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Les possibles de la création contemporaine

Les possibles de la création contemporaine

Publié le par Marc Escola (Source : Cassie Bérard)

Les possibles de la création contemporaine

Colloque organisé par Sophie Létourneau et Cassie Bérard

Université Laval, Québec, 19-20 septembre 2013

 

Une grande mélancolie a teinté la création des vingt dernières années. Dans la mouvance du « retour au réel » (Hans Belting) qui a marqué les années suivant le formalisme et la postmodernité, on a vu la blessure définir la pratique artistique. C’est ainsi que, tant du côté des arts visuels que de la littérature, on s’expliquait les œuvres en se référant moins aux expérimentations formelles dont elles seraient le terrain (ou aux mélanges des codes dont elles seraient le support) qu’à l’épreuve traumatique dont les œuvres seraient la représentation impossible (Rosalind Krauss). De ce fait, le caractère « intime » de la littérature des années 1990 et 2000, les mots d’« autobiographie » et d’« autofiction » importent moins que la matière réelle sur laquelle se sont « cognés » les écrivains (Angot, Carrère, Delaume, Duras, Ernaux, Echenoz, Forest, Guibert, etc.). Posture mélancolique, également, que celle de la critique. Pour vraies qu’elles soient, les formules évoquant la béance du sens (« déconstruction », « écriture du désastre » et autre « mort de l’auteur ») ont longtemps rappelé aux littéraires qu’ils travaillaient en pure perte.

Il semblerait que, depuis la fin des années 2000, nous assistions à un tournant.

Si l’on pense à ce qui se passe au Québec, par exemple, le succès remporté par les « ovnis » depuis quelques années a secoué le milieu littéraire. Nikolski, Le jour des corneilles, Crimes horticoles, Du bon usage des étoiles, Arvida, Griffintown, Mayonnaise, La fiancée américaine : tous mettent en scène un imaginaire dense et un horizon épique qu’on avait cru disparu avec les années 1970. Une gourmandise encyclopédique, un pouvoir d’affabulation et une dimension héroïque caractériseraient les nouveaux êtres de fiction. Après des années de régimes formel, ironique et traumatique, l’imaginaire, la jouissance et l’abondance semblent se situer à l’avant-plan de la création contemporaine. Désormais, à l’impossible, nul n’est tenu.

Du côté de la critique, il y a un certain temps déjà que les travaux « symptomatiques » de Georges Didi-Huberman (en histoire de l’art) et ceux de Pierre Bayard (en études littéraires) incitent le spectateur et le lecteur à « ouvrir » l’œuvre à ses possibles. Et à rêver de quoi demain sera fait. Si la posture est ludique, l’intérêt est philosophique, car imaginer la suite est une forme d’éthique. L’échec de notre empathie, ainsi que l’écrivait Susan Sontag dans son essai Regarding the Pain of Others, sera celui de notre imagination.

Partant de l’idée que la nébuleuse imaginaire marquera les pratiques artistiques émergentes des années qui viennent et qu’une éthique de la littérature doit s’accompagner d’une pensée créatrice, nous vous proposons de rêver aux possibles de la création contemporaine. Plusieurs voies sont évidemment possibles. Qu’ils posent un regard sur les tendances qui se dessinent (nouvelles œuvres, nouveaux écrivains, nouvelles pratiques) ou qu’ils revisitent des œuvres connues dans le but d’en montrer les « ouvertures », qu’ils se penchent sur des œuvres qui se situent du côté de l’affirmation de la vie ou qu’ils se lancent dans un exercice de critique prophétique, les conférenciers sont appelés à se montrer créatifs dans la présentation qu’ils feront des enjeux qui animent la création contemporaine française, québécoise ou francophone; littéraire, cinématographique, plasticienne, musicale, photographique – ou autre chose encore.

 

Le colloque aura lieu à Québec, les jeudi 19 et vendredi 20 septembre 2013. Vous êtes invités à nous faire parvenir une proposition de communication de 250 mots ainsi qu’une courte notice biobibliographique (avec vos coordonnées et votre institution d’attache) avant le 5 avril 2013, à l'adresse suivante : cassie.berard@lit.ulaval.ca.

 

* Prenez note que, pour le moment, le colloque ne peut s’engager à rembourser les dépenses des participants.