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Lire pour écrire.

Lire pour écrire.

Publié le par Marc Escola

Université Saint-Joseph — Beyrouth
Faculté des lettres et des sciences humaines

Lire pour écrire. Une nouvelle finalité pour l'enseignement de la littérature ?


Colloque organisé par le Département de lettres françaises,
en partenariat avec Fabula.org
18 et 19 décembre 2008


Programme


Jeudi 18 décembre

Ouverture : 9h30-10h
Mot de Charif Majdalani, Professeur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l'Université Saint-Joseph, écrivain, responsable du Master « Métiers du livre ».
Mot de Jarjoura Hardane, Doyen de la Faculté des lettres et des Sciences humaines.
Mot du RP. René Chamussy, Recteur de l'Université Saint-Joseph

Séance 1 : 10h-11h15
Modérateur : M. Charif Majdalani
Sophie Rabau
Maître de conférences à l'Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3
et
Marc Escola
Professeur à l'Université de Vincennes-Saint-Denis - Paris 8
Théorie des textes possibles: commentaire & réécriture.

Notre double intervention, qui fera état des recherches menées dans les séminaires tenus ces dernières années à l'USJ (sur Manon Lescaut, l'épisode de Circé dans l'Odyssée, Le Misanthrope) proposera une réflexion théorique sur la notion de variante, en tentant de promouvoir de nouveaux gestes critiques, et peut-être une nouvelle façon d'écrire sur la littérature qui conjugue au plus près interventions hypertextuelles et pratique métatextuelle : commenter en récrivant, récrire pour commenter, et dans les deux cas, délivrer dans la lettre fixe du texte réel un éventail de textes possibles.

Pause : 11h15-11h45

Séance 2 : 11h45-13h
Modérateur : Nayla Tamraz
Maxime Abolgassemi
Docteur en littérature française et comparée, agrégé de lettres modernes, professeur en classes préparatoires au Lycée Chateaubriand de Rennes
« Tu toqueras à ma porte » :
l'écriture d'invention au lycée : lire / écrire la poésie

Dans le cadre d'une discussion autour des enjeux de l'exercice « d'écriture d'invention » introduit dans le secondaire depuis 1999, nous prendrons l'exemple de la poésie. Envisagée souvent comme le lieu par excellence de la virtuosité verbale, c'est le genre estimé à tort élitiste et très éloigné des élèves promus par le collège unique, trop invisible aux yeux du grand public comme expression vivante et peu susceptible donc d'être jamais lue spontanément par l'immense majorité d'une classe. C'est pourtant par cet « objet d'étude » que l'exercice d'invention se révèle particulièrement précieux pour provoquer une rencontre nouvelle entre les élèves et la littérature ; entre la lecture et l'écriture.

Gisèle Mourad
Professeur de lettres
Réécrire l'argumentation : de l'aptitude scripturale à la formation citoyenne

L'écriture argumentative continue à se tailler une place de choix dans les Ecrits d'invention du lycée. Il importe plus que jamais de maîtriser l'argumentation et l'art qui en traite, la rhétorique. D'autant plus que cette dernière, par- delà un savoir-faire scriptural, fonde un art d'être au monde et avec autrui.



Séance 3 : 15h-16h30
Modérateur : Alexandre Gefen
Georgia Makhlouf
Docteur en Sciences de l'information et de la communication, enseignante et animatrice d'ateliers d'écriture et écrivain.
Lire et se lire pour écrire : l'apport des ateliers d'écriture

Cette intervention se propose de montrer de quelle(s) manière(s) l'atelier d'écriture articule lecture et écriture qui sont comme les deux faces d'une même réalité. Que ce soit à travers la notion d'intertextualité, celle de contrainte chère aux oulipiens ou par le fonctionnement même de la « proposition » qui vise à mettre l'écriture en mouvement à partir d'un texte (ou de plusieurs textes mis en relation) posé(s) là comme une ouverture, une invitation au voyage, un appel à la créativité. Elle montrera également comment la pratique de l'atelier transforme les façons de lire et de se lire.

Liliane Sweydane
Professeur à l'Université libanaise, chargée d'enseignement à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth
Des Ateliers d'écriture pour tous: un pari novateur.
L'exemple de François Bon

Réflexions sur une expérience personnelle : les ateliers d'écriture à l'université, et un coup de coeur : les oeuvres de l'écrivain François Bon, fruit des ateliers qu'il a animés avec des personnes en situation précaire ou encore à l'intérieur d'une prison.
Quelles sont les démarches et enjeux de ces Ateliers a priori si différents, et quel rapport à la littérature et à son enseignement en résulte?

Vendredi 19 décembre

Séance 1 : 9h30-11h15
Modérateur : Maxime Abolgassemi
Alexandre Gefen
Maître de conférences à l'Université Michel de Montaigne- Bordeaux 3
L'oeuvre ouverte : archéologie et actualité d'un rêve théorique

Cette intervention portera sur la genèse de la notion "oeuvre ouverte" (Eco) ou d'oeuvre "scriptible" (Barthes) et tentera d'en cartographier les différentes formulations dans le champ contemporain : de l'incomplétude herméneutique des récits post-modernes aux oeuvres combinatoire ou aux romans hypertextes où lecteur et écrivain échangent leurs rôles.


Mireille Issa
Professeur Assistant à l'Université Saint-Esprit de Kaslik.
Le réécriture du patrimoine gréco-latin dans les Essais de Montaigne

Si la dynamique de l'Humanisme amorcée dès le XIVe siècle prescrit le retour enthousiaste des belles-lettres à l'Antiquité, la monumentale oeuvre de Montaigne contribue de son côté à transformer le puisé rhétorique en nouvelle tradition. Mon intervention consistera d'abord à expliquer comment se fait l'adaptation de l'antiquité littéraire dans un contexte humaniste du XVIe siècle, à en évaluer l'ampleur, à pouvoir dégager, si possible, «une structure argumentative» propre à Montaigne, et à commenter notamment les moyens que ce dernier préconise en pédagogue, pour une meilleure intelligence des sensibilités universelles véhiculées par l'antique patrimoine.

Nayla Tamraz
Professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth
Pour une poétique de l'interpicturalité

L' « ut pictura poesis » d'Horace orientera ce propos qui voudrait revenir sur la tradition rhétorique de l'imitation définie par Aristote comme une tendance nouvelle favorisant l'apprentissage, pour l'étendre au domaine de l'écriture, mais également de la peinture, de telle sorte que « la peinture comme l'écriture » auraient pour vocation d'imiter le monde et ses multiples représentations (livres et tableaux). Il s'agira de montrer alors comment, par un effet de transitivité, l'écriture se trouve aussi amenée à imiter la peinture, ce dont témoigne notamment l'exercice de l'ekphrasis. Cette communication aura donc pour objet de faire le point sur une rhétorique de l'image dont on verrait les effets sur le texte, et de définir, en se servant des concepts opératoires de l'intertextualité, une « interpicturalité » servant de fondement à l'écriture d'invention.

Pause : 11h15-11h45

Table ronde : 11h45-13h
Animatrice : Sophie Rabau

Les écrivains lisent-ils pour écrire

Avec: Olivia Rosenthal, Maître de conférences à l'Université de Vincennes-Saint-Denis - Paris 8 et écrivain,

Rachid el Daïf, Professeur à l'Université libanaise et écrivain,

Charif Majdalani, professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth et écrivain


Il convient de lire ce qu'on écrit les anciens : on en retire non seulement de la matière pour le sujet que l'on veut traiter mais aussi un sentiment d'émulation devant les particularités du style. » Cette recommandation lancée par Denys d'Halicarnasse aux apprentis écrivains au premier siècle avant Jésus-Christ a-t-elle encore un sens au début du 21ème siècle ? Ecrire, faire oeuvre d'écrivain est-ce forcément avoir lu et arrive-t-il que l'on puisse lire avec l'unique intention d'en tirer matière et style pour l'écriture? Dans ce cas comment la lecture intervient-elle exactement au moment de la création ? Au contraire, existe-t-il une solution de continuité entre le moment de la lecture et celui de l'écriture ? Serait-ce en écrivant, et non pas en lisant, que l'on apprend à écrire ?