Questions de société

"Les présidents d'université dénoncent l'état de tension sur les campus" (lemonde.fr, 6/1/9).

Publié le par Marc Escola

Dans une lettre à Sarkozy, les présidents d'université dénoncent "l'état de tension" sur les campus

par Catherine Rollot
LEMONDE.FR | 05.01.09 | 15h26  •  Mis à jour le 05.01.09 | 15h28

La Conférence des présidents d'université (CPU) monte au créneau. Dans l'après-midi du lundi 5 janvier, l'instance représentative de la communauté universitaire a adressé au président de la République une lettre ouverte intitulée "Chronique d'une crise annoncée dans les universités", dans laquelle elle demande à Nicolas Sarkozy d'"apporter des réponses précises et durables" et de "prendre le temps de la réflexion" sur un certain nombre de réformes en cours.

"Les universités débutent l'année 2009 dans un très grand état de tension et d'inquiétude", écrivent les élus de la CPU. Outre la grogne autour du budget 2009 et de la réforme du système de répartition des moyens, le mécontentement dans les universités se cristallise selon eux autour de trois autres dossiers "sensibles" qui risquent de "de mettre le feu aux poudres".

La modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs est sans doute la réforme qui suscite le plus d'inquiétude. Ce texte, qui est actuellement examiné par le Conseil d'Etat, est un bouleversement inédit depuis vingt ans. Dans le droit fil de la loi sur l'autonomie, le projet confie aux universités la gestion de la carrière des personnels. Pour ce faire, les professeurs, qui étaient peu évalués, le seront désormais tous les quatre ans par le Conseil national des universités (CNU), jusque là chargé de sélectionner les candidats au professorat.

Surtout, le projet modifie les conditions de travail des enseignants, vieux sujet de discorde avec le monde syndical. Pour la première fois, il les astreint à 1 607 heures d'activités : 800 heures liées à l'enseignement et 800 autres liées à des activités de recherche "soutenues et reconnues". Les universités signeront un contrat avec les professeurs et pourront moduler individuellement leur temps de service. Celui-ci pourra "comporter un nombre d'heures d'enseignement inférieur ou supérieur" aux 128 heures en fonction de la "qualité" de leur recherche. Ce point suscite les plus grandes réticences, notamment de la part du principal syndicat, Snesup-FSU, qui dénonce une conception "usurière" de l'enseignement supérieur.

ACCORD ENTRE LA FRANCE ET LE VATICAN

L'autre dossier qui préoccupe la CPU est celui de la formation des enseignants. Les présidents s'alarment de la "précipitation dans laquelle s'est engagée cette réforme" qui nécessite de remettre à plat les contenus des formations qui seront désormais dispensées par les universités.

Enfin, le récent accord entre la France et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes canoniques (théologie, philosophie, droit canonique) et profanes délivrés par les établissements d'enseignement supérieur catholiques, est perçue par la communauté universitaire comme un coup de canif dans les principes fondamentaux de la Constitution et de l'Université.

Cette lettre ouverte est la première initiative du nouveau bureau de la CPU, qui a été renouvelé le 18 décembre 2008. En juin, la nomination au cabinet de la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pécresse, de Thierry Coulhon, alors président de l'université de Cergy-Pontoise et vice-président de la CPU, avait posé, au sein de la communauté universitaire, la question de la capacité ou de la volonté de la CPU de se tenir éloignée du pouvoir politique.

Catherine Rollot