

 

10h30 – 11h : M. Petit (Anthropologue, CNRS) : L'expérience du lecteur « lointain » (lectures en Amérique du Sud)

 

 

11h – 11h30 : C-H Joubert (compositeur, ancien directeur de l'Institut de Pédagogie Musicale et Chorégraphique de la Villette) : "Assurément, la musique n'est pas capable de consoler" (Philodème de Gadara, philosophe épicurien)

 

 

Repas et bilan

 


[1] Pour le plaisir, rappelons les célèbres « Les lettres nourrissent l'âme, la rectifient, la consolent » (Voltaire) et « Il n'est pas de chagrin dont une heure de lecture ne m'ait consolé » (Montesquieu), sans oublier Kafka (« Etrange, mystérieuse consolation donnée par la littérature, dangereuse peut-être, peut-être libératrice »)…