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Les Voyageurs du Rhin/The Pilgrims of the Rhine/Die Wanderer des Rheins (Mulhouse)

Les Voyageurs du Rhin/The Pilgrims of the Rhine/Die Wanderer des Rheins (Mulhouse)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université de Haute-Alsace)

(English version below)

Colloque international

Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 21-22 avril 2016.

L’objet de ce colloque est d’aborder le Rhin dans toute sa complexité. Peut-on d’ailleurs (du point de vue de l’imaginaire et du mythe, s’entend) parler du Rhin au singulier ? Si l’on en croit Wagner, il y aurait plusieurs Rhins. Et il va de soi que le Rhin allemand n’est pas le Rhin suisse, ni le Rhin alsacien. Le Rhin romantique, par ailleurs, n’est pas le Rhin humaniste. Sans compter que, si la région rhénane est un lieu de création et pensée, le Rhin est aussi un motif littéraire et artistique.

Parmi les aspects de l’ « histoire morale » (entendez : artistique, littéraire, intellectuelle, sociale, politique) du Rhin que ce colloque se propose d’étudier, voici quelques lignes de force (qui n’ont rien d’exclusif) :

1. Le Rhin des (pré-)Romantiques anglo-saxons nous semble un axe d’étude intéressant. Le fleuve, qui prend sa source dans les Grisons, en Suisse, et se jette dans la mer du Nord aux Pays-Bas, fait partie des routes des Tours, notamment parce qu’il faut le suivre pour se rendre en Italie, destination privilégiée des apprentis-peintres et plus tard des écrivains-voyageurs. Ann Radcliffe emprunte la route du Rhin en 1795. Elle se laisse impressionner par les châteaux sublimes et gothiques qui jalonnent les rives du fleuve, et s’imprègne de l’énergie mystérieuse et inquiétante de ses eaux rhénanes. Dans son journal, elle dit avoir l’impression de plonger dans l’immensité de l’au-delà (Ann Radcliffe, Journey Made in the Summer of 1794, through Holland and the Western Frontier of Germany with a Return down the Rhine, 1795). Byron, lui, a contribué à forger l’imaginaire du fleuve en magnifiant, dans le Childe Harold’s Pilgrimage, la « maternal nature » qui environne le « majestic Rhine ». Quant à Mary Shelley, elle évoque dans Frankenstein (1818) le paysage rhénan, ses forêts impénétrables et ses collines pourtant aimables.

2. Les représentations du Rhin alsacien nous intéresseront également. Si les Romantiques français se laissent saisir par le mythe rhénan, ils s’occupent moins volontiers de l’Alsace. Il se développe pourtant en France une mode des voyages pittoresques soutenue par un souci de sauvegarde du patrimoine. Le Baron Taylor et Charles Nodier se chargent de diriger les monumentaux Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (vingt-quatre volumes organisés par régions et publiés entre 1820 et 1878). Mais de l’Alsace, il ne sera pas question dans cet ouvrage qui se veut pourtant complet. C’est peut-être que l’identité nationale et linguistique de la région est difficilement définissable.

3. L’Alsace, pour autant, n’est pas absolument laissée pour compte. Strasbourg, notamment, est au cœur des voyages rhénans de Nerval et de Victor Hugo. La cathédrale de Strasbourg, cet édifice construit par l’homme et pour Dieu, devient une sorte d’idéal romantique. Il est intéressant d’observer comment le voyageur travaille à cerner l’identité d’une région transfrontalière vouée à l’ambivalence. Les villes, les cathédrales, les récits de voyage, même, tout semble se refléter dans les eaux du fleuve. Le Rhin (1842), de Victor Hugo, est à la fois un texte-frontière et un récit-fleuve. L’Ill, dont les rives sont peuplées d’édifices, y est comparée au Rhône. Quant à Nerval, il voit dans les eaux du Rhin l’image fidèle de l’état religieux des pays que le fleuve traverse. À Bâle, les eaux sont pures, tandis qu’à Strasbourg, cette « métropole chrétienne, le Rhin n’a plus que des flots dégénérés. » (Lettres d’Allemagne, p. 895.)

4. Il va de soi que le Rhin est à la fois l’épine dorsale de l’Europe unie et la ligne de fracture autour de laquelle s’opère la négociation conflictuelle des identités française et allemande. Le Rhin attire le voyageur français parce qu’une fois qu’on l’a traversé, on est sur « la terre de Goethe et de Schiller, le pays d’Hoffmann, la vieille Allemagne, notre mère à tous !... Teutonia » (Nerval). Le Rhin, que Lamartine nomme le « Nil de l’Occident » (car le voyage sur le Rhin, comme le voyage en Orient, dont il est en quelque sorte l’image inversée, est un sous-genre du voyage romantique), fonctionne comme un axe de symétrie : tant qu’on est du côté français, on rêve à l’Allemagne, une fois en Allemagne, on réfléchit sur la France, sur son destin, sur son identité. Les habitants des villes frontalières françaises parlent allemand, et ceux de Baden parlent français. Kehl (« comme toutes les villes étrangères qu’avoisinent nos frontières ») est une ville française et Strasbourg est allemande – c’est du moins l’avis de Nerval. Cette zone d’entre-deux intéresse même Fenimore Cooper, qui observe comment des peuples différents coexistent sur un terrain commun. Il veut recueillir en Alsace et sur le Rhin des savoirs sur les modes de gouvernement, afin de préparer l’avenir des États-Unis. Mais le fleuve, qui devrait relier les nations, et les unir, est devenu une zone de conflit et de renégociation des limites nationales. Hugo le déplore : « Le Rhin est le fleuve qui doit […] unir [l’Allemagne et la France] ; on en a fait le fleuve qui les divise. » Sentiments nationaux, croyances, sensations se mêlent dans les eaux du Rhin, qui tiendra une place importante dans la littérature et la presse des années 1840. La « Querelle du Rhin » est aussi bien littéraire que politique ou militaire.

Bien sûr, le corpus d’étude de notre colloque ne se limitera aux représentations romantiques du Rhin. Voici quelques-unes des questions auxquelles nous aimerions trouver des commencements de réponse :

1. Que reste-t-il du Rhin humaniste dans la vision romantique du fleuve ?

2. La région rhénane est l’un des berceaux de l’humanisme. Mais comment les humanistes (se) représentent-ils le fleuve ? Quels sont les contours de l’imaginaire humaniste du Rhin ?

3. Qu’en est-il du Rhin à l’âge classique, puis au siècle des Lumières ?

4. On connaît le Rhin d’Apollinaire (qui mérite d’ailleurs d’être réétudié). On connaît moins bien le Rhin « dans quoi se peignent les ensorcelantes filles aux blonds cheveux sans fin » d’André Breton et de Max Ernst. On connaît peu celui d’Aragon (« Dans le Rhin noir pleuraient des filles-fées » ; « Tu iras en Syrie ou sur le Rhin »), ou celui de Michaux, qui raconte son expérience de la contemplation du fleuve dans un texte intitulé Les Fées du Rhin. Or, on remarque (à première lecture du moins) une étonnante unanimité dans le réinvestissement par la poésie moderne des topoï du Rhin romantique.

5. Le Rhin des romanciers constitue également un sujet de recherche d’une grande richesse, depuis The Orphan of the Rhine (1798) d’Eleanor Sleath jusqu’à Jean-Christophe (1904-1912) de Romain Rolland (et au-delà, bien sûr), en passant (entre autres) par Fa dièse (1834) d’Alphonse Karr, The Pilgrims of the Rhine (1834) d’Edward Bulwer-Lytton, The Kickleburys on the Rhine (1850), où Thackeray tourne en dérision la mode du voyage rhénan, et Die Wacht am Rhein (1902) de Clara Viebig.

6. Les communications sur le Rhin des peintres (celui de Turner, de son Arc-en-ciel – Vue du Rhin et de son Rocher de la Lorelei, celui de Macke et de ses Pêcheurs sur le Rhin, celui d’Henri Fantin-Latour et de Siegfried et les filles du Rhin) seront également les bienvenues, comme celles sur le Rhin des musiciens (on pense évidemment à L’Or du Rhin de Wagner, mais aussi aux Chants du Rhin de Bizet, à Schumann – Sonntags am Rhein, Auf dem Rhein, Der Deutsche Rhein, « chant patriotique » –, et à tant d’autres).

Plus théoriquement, nous aimerions aborder les questions suivantes :

1. Le voyage est-il un nomadisme ? Il nous semble que le Français qui voyage en France se comporte en nomade, dans la mesure où il se déplace sans quitter son territoire (Deleuze). Les voyages intra muros de Gautier l’oriental sont de ce point de vue très intéressants. Si Gautier ne s’enthousiasme guère pour le gothique alsacien, qui éveille chez lui une forme de mélancolie, c’est qu’il ne parvient pas à oublier les « purs chefs d’œuvre du génie grec dorés par le soleil de l’Attique ! ». Son enthousiasme pour les cathédrales s’est changé en « admiration douloureuse ». Devant celle de Strasbourg, il note : « quel élancement rigide dans ces nervures fuselées qui montent grêles et droites ; quelle tristesse glaciale, quelle ombre noire sous les ogives du cloître! » (Quand on voyage.)

2. Qu’en est-il par ailleurs du voyage engagé ? Le même Gautier change de ton dans ses Tableaux de siège (1871), alors que l’Alsace est pilonnée par l’artillerie. Il se souvient avec émotion de son « vieil ami le Münster [...] élançant vers le ciel, avec la foi des anciens jours, sa flèche vertigineuse ». Le paysage est à la fois pittoresque et nostalgique, Gautier, en temps de conflit, défend la région disputée dans ce qu’elle a de plus (stéréo)-typique et de plus immuable : « Les cigognes s’envolaient, les pattes tendues en arrière, comme sur la vignette des livres de Delalain ». Gautier, le voyageur amoureux des caprices et des zigzags, fait l’éloge de la fixité monumentale afin de défendre le pays, et décide de vouer un culte à « une nouvelle Madone, la Statue de Strasbourg ».

3. Mais le voyageur bourgeois, poussé par une hypocrite mauvaise conscience de citadin à la fois timoré et nostalgique, ne pratique-t-il pas une pseudo-errance ? Le poète, lui, voyage en esprit avant de voyager physiquement. C’est que, sur les bords du Rhin, il part à la recherche des mythes et des légendes. La Lorelei ne fascine pas seulement les bateliers d’Henri Heine, mais aussi Nerval, qui intitulera Lorely sa fiction viatique rhénane. Le voyageur ne construit pas une Bildung, son trajet n’est pas voué à la ligne droite, il s’abandonne aux méandres du fleuve, car il est à la recherche d’une culture qui échappe au rationnel. Sa parole « essentiellement errante […], toujours hors d’elle-même » pénètre, pour paraphraser Blanchot, dans le domaine de la Lorelei.

Cette liste, bien sûr, n’a rien d’exclusif. Notre idée est d’organiser un colloque consacré au Rhin, et en particulier au voyage rhénan, à ses modalités historiques et politiques, à ses motivations imaginaires et mythiques, à ses retombées littéraires et artistiques. Toutes les aires, toutes les époques et toutes les disciplines sont susceptibles de nous intéresser. Les communications relevant des domaines littéraire, artistique, historique, géographique et sociologique seront particulièrement les bienvenues.

Ce colloque se veut à la fois académique et artistique : l’organisation d’un événement musical est notamment prévue. D’autres propositions de cette sorte seraient examinées avec plaisir.

Les actes du colloque seront publiés à la fin de l’année 2016. Il sera donc demandé aux participants d’envoyer leur texte au plus tard un mois après le colloque (soit pour le 22 mai 2016).

Les propositions (d’une demi-page environ, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique) sont à envoyer à Nikol Dziub (nikol.dziub@uha.fr) avant le 31 janvier 2016.

 

Comité scientifique :

Laurent Berec (Maître de conférences, Université de Haute-Alsace)

Guy Ducrey (Professeur, Université de Strasbourg)

Nikol Dziub (Docteur, Université de Haute-Alsace)

Matthieu Freyheit (Maître de conférences, Université de Lorraine)

Maxime Leroy (Maître de conférences, Université de Haute-Alsace)

Peter Schnyder (Professeur émérite, Université de Haute-Alsace)

Frédérique Toudoire-Surlapierre (Professeur, Université de Haute-Alsace)

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International Symposium

The purpose of the symposium is to understand the complexity of the Rhine. There are several Rhine(s). The German Rhine is very different from the Swiss Rhine, or from the Alsatian Rhine; the Romantic Rhine is very different from the Humanistic Rhine. Moreover, the Rhine is as well a place of creation and thought as a literary and artistic motif.
We would like to study the artistic, literary, intellectual, social and political history of the Rhine. Here are some of the topics we would like to discuss (of course, a lot of other topics may interest us):

1. The Rhine of (pre-)Romantic Anglo-Saxons seems to be an interesting topic. The river, which originates in the Grisons, Switzerland, and empties into the North Sea, in the Netherlands, is one of the Tourists’ favorite roads. Ann Radcliffe travels along the Rhine in 1795. She is deeply impressed by the sublime and Gothic castles, and is delighted with the mysterious power of the Rhine’s waters. In her diary, she writes that she has the feeling to dive into the immensity of the afterlife (Ann Radcliffe, Journey Made in the Summer of 1794, through Holland and the Western Frontier of Germany with a Return down the Rhine, 1795). Byron too magnifies the river. In Childe Harold’s Pilgrimage, he evokes the “maternal nature” that surrounds the “majestic Rhine.” And Mary Shelley evokes the Rhine landscape, its impenetrable forests and its pleasant hills (Frankenstein, 1818).

2. The representations of the Alsatian Rhine are also interesting. The French Romantics are fascinated by the Rhine myth, but Alsace does not really hold their attention. In the Picturesque Travels in Ancient France by Justin Taylor and Charles Nodier (24 volumes, 1820-1878), Alsace seems to be forgotten. The cause of this omission might be the fact that the national and linguistic identity of the region is difficult to define.

3. Alsace, however, is not absolutely forgotten. Nerval and Hugo evoke Strasbourg in their travel narratives. Strasbourg Cathedral becomes a Romantic Ideal. It is interesting to observe how the traveler is trying to understand the ambivalent identity of a border region. Cities, cathedrals, travel narratives: everything seems to be reflected in the waters of the river. The Rhine (1842), by Victor Hugo, is both a border-narrative and kind of a roman-fleuve. Hugo compares the river Ill to the river Rhône. As to Nerval, he sees in the waters of the Rhine the reflection of the religious state of the countries the river flows through. In Basel, the river’s waters are pure, but in Strasbourg, the “Christian metropolis”, “the Rhine waters are degraded.” (Letters from Germany, p.895.)

4. The Rhine is both the backbone of Europe and a conflict zone. The Rhine attracts French travelers, who want to cross it to discover “the land of Goethe and Schiller, the country of Hoffmann, the old Germany, our mother! ... Teutonia” (Nerval). The Rhine, the “Occidental Nile” (Lamartine), is an axis of symmetry: to be on the French side leads to dream of Germany, but once in Germany, the traveler dreams of France, and tries to understand its fate, its identity. The inhabitants of the French border towns speak German, and those of Baden speak French. According to Nerval, Kehl (“like all foreign cities near our borders”) is a French city, and Strasbourg is a German one. This in-between area even interested Fenimore Cooper, who wanted to examine how different peoples coexist, in order to prepare the future of the United States. But the river, which links and unites the nations, has become an area of ​​conflict. The “Quarrel of the Rhine” is a literary conflict as well as a political or a military one. Hugo deplores it: “The Rhine is the river which links [Germany and France]; now it is the river which separates them.”

Besides the purely Romantic representations of the Rhine, here are some topics which would be particularly interesting:

1. The Rhine region is one of the cradles of Humanism. But how do Humanists represent the river?

2. Do Humanistic representations of the Rhine inspire Romantic writers?

3. What about the Rhine in the 17th and 18th centuries?

4. Apollinaire’s poems that celebrate the Rhine are well-known, but deserve to be re-read. And almost nobody knows André Breton’s, Louis Aragon’s or Henri Michaux’s texts that evoke the river. We would be happy to know more about the modern representations of the Rhine.

5. The novels that evoke the Rhine (The Orphan of the Rhine (1798) by Eleanor Sleath, F sharp (1834) by Alphonse Karr, The Pilgrims of the Rhine (1834) by Edward Bulwer-Lytton, The Kickleburys on the Rhine (1850) by Thackeray, Jean-Christophe (1904-1912) by Romain Rolland...) could form an interesting corpus.

6. Papers about the pictorial representations of the Rhine (Turner, Macke, Henri Fantin-Latour...) as well as papers about musical evocations of the river (Wagner, Bizet, Schumann and many others) will be very welcome.

We also would like to discuss the following theoretical topics:

1. What are the links between travel and nomadism? A French traveler traveling in France is kind of a nomad, since he moves without leaving his territory (Deleuze). Gautier’s travels in France are particularly interesting. Gautier is not really enthusiastic about the Alsatian Gothic: he prefers the “pure masterpieces of Greek genius gilded by the sun of Attica!”. His enthusiasm for the cathedrals turned into “painful admiration.” He particularly deplores the “glacial rigidity” of Strasbourg’s Münster (Quand on voyage).

2. What about the “committed trip”? Gautier changed his mind about Strasbourg cathedral when artillery pounded Alsace. He evokes his “old friend the Strasbourg’s Münster” (Tableaux de siège, 1871), he celebrates the storks and the “new Madonna, the Strasbourg statue.”

3. The middle class traveler sometimes acts like a pseudo-wanderer. But the poet is sincere. His travel is spiritual as well as geographic. He travels along the Rhine in search of myths and legends. Die Lorelei fascinates not only Heinrich Heine’s boatmen but also Nerval and Apollinaire. The poet’s discourse, which is “essentially wandering [...]”, which is “always out of itself” (Maurice Blanchot), enters ​​the Lorelei’s field.

Of course, many other topics may interest us. Our idea is to organize a symposium on the Rhine, and particularly on the travels in the Rhine region, on their historical, political, mythical, literary and artistic grounds. All areas, all eras and all disciplines may interest us.
The symposium will be both academic and artistic: a musical event is planned. Other artistic proposals would be very welcome.

Colleagues are invited to submit proposals to Nikol Dziub, at the following email address: nikol.dziub@uha.fr. Proposals (about half-a-page long) should take the form of a short abstract (in English or French) and of a brief biography. Abstracts should be received by 31 January. The Proceedings of the symposium will be published in 2016.

Authors should therefore be prepared to send completed papers by 22 May.


Scientific Committee:

Laurent Berec (Lecturer, University of Upper-Alsace)

Guy Ducrey (Professor, University of Strasbourg)

Nikol Dziub (PhD Candidate, University of Upper-Alsace)

Matthieu Freyheit (Lecturer, University of Lorraine)

Maxime Leroy (Lecturer, University of Upper-Alsace)

Peter Schnyder (Professor Emeritus, University of Upper-Alsace)

Frédérique Toudoire-Surlapierre (Professor, University of Upper-Alsace)

 

 

Internationales Kolloquium

Das erste Ziel dieses Kolloquiums ist, den Rhein in seiner vollen Komplexität zu sehen. Ist es überhaupt möglich, vom Standpunkt der Fantasie und des Mythos, den Rhein als einheitlich zu betrachten ? Wagner's Meinung nach gibt es verschiedene Rheine. Der Rhein ist nicht der selbe Fluss, wenn er durch Deutschland, durch die Schweiz oder durch das Elsass fließt. Außerdem gibt es Unterschiede zwischen dem Rhein der Romantik und dem Rhein des Humanismus. In einem Land der Schaffung und des Denkens bietet der Rhein ein literarisches und künstlerisches Motiv.

Unter den verschiedenen Aspekten der « moralischen », das heisst der künstlerischen, literarischen, intellektuellen, sozialen und politischen Geschichte des Rheins die wie untersuchen möchten, kann man einige Leitlinien unterscheiden :

1. Der Rhein der angelsächsischen (Vor-)Romantiker bietet einen interessanten Schwerpunkt. Von Graubünden bis zur Küste der Nordsee in den Niederlanden, gehört der Rhein zu den berühmtesten Fahrten, weil man ihm folgen muss wenn man Italien erreichen will, dieses bevorzugte Ziel der jungen Maler und später auch der « Wander-Schriftsteller ». Auf dieser Fahrt entdeckte Ann Radcliffe im Jahr 1795 die großartigen gotischen Burgen, die den Rhein umrahmen, und die geheimnisvolle und erschreckende Kraft des Flusses, die sie so tief beeindruckte (Ann Radcliffe, Journey Made in the Summer of 1794, through Holland and the Western Frontier of Germany with a Return down the Rhine, 1795). Byron hat dazu geholfen, die Phantasiekraft des Flusses hervorzuheben, indem er in Childe Harold’s Pilgrimage die ausserordentliche Schönheit der « maternal nature », die den « majestic Rhine » umrahmt, erwähnte. Und wir wollen Mary Shelley nicht vergessen, die in ihrem berühmten Roman Frankenstein die Rheinlandschaft beschreibt, mit ihren tiefen Wäldern und trotzdem freundlichen Hügeln.

2. Die Darstellungen des elsässischen Rheins wollen wir auch in Betracht nehmen. Trotz ihrer Faszination für die Legenden des Rheins, interessieren sich die französischen Romantiker wenig für das Elsass, obwohl sich in Frankreich eine Mode der attraktiven Reisen entwickelt, sowie der Wunsch, das kulturelle Erbe zu retten. Baron Taylor und Charles Nodier leiten die Veröffentlichung der monumentalen Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France (vierundzwanzig Bänder zwichen 1820 und 1878 über verschiedene Regionen), aber vom Elsass ist keine Rede. Vielleicht scheint die nationale und sprachliche Identität der Region schwierig zu bestimmen.

3. Trotzdem wird das Elsass nicht ganz vergessen. Strassburg ist der Zentralpunkt der Reisen von Nerval und Victor Hugo. Das Straßburger Münster, dieses mächtige Gebäude das vom Menschen für Gott errichtet wurde, wird zum romantischen Ideal. Es ist interessant zu beobachten, wie der Reisende versucht, die Identität einer Grenzen-Region, mit ihrer Doppelkultur, zu verstehen. Die Städte, die Dome, die Reiseberichte sogar, alles scheint sich im Fluss zu widerspiegeln. Le Rhin (1842), von Victor Hugo, ist zugleich ein « Grenzen-Text » und ein « Fluss-Text ». Die Ill, mit den zahlreichen Gebäuden die sich an ihren Ufern erheben, wird mit der Rhône verglichen. Und für Nerval bietet das Wasser des Rheins das klare Bild der religiösen Lage in den Ländern die der Fluss durchquert. In Basel ist das Wasser rein, aber in Straßburg, dieser « christlichen Metropole, ist das Wasser des Rheins verdorben. » (Lettres d'Allemagne, p. 895.)

4. Selbstverständlich ist der Rhein zugleich das Rückgrat des vereinigten Europas und die Bruchlinie wo stets die Konflikte zwischen der deutschen und der französischen Identität verhandelt werden müssen. Der Rhein lockt den französischen Reisenden an, denn, sobald man ihn überquert hat, befindet man sich in « der Heimat von Goethe und Schiller, in dem Land von Hoffmann, in dem alten Deutschland ; Deutschland, unsere allgemeine Mutter, Teutonia ! » (Nerval). Der Rhein wird von Lamartine als « westlicher Nil » bezeichnet (weil die Reise auf dem Rhein das umgekehrte Bild der Reise auf dem Nil ist, und als Unterkategorie der romantischen Reise betrachtet werden kann). Der Fluss wirkt für ihn wie eine Symmetrieachse : wenn man auf dem französischen Ufer steht, traümt man von Deutschland, wenn man dann auf der anderen Seite ist, denkt man über Frankreich nach, über sein Schicksal, über seine Identität. Die Bewohner der französischen Grenzstädte sprechen deutsch, und diejenigen von Baden sprechen französisch. Kehl (« sowie alle ausländische Grenzstädte die nahe an Frankreich liegen ») ist eine französische Stadt und Straßburg ist deutsch, so meint Nerval. Diese Zwischenzone weckt sogar das Interesse von Fenimore Cooper, weil er dort beobachten kann wie zwei unterschiedliche Völker auf einem gemeinsamen Boden nebeneinander leben können. Er will im Elsass und am Rhein entlang verschiedene Regierungsformen untersuchen, um die Zukunft der Vereinigten Staaten besser zu bereiten. Aber der Fluss, der die Völker verbinden und vereinigen sollte, ist eine Zone geworden, wo Konflikte herrschen und wo die nationalen Grenzen stets von neuem verhandelt werden müssen. Hugo bedauert diese Lage : « Der Rhein ist der Fluss der Frankreich und Deutschland vereinigen soll ; man hat aus ihm den Fluss gemacht der sie trennt. » Nationalistische Gefühle, Glauben, Empfindungen vermischen sich im Wasser des Rheins, der einen herausragenden Platz in der Literatur und in den Zeitungen um 1840 einnehmen wird. Der « Streit um den Rhein » ist eine politische und militärische, ebenso wie eine literarische Frage.

Natürlich wird sich der Korpus unseres Kolloquiums nicht nur auf die romantischen Darstellungen des Rheins beschränken. Hier folgen einige Fragen, auf die wir eine Antwort finden möchten :

Was bleibt vom humanistischen Rhein in der romantischen Auffassung übrig ?

Die Region des Rheins ist ein Geburtsort des Humanismus. Aber wie stellen sich die Humanisten den Fluss vor ? Welches sind die Umrisse der humanistischen Rhein-Phantasie ?

Was stellt der Rhein vor während der Klassik und während der Aufklärung ?

Der Rhein von Apollinaire ist bekannt (obwohl man ihn von neuem studieren sollte.) Man kennt aber weniger den Rhein von André Breton und Max Ernst, « in dem sich die zauberhaften blonden Mädchen endlos kämmen ». Man weiß nicht viel über den Rhein von Aragon (« In dem schwarzen Rhein weinten die Fee-Mädchen » ; « Du wirst nach Syrien reisen, oder bis an den Rhein »), man weiß eben so wenig über den Rhein von Henri Michaux, der seine Erfahrung und seine Anschaung des Rheins erzählt (Les Fées du Rhin). Und doch merkt man eine erstaunliche Einigkeit wenn die moderne Dichtung die Topoï des romantischen Rheins von neuem besucht.

Der Rhein der Romanautoren bietet auch zahlreiche Forschungsgegenstände, zum Beispiel The Orphan of the Rhine (1798) von Eleanor Sleath, Jean-Christophe (1904-1912) von Romain Rolland, und noch weitere wie Fa dièse von Alphonse Karr, The Pilgrims of the Rhine (1834) von Edward Bulwer-Lytton, The Kickleburys on the Rhine (1850) von Thackeray, eine Persiflage auf die Mode der Reise am Rhein, oder noch Die Wacht am Rhein (1902) von Clara Viebig.

Die Mitteilungen über den Rhein der Maler (z.B. Turner, Regenbogen, Rheinansicht, der Loreleifels, oder Fantin-Latour, Siegfried und die Mädchen des Rheins), sind willkommen, sowie die Mitteilungen über den Rhein der Komponisten (Wagner selbstverständlich, Das Rheingold, oder die Chants du Rhin – Rheingesänge – von Bizet, Schumann, Sonntags am Rhein, Auf dem Rhein, Der Deutsche Rhein, und andere).

Wir möchten auch theoretische Fragen angehen :

1. Ist die Reise ein Nomadentum ? Der Franzose der in Frankreich reist scheint sich wie ein Nomade zu benehmen, in dem Masse, wie er wandert ohne seine Heimat zu verlassen (Deleuze). Die intra-muros Reisen von Gautier, dem Orientalischen, sind von diesem Standpunkt aus sehr interessant. Er begeistert sich nicht für die elsässische Gotik, die in ihm eine gewisse Wehmut erweckt, weil er die « reinen von der Sonne vergoldeten Meisterwerke des griechischen Geistes nicht vergessen kann ». Seine Begeisterung für die Kathedralen hat sich in « eine schmerzvolle Bewunderung » verwandelt. Als er vor dem Straßburger Münster steht, schreibt er : « Wie starr sind diese schmalen Rippen die so aufrecht in die Höhe springen ; wie eiskalt und traurig ist es unter dem schwarzen Schatten der Spitzbögen ! » (Quand on voyage – Wenn man reist.)

2. Was kann man übrigens über die engagierte Reise sagen ? Der selbe Gautier ändert seinen Ton in seinen Tableaux de siège – Bilder einer Belagerung- (1871), als das Elsass unter Trommelfeuer steht. Er erinnert sich mit Bestürzung von seinem « alten Freund, dem Münster, das seinen spitzen schwindelerregenden Turm in die Luft wirft und den Glauben der früheren Zeiten ausdrückt ». Die Beschreibung ist zugleich malerisch und sehnsüchtig. Während des Krieges verteidigt Gautier diese Region mit all ihren unveränderlichen Klischees : « Die Störche flogen mit ihren nach hinten gestreckten Beinen, wie sie in den Büchern von Delalain dargestellt werden. » Gautier, der Wanderer der die caprices und die zigzags so bevorzugt, lobt die monumentale Konstanz, um das Land zu verteidigen, und beschließt, « eine neue Madonna zu verehren, die Strassburger Statue ».

3. Aber vielleicht ist die Reise, für den reichen Wanderer, mit seiner bürgerlichen Heuchelei, zugleich ängstlich und sehnsüchtig, nur eine Pseudo-Heimatslosigkeit ? Der Dichter reist geistlich, bevor er körperlich reist, denn, an den Ufern des Rheins, ist er auf der Suche nach Mythen und Legenden. Die Lorelei fasziniert nicht nur den Schiffer von Heine, sondern auch Nerval, der seine Rhein-Fantasie Lorely betitelt. Der Reisende schafft keine Bildung, er geht nicht gerade aus sondern er folgt den Windungen des Flusses, denn er ist auf der Suche nach einer Kultur, die dem Rationellen entkommt. Seine « außer sich wandernde Sprache », wie es Blanchot sagt, « betritt das Reich der Lorelei ».

Diese Liste ist selbstverständlich nicht geschlossen. Unsere Idee ist, ein Kolloquium über den Rhein zu organisieren, und besonders über die Reise am Rhein entlang, ihre historischen und politischen Bedingungen, ihre Begründungen im Mythos und in der Phantasie, ihre literarischen und künstlerischen Auswirkungen. Alle Bereiche, alle Epochen und alle Fachgebiete interessieren uns. Die Mitteilungen im Bereich der Literatur, der Kunst, der Geschichte, der Erdkunde, der Soziologie werden besonders willkommen sein.

Dieses Kolloquium soll zugleich wissenschaftlich und künstlerisch sein : ein musikalisches Ereignis ist vorgesehen. Weitere künstlerische Vorschläge sind willkommen.

Die Protokolle des Kolloquiums werden Ende 2016 veröffentlicht werden. Die Teilnehmer mögen ihre Texte spätestens am 22. Mai zusenden.

Senden sie bitte ihre Vorschläge an folgende Adresse : Nikol Dziub (nikol.dziub@uha.fr) vor dem 31. Januar 2016 (eine Seite ungefähr mit kurzen bibliographischen Angaben).

Wissenschaftlicher Ausschuss :

Laurent Berec (Dozent, Universität Haute-Alsace)

Guy Ducrey (Professor, Universität Straßburg)

Nikol Dziub (Doktorin, Universität Haute-Alsace)

Matthieu Freyheit (Dozent, Universität Lorraine)

Maxime Leroy (Dozent, Universität Haute-Alsace)

Peter Schnyder (Emeritierter Professor, Universität Haute-Alsace)

Frédérique Toudoire-Surlapierre (Professor, Universität Haute-Alsace)