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Colloque : "Penser et comprendre la bande dessinée : Gestes et BD" (Angoulême)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Denis Mellier)

Les rencontres d’Angoulême. Penser et comprendre la bande dessinée

"Gestes et BD"

 

28, 29 et 30 novembre 2018

Colloque organisé par la CIBDI et l’Université de Poitiers – MSHS Axe « Les Frontières du corps », Criham et Forell, avec le soutien de l’EESI et de Magelis, dans le cadre du programme INSECT, Innovation Sociale, économique et Culturelle dans des territoires en mutation (Grand Poitiers, Grand Angoulême, Région Nouvelle Aquitaine, CNRS)

 

PRESENTATION

Les gestes attendus et les gestes inattendus, les gestes intentionnelles, les gestes maladroits, les gestes mimétiques, les gestes démonstratifs, les mouvements du visage, des mains, des jambes, de tout le corps trouvent avec la bande dessinée un terrain particulièrement fécond, renforçant les codes de lecture et parfois les subvertissant.

Selon l’anthropologue Marcel Jousse, la plupart des gestes seraient des « Perles-leçons », autrement dit des formulations gestuelles qui se transmettent, alors que d’autres apparaissent spontanés. Parfois des gestes conventionnels, issus d’une tradition ou d’un apprentissage peuvent cohabiter avec des gestes presque instinctifs. Le langage de la bande dessinée donne sans aucun doute une grande expressivité au langage gestuel.

Les dix-sept cases montrant le capitaine Haddock cherchant à se débarrasser d’un sparadrap (L’Affaire Tournesol) sont sans aucun doute parmi les plus célèbres, mais il en existe d’innombrables. Un geste peut remplacer un énoncé, souligner un mot, contredire aussi le propos formulé par un personnage ou contenu dans une bulle. L’expressivité du langage des signes, à la portée universelle, peut s’y retrouver. Les gestes qui expriment la surprise, l’impuissance, la volonté  trouvent avec Le rendez-vous de Sevenoaks (Jean-Claude Floch’ et François Rivière, 1977) de bons exemples.

Semblant prendre le contre-pied, certaines cases ou planches font le pari inverse. Elles escamotent les gestes et présentent des personnages immobiles (le Dr Manhattan dans Watchmen). La révolte ou la contestation. Mis en contexte des gestes parviennent à exprimer l’enquête et le malheur (Art Spiegelman, Maus, 1986), la recherche existentielle (Marc-Antoine Mathieu, Julius Corentin Acquefacques, Prisonnier des rêves. L’origine, 1990), le savoir-faire d’artisans ou de libraires. Si des héros de papier comme Corto Maltese peuvent apparaître plus statiques, d’autres, en particulier la ribambelle de personnages  inventés par Franquin, semblent posséder une gestuelle qui les anime sous les yeux du lecteur.

Par commodité, sans doute est-il possible de distinguer trois grandes catégories :

    - Les gestes qui expriment l’attention, la solidarité, l’affection, la tendresse, l’interdépendance. Tenir une corde comme dans Le Sommet des Dieux de Baku et Taniguchi ou comme, plus classiquement, dans Tintin au Tibet insistent sur les liens qui unissent les personnages. Le geste peut-être sportif, culturel, amoureux, érotique à l’instar, pour ce dernier, des dessins de Guido Crépax. La caresse ou l’étreinte expriment l’attention, l’amour, la possession, mais parfois aussi des intentions ambivalentes. La bande dessinée de cape et d’épée et d’aventure regorgent de protagonistes qui tiennent presque tendrement leur arme : une épée, un sabre, un revolver. Mais l’inventivité des auteurs de récits graphiques ne connaît guère de limites. Ils mettent en scène aussi des gestes d’apaisement, de conciliation, de réconciliation…  voire de convivialité : fumer une cigarette, boire un verre de vin.

    - Les gestes qui repoussent et les gestes agressifs, y compris les gestes de défi,  mais aussi les gestes pathologiques, les tressaillements des aliénés, des blessés. Il faudrait également faire une place aux gestes d’impuissance, aux gestes de victoire. Dans les bandes dessinées dites historiques, les gestes qui expriment la violence, le combat et le massacre abondent. Des auteurs n’ont pas négligé les gestes de prédation sexuelle.

    - Les gestes symboliques, métaphoriques, artistiques, voire fantastiques. Les gestes des dessinateurs et des peintres, des danseuses, mais aussi des mages, sorciers et extraterrestres.

Les gestes sont des actions ou des réactions, ils situent le sujet dans le monde, ils les affectent mutuellement mais aussi, ils mettent en relation les individus entre eux, c’est pourquoi, on pourra s’intéresser, dans ce colloque, tout autant aux conceptions du geste chez un personnage, un genre, un corpus ou un auteur, qu’aux gestes eux-mêmes, dans un effort qui n’est pas l’appel à une typologie de la gestuelle mais plutôt à l’attention que l’on peut prêter aux traitements graphiques d’un mouvement, d’un geste, d’une attitude corporelle : toucher, danser, caresser, marcher, courir, bondir, tomber, voler, rire, pleurer, frapper, fuir, poursuivre…

 

RESPONSABLES

Frédéric Chauvaud (frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr) et Denis Mellier (denis.mellier@univ-poitiers.fr)

 

COMMUNICATIONS

Les propositions de communication (12 à 15 lignes) ainsi qu’une courte notice bio-bibliographie sont à adresser à Frédéric Chauvaud, Denis Mellier et Florence Cavin (florence.cavin@univ-poitiers.fr) avant le 6 avril 2018.

Les organisateurs prennent en charge l’accueil, l’hébergement, les repas et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.