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Journée d'études : "Les représentations artistiques du handicap aujourd'hui" (ENS)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marie Astier)

Journée d'études : "Les représentations artistiques du handicap aujourd'hui" 

 

12 avril 2018, ENS, Rue d'Ulm, Paris

 

PRESENTATION

23 novembre 1957 : loi sur le « reclassement professionnel des travailleurs handicapés », 30 juin 1975 : loi « d’orientation en faveur des personnes handicapées », 11 février 2005 : loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». L’intitulé des textes de loi régissant le champ du handicap est significatif de la représentation sociale qui y est attachée, à une période donnée.

En un demi-siècle, on est ainsi passé du travailleur à la personne, citoyen plein et entier. Ce changement de paradigme dans l’appréhension du handicap est étroitement lié au travail des collectifs ayant cherché à en offrir de nouvelles grilles de lecture, plus valorisantes, que les individus peuvent s’approprier pour donner sens à leur histoire.

Selon ce nouveau paradigme, le handicap est moins imputé aux déficiences et aux dispositions de l’individu qu’à des choix de société et à des représentations négatives. Dès lors, les politiques publiques ne visent plus la normalisation de l’individu, mais l’adaptation de la société de manière à ce qu’elle intègre les différences.

« La norme de référence n’est plus le valide, “l’homme moyen”, mais l’humanité dans sa diversité, soit un ensemble non homogène formant néanmoins une communauté indivisible. Le handicap comme catégorie de personne est alors invalidé. Selon l’approche universaliste, “nous sommes tous potentiellement handicapés” ».

Alors que la loi de 1975 faisait encore du travail un vecteur privilégié de l’insertion sociale, celle de 2005 prend en compte l’ensemble des domaines de la vie en société, notamment la pratique d’activités de loisirs et l’exercice des droits politiques, et s’engage dans une lutte contre les discriminations.

Débordant les cadres du médico-social, le handicap devient une question transversale, qui irrigue à peu près tous les secteurs de la vie publique, secteur artistico-culturel compris.

Le handicap est aujourd’hui de plus en plus présent dans le monde de l’art : des personnes en situation de handicap physique, sensoriel ou mental jouent dans des spectacles de théâtre, de danse ou de cirque, tournent dans des films, écrivent des livres… Après avoir longtemps été invisibilisé, le handicap est désormais visible.

Mais qu’est-ce qui est rendu visible et comment ? Dans la note d’intention de Rendez-vous gare de l’Est, spectacle écrit à partir d’entretiens menés avec une jeune femme maniaco-dépressive, l’auteur/metteur en scène Guillaume Vincent explique avoir fait le choix de ne pas « dresser le portrait d’une malade mais le portrait d’une femme vivant avec une maladie ».

Cette journée d’étude a pour ambition de dépasser le constat d’une montée en visibilité du handicap dans le champ artistique, pour interroger les modalités de cette mise en visibilité.

 

INFORMATIONS

La posture méthodologique envisagée est celle de la rigueur conceptuelle, de l’échange et de la co-construction. Chaque intervenant.e disposera de 20 minutes pour exposer ses résultats de recherches et ses hypothèses de travail (temps minimal pour ne pas être risquer des raccourcis préjudiciables à l’ambition de cette JE), puis de 20 minutes pour dialoguer avec la salle.

L’objectif de cette JE n’est pas de proposer une somme des travaux sur le handicap mais de poursuivre un mouvement de recherche sur la question des représentations artistiques du/des handicap(s), sur le modèle du courant anglo-saxon des Disability Studies qui approchent le handicap en se basant sur un paradigme non pas médical mais social.

En termes de méthodologie, les Disabilty Studies cherchent à associer les personnes concernées aux recherches menées sur elles, comme en témoigne le slogan de l’Union of the Physically Impaired Against Segregation (UPIAS) « nothing about us without us ».

La JE sera donc traduite en LSF (Langue des Signes Française) et filmée pour que les personnes sourdes et malentendantes et les personnes ne pouvant pas se déplacer puissent accéder et participer à la construction de ce nouveau savoir. Sur un tel sujet, les connaissances se bâtissent dans l’échange et naissent de la confrontation de points de vue.

 

PROGRAMME

9H00-9H15 : Accueil des participants
9H15 – 9H30 : mot de bienvenue et remerciements

9H30 – 10H10 : Anne-Lyse Chabert, Docteure en Philosophie : Qu’est-ce que le handicap ? Pistes de réflexion pour une nouvelle définition.

10H10 – 10H50 : Agnès Curel, Doctorante en Études théâtrales : Exhiber l'anormal ? Pratiques et imaginaires de la mise en scène des phénomènes de foire au XIXe siècle

10H50 – 11H10 : pause café

11H10 – 11H50 : Olivier Schetrit, Docteur en Anthropologie sociale : La place de la langue des signes dans les sphères sociale et artistique, enjeu de la culture sourde.

11H50-12H30 : Céline Lefève, Maître de conférence en philosophie de la médecine : Du monstre à la personne handicapée au cinéma.

12H30- 14H00 : Pause déjeuner

14H00-14H40 : Pauline Rousseau, Doctorante en Arts du spectacle : De la mort inévitable à la survie probable, impact de la trithérapie sur les représentations du sida dans la danse contemporaine. Étude comparée de Bill T. Jones et de Alain Buffard.

14H40-15H20 : Simone Korff Sausse, Maître de de conférences en Études psychanalytiques : l’Art Brut

15H20 – 15H40 : pause café

15H40 – 16H20 : Manon Worms, Doctorante en Arts du spectacle : Handicap psychique et prise de parole sur les scènes théâtrales d'aujourd'hui : figures de malades, figures de victimes ?

16H20 – 17H00 : Claire de Saint Martin, Maître de Conférences en Sciences de l’éducation à l’Université de Cergy-Pontoise : La pratique théâtrale, vectrice de l'éducation inclusive ?

17H00 – 17H30 : pause café

17H30 – 19H00 : : Marie Astier, doctorante en Arts du spectacle et comédienne : présentation d’une première étape de travail du spectacle Hors de moi d’après l’ouvrage de Claire Marin, suivi d’un échange avec le public.