Questions de société
Lettre de la présidente du CNRS aux Directeurs d'Unités : un projet de

Lettre de la présidente du CNRS aux Directeurs d'Unités : un projet de "chaires CNRS"

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

Dans un courrier adressé aujourd'hui 17 mars à l'ensemble des Directeurs d'Unités de recherches (donc aussi aux Directeurs d'UMR), la Présidente du CNRS évoque les "grandes orientations" indiquées par la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche dans une précédente "feuille de route", et précise "les principes qui animent" pour les mois qui viennent la direction du CNRS et "quelques grandes orientations à débattre".

Parmi celles-ci, l'une intéresse au premier chef le statut des enseignants-chercheurs :


"Fluidifier les passerelles entre carrières de chercheurs et d'enseignants-chercheurs 

Le métier de chercheur, passionnant et prenant, est difficile dans la durée. Bon nombre d'entre nous peuvent souhaiter, à un moment ou un autre de leur carrière, participer à des activités autres que la recherche publique à plein temps.
Cela peut-être, par exemple, la recherche en  entreprise, la création de start-up, le management, l'enseignement. C'est ainsi que, d'ores et  déjà, 60% des chercheurs du CNRS exercent une activité d'enseignement. Nous proposons  donc de formaliser et faciliter davantage ces passerelles, en commençant par celles avec l'enseignement supérieur.  

Une idée intéressante pourrait consister à étendre, à d'autres communautés scientifiques, les  passerelles que les mathématiciens réalisent déjà de façon spontanée vers l'Université, après  un passage au CNRS, limité dans le temps, comme jeunes chargés de recherche.

Nous  proposons de formaliser ce concept, qui a fait la preuve de son efficacité (l'Ecole de mathématiques française est considérée comme la deuxième au monde) selon des proportions à définir suivant les communautés. Ce concept de "Chaire Junior CNRS" permettrait à un jeune qui a réussi à la fois le concours de recrutement national du CNRS et celui d'une  université, de consacrer le début de sa carrière principalement à un travail de recherche. Il se traduirait par une prise en charge, par le CNRS, du jeune enseignant-chercheur, lui assurant sa  rémunération, un soutien garanti pour le démarrage de ses recherches, une charge très allégée d'enseignement, une visibilité de son avenir au CNRS pour cinq ans (durée renouvelable une  fois), tout en lui garantissant son retour à son poste universitaire.  

Une procédure de "Chaires Senior CNRS", permettrait à des professeurs d'université confirmés de bénéficier de conditions similaires, renforçant ainsi l'attractivité de notre organisme pour les chercheurs de haut niveau.   

Les Chaires CNRS publieraient leurs productions scientifiques sous la double affiliation du CNRS et de leur université ou établissement d'appartenance. Nous sommes convaincus que l'instauration d'une telle fluidité passe par la compréhension de ce qu'elle recèle d'intérêts partagés et par l'acceptation d'une expérimentation avec les universités volontaires. Il va de soi que ceci passerait par des procédures légales à sécuriser afin de garantir l'alliance entre pérennité d'emplois statutaires et renforcement des flux de recrutements. Cette procédure, qui doit faire l'objet d'une concertation approfondie avec les universités, répondrait à ce que nous demande la Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à savoir : « dans le cadre du renouvellement des personnels des universités et du CNRS, » s'attacher « à définir, dans le  cadre de procédures communes, les conditions de recrutement d'une certaine proportion  d'enseignants-chercheurs de haut niveau, qui consacreront pendant plusieurs années l'essentiel de leur activité à la recherche ». 

Lire ci-dessous le texte intégral de cette lettre (fichier pdf).