Questions de société
Lettre ouverte des présidents d'universités sur les dotation budgétaires 2009.

Lettre ouverte des présidents d'universités sur les dotation budgétaires 2009.

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

Premiers budgets d'université en baisse : vous pouvez lire sur le site de SLU les COURRIERS DES PRÉSIDENCES DE L'UNIVERSITÉ DU MAINE, DE PARIS 11, DE MONTPELLIER 3, DE PARIS 8.

Lettre ouverte des présidents d'université

Plusieurs présidents d'université (dont Anne Fraisse, présidente de l'Université Montpellier III et Lise Dumasy, présidente de l'Université Stendhal) ont déjà signé le texte ci-dessous, à la suite de la notification par le ministère de la dotation 2009 des établissements universitaires. 200 postes seront supprimés dans les universités, et la prétendue augmentation des moyens répartis est donc un trompe-l'oeil.


Quelles ambitions pour les universités ?
La dotation ministérielle pour le fonctionnement des universités (DGF) parvient ces jours-ci dans les établissements. Cette répartition vient dans la suite logique du budget pour 2009 présenté au parlement et en application de dispositifs nouveaux d'affectation des moyens de l'Etat aux universités qui, s'ils ont fait l'objet de plusieurs rapports, n'ont jamais été soumis aux avis de la communauté universitaire.

La somme qui est allouée permettra tout juste dans bien des cas de présenter un budget en équilibre pour l'année 2009, mais ce sera grâce aux crédits du plan réussite en licence.

Ainsi, par exemple à l'université Paul Valery (Montpellier 3) cette dotation prévoit une augmentation globale de 8%, la plus faible de toutes les universités, avec une DGF en baisse et des charges nouvelles (primes d'encadrement doctoral, allocations de recherche) compensées par une très forte augmentation du plan réussite en licence, puisqu'il est proportionnel au nombre des étudiants et à leur situation sociale, mais qui diminue d'autant la dotation générale. La conséquence de ce tour de passe-passe est que le plan réussite en licence devra servir au fonctionnement et que, plus un étudiant est en difficulté, moins le ministère estime qu'on doit chauffer les locaux, dépenser d'électricité, téléphoner, encadrer la recherche, etc.

Dans le même document le ministère annonce une vague sans précédent de suppressions de postes pour les 3 ans à venir , plusieurs centaines, par exemple 6 cette année ( enseignants ou BIATOS) à Paul Valery, université qui occupait le 70e rang parmi les universités les mieux « dotées » ! (12 suppressions à paris 11,…)

Les engagements du ministère allaient en sens inverse : à plusieurs reprises, la ministre avait affirmé la nécessité de rééquilibrer les dotations jusque là très défavorables aux universités de Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales. La dotation de 2009 revient sur cet engagement et pose la question de l'avenir de ces universités.

Le ministère s'était par ailleurs engagé à réduire les écarts de dotation entre les universités lancées dans une démarche de PRES ou de fusion, afin d'éviter le pillage des unes par les autres ; il n'en est rien et les projets fédérateurs de type « campus » s'en trouvent considérablement fragilisés.

Le rapprochement entre ces dotations budgétaires et la modification imposée (contre l'avis des organisations syndicales) du décret sur le statut des enseignants-chercheurs est éclairant. La « modulation » des services d'enseignement conçue pour l'essentiel à la hausse, permettra d'absorber les heures complémentaires que le ministère vise à inclure dans les services statutaires, ce qui revient à asphyxier toute recherche dans nombre de domaines LLASHS. Pour les BIATOS, cela remet en question l'existence même de certains services privés de moyens et de postes (et que dire des nouveaux services à développer : orientation active, stages, mobilité internationale, valorisation…) Quel double langage que d'affirmer vouloir améliorer et « universitariser » la formation des futurs enseignants (primaire et secondaire) en allongeant la durée des études d'un an au moins pour ces milliers de candidats…en diminuant globalement les moyens des universités censées les former aux disciplines, aux métiers et en les préparant aux concours !

Ce grand écart entre les proclamations et les actes, place les présidents d'université dans une position non prévue. IL n'est plus possible de réguler voire d'arbitrer au sein de chacune d'elles entre des laboratoires ou entre des formations. Les présidents sont, par ces avalanches de mesures non concertées et souvent désastreuses, sommés de choisir entre la solidarité avec la communauté universitaire ou la complaisance avec le ministère. Est ce cela l'autonomie ?