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Les tendances actuelles de la création calligrammatique, autour de l'oeuvre de Bruno Niver

Les tendances actuelles de la création calligrammatique, autour de l'oeuvre de Bruno Niver

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Nicole Biagioli)

Les tendances actuelles de la création calligrammatique, autour de l'oeuvre de Bruno Niver.

 

Modalités :

Lieu : UFR LASH, Université Nice Sophia Antipolis, CTEL,

Dates : vendredi-23 -samedi 24 septembre 2011.

Durée : deux demi- journées,  du 23 13h30 au 24 13h.

Langues : français, anglais.

Date limite de dépôt des propositions : 21 juillet 2011.

Les propositions ne devront pas dépasser 300 mots ou 2000 caractères espaces compris, leur titre aura un maximum de 150 caractères espaces compris, elles seront accompagnés sur un autre document de la présentation de l'auteur (fonction, institution, spécialité de recherche qui ne dépassera pas 60 mots ou 400 caractères espaces compris).

Elles seront envoyées simultanément à :

biagioli@unice.fr

elinaabs@yandex.ru

Les proposants recevront la réponse à leur envoi le 10 août 2011. Le nombre des communications sera limité à 12, mais une publication plus importante dans un numéro thématique de la revue en ligne Loxias pourra accueillir des contributions supplémentaires, après acceptation du comité scientifique de la revue.

 

Cadre théorique :

Depuis qu'il a été inventé par Apollinaire en 1918, le mot « calligramme », tout en permettant de mettre un nom sur l'antique pratique des « vers figurés » a ravivé les tensions internes à la création poétique, entre l'expressivité graphique et l'expressivité sonore, la mimesis et le lyrisme.

Le secret de la longévité et de l'adaptabilité du genre réside dans l'interrogation sans cesse renouvelée qu'il porte sur le trait, support commun à la peinture et à l'écriture, et sur la langue, grâce à la forme prégnante, interprétant universel seul en mesure de lutter avec l'emprise du sens textuel (Nicole Biagioli, Daniel Bilous, Lire le calligramme, Protée, vol.14, n°1-2, 1986).

Bruno Niver, artiste français qui vit à Moscou depuis les années 90, après avoir pratiqué le calligramme de façon transpositive, comme une redisposition spatiale de ses textes poétiques, a peu à peu évolué vers une immédiateté et un syncrétisme qui puisent leur source dans la nature bi-sémiotique de la lettre. Ce choix lui a permis de déployer les potentialités du genre, à la fois vers l'intersémioticité (multiplication des versions par le passage à la couleur, à la troisième dimension et au mouvement), l'interculturalité (jeu entre l'alphabet latin et l'alphabet cyrillique, et entre le français et le russe), et l'intergénéricité (tension entre le projet poétique et ses déclinaisons plastiques).

L'oeuvre de cet artiste, qui sera présent, servira de tremplin à une réflexion sur les tendances actuelles de la production calligrammatique.

Le renouveau du calligramme au début du XXe siècle a été relié à la « crise des arts plastiques et la nécessité d'un renouvellement poétique » et au souci d'intégrer dans une oeuvre d'art « la multiplicité de points de vue » (Nicole Marie Mosher, Le texte visualisé. Le calligramme de l'époque alexandrine à l'époque cubiste, New York, Peter Lang, [u. a], 1990). Mais le développement de l'art typographique n'y a pas été étranger (Anne-Marie Christin, L'Image écrite ou la déraison graphique, Paris, Flammarion, 1995).

Le XXIe siècle est l'ère du télescopage des cultures, de la littérature-monde et des technologies modernes qui minent la distinction entre texte imprimé et texte tracé. Le calligramme hérite de la « pensée de l'écran » propre à l'image et se positionne ainsi au coeur des pratiques intermédiales (Philippe Marion, synthèse du 5ème colloque du CRI, Montréal, Nouvelle sphère intermédiatique V, 2003). Il faut alors se demander si les créateurs trouvent en lui un moyen adéquat « non pas [pour] exprimer une culture, mais [pour] s'en arracher » (Michel Le Bris, Jean Rouaud (dir.) Pour une littérature-monde, Gallimard, Paris, 2007) ou, au contraire, pour mieux exploiter l'embrayage de la langue et la culture.

 

Pistes de travail :

La réflexion s'organisera autour de deux axes, que les communications pourront explorer séparément ou articuler, en se fondant sur une ou plusieurs oeuvres et/ou sur l'histoire contemporaine du genre, et en privilégiant les aspects intermédiatiques qui situent le calligramme à l'intersection de plusieurs sphères artistiques :

 

1 -Calligramme et nouveaux médias :

En restant dans le domaine des calligrammes artistiques (sans but commercial apparent), on pourrait réfléchir aux enjeux des nouvelles technologies (traitement de texte, mise en ligne, projection, création interactive sur site, etc.) :

- Quels effets les bouleversements technologiques de notre époque ont-ils sur les supports du calligramme ? Ont-ils modifié sa diffusion, ses pratiques ?

- Comment le calligramme s'est adapté à la multiplication des écrans dans notre quotidien ? La tactilité du doigt vient-elle se substituer à la tactilité de l'oeil ? La corporéité fait-elle retour par l'intermédiaire de médias réputés immatériels ?

- Comment le tracé pictural ou manuscrit, prolongement du geste corporel et de la personne de l'artiste, résiste ou à se repositionne dans un tel contexte ?

- Comment la création calligrammatique est-elle entrée dans l'ère de la création plurielle et interactive ? Existe-t-il des calligrammes collectifs ?

2- Une forme intermédiale dans un contexte interculturel et interlinguistique

En considérant les productions les plus récentes des artistes multilingues, on pourrait s'interroger sur la manière dont le calligramme permet aux artistes de visualiser le bruissement des langues:

 

- Quelle importance revêt la traduction dans le processus de production du calligramme depuis la conception jusqu'à la diffusion ?

 

- La multiplicité de points de vue revendiquée par les artistes du XXe siècle naissant, est-elle toujours d'actualité dans le calligramme ? Dépasse-t-elle les frontières entre langues et cultures ou reste-t-elle au sein d'un espace linguistique et culturel délimité ? Quel rôle joue en particulier les écritures non romaines : arabe, chinois, cyrillique et avec quels effets de défamiliarisation?

 

- Qu'est-ce qui demeure des « expériences singulières, c'est-à-dire socialement marquées » (Pierre Bourdieu Ce que parler veut dire. L'économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982, p. 16) qui motivent la création ? Le calligramme est-il conçu comme une expression des identités ou comme une invite au dialogue interculturel ?

Nicole BIAGIOLI, CTEL (Centre de Recherche Transdisciplinaire en Epistémologie de la Littérature EA 1758) Université de Nice-Sophia Antipolis

Elina ABSALYAMOVA, Faculty of Foreign Languages and Area Studies, Université d'état Lomonossov- Moscou.

 

- Quelles conséquences les bouleversements actuels ont-ils eux sur la réception ? Y a-t-il eu un renouvellement ou au contraire un affaiblissement ou une dilution des théories et des pratiques herméneutiques ? Parti du combat contre l'arbitraire du signe, le calligramme en serait-il arrivé à l'arbitraire de l'interprétation ?