Questions de société
Lettre à Xavier Darcos, Citoyen, futur ancien Ministre de la République (pétition exigeant sa démission)

Lettre à Xavier Darcos, Citoyen, futur ancien Ministre de la République (pétition exigeant sa démission)

Publié le par Bérenger Boulay

À Xavier Darcos,
Citoyen, futur ancien Ministre de la République

http://www.shesp.lautre.net/spip.php?article43

Monsieur,

Le 12 février, sur la radio RMC, vous avez déclaré ceci :

Il n'y a « aucune raison aujourd'hui objectivement[de repousser la réforme de la formation et du recrutement desenseignants à 2011, comme le demande le bureau de la Conférence desPrésidents d'Universités]. D'ailleurs, on me dit "les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela"  ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd'hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi ,n'est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il atout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n'ai pas absolument besoin d'entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur . Je définis les concours dont j'ai besoin . Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterai . Après, chacun nous suit, ou pas. »

Ces propos sont inadmissibles.

Votre indifférence proclamée envers lesdemandes formulées par le bureau de la Conférence des Présidents desUniversités, par la Coordination Nationale des Universités, par desconseils d'administration, des étudiants, des enseignants et desenseignants-chercheurs, des associations d'universitaires, dessyndicats, des parents d'élèves est inadmissible.

Le cynisme avec lequel vous avouezouvertement que peu vous importe qu'il y ait ou non au sein du servicepublic des préparations aux concours de recrutement des enseignants duservice public est inadmissible.

Cette porte grande ouverte aux préparations par des organismes privés à ces mêmes concours est inadmissible.

Surtout, il est inadmissible que vous prétendiez être le recruteur, inadmissible que vous asséniez neuf fois en quelques phrases l'idée que c'est vous qui recrutez, vous qui définissez, vous qui avez besoin, et que ces concours sont les vôtres.

Monsieur, ces propos sont ceux d'unchef d'entreprise. Ils relèvent d'une logique qui est celle du privé.Mais vous n'êtes pas chef d'entreprise, l'école n'est pas une sociétépar actions dont vous seriez le président-directeur général. Vous êtes vous-même au service du recruteur et de l'employeur,qui ne coïncide pas avec votre personne, aussi remarquablepuisse-t-elle être : le recruteur et l'employeur, c'est l'ÉducationNationale, c'est l'école de la République, c'est l'école de tous lescitoyens, de tous les contribuables, de tous les électeurs, de tous lesparents d'élèves, de tous les habitants de ce pays. Vous n'êtes pasdoté des pleins pouvoirs. Vous êtes au service des citoyens de ce pays,vous êtes au service de la France.

Monsieur, ces propos vous disqualifient et vous déshonorent. Ils revèlent une confiscation de la res publica,de la chose publique, par un individu. Ils révèlent que vous vousconsidérez comme le dépositaire unique de la légitimité, dans undomaine qui relève de la volonté populaire. Ils révèlent que vousconfondez votre position actuelle de Ministre avec un pouvoir quepersonne n'a le droit de vous contester, un pouvoir absolu. Vos proposrappellent, Monsieur, le basculement de la démocratie vers unepersonnalisation tyrannique du pouvoir dont l'histoire a donné maintsexemples. Ils sont inacceptables pour tout républicain authentique, deJules Ferry au Général de Gaulle.

Vous ne tenez votre légitimité de Ministre, Monsieur, que de l'expression de la volonté populaire. Lavolonté populaire ne vous a pas donné mandat de détruire au nom de larépublique un système fondé sur les valeurs de la république.

Nous vous accusons, Monsieur,d'indignité républicaine. L'école n'est pas votre propriété. Par vospropos, vous vous êtes montré inapte à assumer vos responsabilitésrépublicaines et le mandat qui vous a été confié par le peuplefrançais. Vous avez révélé que vous méprisiez et ne compreniez pasl'essence même de votre fonction de Ministre.

En tant que citoyens, électeurs,contribuables, parents d'élèves, habitants de ce pays, nous nereconnaissons plus la légitimité morale et républicaine de la positionque vous occupez.

Nous exigeons votre démission.

13/02/2009 21:14