Linguistica Antverpiensia New Series – Themes in Translation Studies 9/2010 : "Translating Irony"
Edited by Katrien Lievois & Pierre Schoentjes
- introduction
- table of contents/ sommaire
- EAN 9789054878292.
Sommaire :
Introduction - Traduire l’ironie (http://www.lans-tts.be/docs/lans9-2010-intro.pdf)
July De Wilde
The analysis of translated literary irony: Some methodological issues
Rossella Pugliese
Ironie als interkultureller Stolperstein – Grass´ Beim Häuten der Zwiebel im Spiegel der italienischen Übersetzung
Diana Coromines i Calders
A proposed methodology for analysing the translation of prose fiction texts with a narratively bound ironic component
Eszter Etelka Valyon
Traduire l’ironie des rongeurs : fonction et efficacité rhétorique et aspects rhétorico-pragmatiques de la traduction du discours
ironique des rats fabuleux de La Fontaine
Daniel Linder
Translating irony in popular fiction: Dashiell Hammett’s The Maltese Falcon
Seija Haapakoski
Translating children’s literature: Additions as an aid to understanding irony
Maria Constantinou
Transposer l’ironie théâtrale dans la langue de l’Autre. Le cas de La Cantatrice chauve d’Ionesco en grec
Charlotte Loriot
De la Béatrice française à la Béatrice allemande de Richard Pohl : traductions interlinguistique et intersémiotique
David Martens
Au miroir de la pseudo-traduction. Ironisation du traduire et traduction de l’ironie
Marella Feltrin-Morris
The stuff irony is made of: Translators as scholars
***
Claude-Pierre Pérez propose aux lecteurs de fabula une note de lecture à propos de cet ouvrage.
On ne manque pas d’études, Dieu sait, sur le phénomène (ou les phénomènes) que désigne oecuméniquement le mot ironie. C’est au point qu’un colloque aujourd’hui en ligne sur Fabula a pu, il y a peu d’années, se donner pour titre « Hégémonie de l’ironie ». Le succès d’un mot peut finir par le rendre superflu. Si tout est ironique –et on est allé jusqu’à prétendre qu’ironie et littérarité étaient au fond une même chose– la catégorie ne risque-t-elle pas de devenir trop large ? Alors l’ironie, de nouveau? Vraiment ? Est-ce qu’après tant de travaux remarquables (au premier rang desquels ceux de Pierre Schoentjes, l’un des éditeurs de ce recueil) il est encore nécessaire d’y revenir ?
Ce volume (qui est trilingue : français, anglais, allemand) fait l’hypothèse qu’il peut être fructueux d’insister, en envisageant la question d’un point de vue très particulier : le point de vue des traducteurs. Il existe très peu d’études consacrées spécifiquement à la traduction de l’ironie, mais dès que le sujet vient à être abordé, la difficulté posée par la traduction des textes ironiques est presque immanquablement signalée. L’ironie, écrit un des contributeurs, serait « rétive à la traduction ». Certains n’hésitent pas à parler de son « intraduisabilité», qui tient à deux ensembles de raisons : d’abord, le fort ancrage culturel de ce type de phénomènes, et, par conséquent, les transpositions que sa traduction peut parfois exiger ; ensuite (et cette seconde raison n’est pas sans rapport avec la précédente) le fait que la question des valeurs intervient fatalement aussitôt que l’ironie entre en jeu. Or rien, on le sait, n’est changeant comme les valeurs. Les deux éditeurs de Translating Irony, qui co-signent l’introduction, ne croient pas, toutefois, que l’ironie serait intraduisible, et les faits leur donnent raison : l’ironie de Swift, de Borges ou de Nabokov n’a jamais empêché de traduire Gulliver, l’Aleph ou Lolita, et cela avec bonheur, si l’on en juge par le succès que ces auteurs (et bien d’autres) ont connu à l’extérieur de leur zone linguistique d’origine.
Le numéro se situe donc essentiellement, on le voit, dans le cadre de la traductologie littéraire. Il exclut (entre autres) la traduction audiovisuelle et l’interprétation. Mais à l’intérieur du domaine choisi, la diversité est grande : le volume anversois s’intéresse aux oeuvres du canon littéraire (La Fontaine, Ionesco, Gunther Grass…), à celles de la littérature dite populaire (Dashiell Hammett), à la littérature enfantine, et même à l’Opéra (Béatrice et Benedict de Berlioz), et même aux pseudo-traductions (comme on en trouve chez Mérimée ou chez Queneau) qui ont le mérite d’exposer certaines des propriétés spécifiques du genre de textes considéré. Et y a-t-il rien de plus ironique, aux yeux du lecteur averti, que les contresens et les erreurs d’interprétation ?
Plusieurs des études réunies ici par Karin Lievois et Pierre Schoentjes se consacrent à des questions d’ordre méthodologique : vaut-il mieux étudier l’ironie au niveau phrastique ou au niveau de l’oeuvre entière ? qu’en est-il de « l’intention » ironique ? comment répartir les rôles, dans la manifestation de l’ironie, entre l’auteur et l’interprète ? faut-il préférer une approche « dynamique » (l’ironie en ce cas « survient » plus qu’elle « n’existe ») ?
Chacun de ces articles est suivi d’une abondante bibliographie. En refermant le volume, dont la diversité ne contredit pas la cohérence, le lecteur se dit que cela valait la peine en effet d’y revenir.