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Les paroles d’élèves dans l’Europe moderne (XVe-XVIIe s.)

Les paroles d’élèves dans l’Europe moderne (XVe-XVIIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : Christine Bénévent)

Les paroles d’élèves dans l’Europe moderne (XVe-XVIIe s.)

L’enseignement scolaire à l’époque moderne a souvent été abordé du point de vue des savoirs dispensés, des techniques de transmission qui leur étaient associées ou encore de leurs effets sur le corps social (alphabétisation, confessionnalisation). Dans un tel contexte, le moment d’enseignement – surtout pour ce qui concerne les petites écoles – tend parfois à se réduire à une parenthèse coincée entre l’amont de la théorie et l’aval des résultats. S’il est envisagé – implicitement la plupart du temps – c’est surtout depuis la position du maître ou des prescripteurs de l’institution enseignante.

Pour cette raison, le LIXe Colloque international d’études humanistes du CESR sera consacré en 2016 aux pratiques d’enseignement dans l’Europe moderne, et concentrera l’attention sur les élèves et leurs manifestations vocales. Cette approche particulière répond d’une part au développement récent de l’intérêt des historiens pour ce paramètre de l’activité humaine (sound studies, performance practice studies). En outre, on assiste depuis quelques années à un accroissement de la prise en compte de la part vocale de l’enseignement scolaire, notamment chez les historiens de la pédagogie et des usages du livre. Leurs approches encouragent à s’interroger sur l’acquisition des savoir-faire (déchiffrement, lecture, maîtrise de son allure verbale…) indispensables à l’insertion dans une société irriguée par le flux de l’information oralisée. De plus, cette interrogation de la dimension sonore de l’enseignement scolaire incite à délaisser les abstractions (l’enfant, le maître) pour tenter d’en souligner les contingences linguistiques, culturelles ou sociales.

Les communications porteront sur les paroles d’élèves considérées tant dans leur état balbutiant qu’éduqué, qu’elles fussent discrètes (routines scolaires) ou mises en spectacle (théâtre de collège), policées ou révoltées (chahuts), déclamées ou chantées. Le champ de l’étude sera délimité par les institutions scolaires où se travaille l’articulation de la parole aux compétences de la lecture et de la rhétorique (petites écoles, collèges), ce qui n’inclut donc pas les universités. Sera également examinée l’instruction élémentaire prodiguée dans des cadres non scolaires (préceptorat, enseignement intra-familial).

La chronologie couverte par ce colloque s’inscrit dans la longue durée, en partant de la période marquée par la généralisation des collèges et le renforcement du maillage des écoles paroissiales pour parvenir jusqu’à celle du réformisme scolaire des Lumières. Les propositions de communication porteront ainsi sur des phénomènes soit circonscrits dans le temps, soit observables sur de longues périodes, en soulignant d’éventuels effets d’incrustation ou de mutation. Enfin, les propositions ne seront pas limitées au domaine français : celui-ci sera mis en regard avec d’autres régions de l’Europe moderne afin de proposer la définition de spécificités locales ou à plus grande échelle.

Suggestion de champs thématiques pour les communications (liste non exhaustive)

  • l’enregistrement de la voix enfantine dans les sources : typologie, lexicologie, modalités de restitution des paroles dans les témoignages écrits, approche critique ;
  • la voix de l’écolier : compréhensions et usages symboliques, influence dans la définition des genres et des âges, connotations théologiques et morales ;
  • la production vocale comme exercice scolaire (lecture, déclamation, catéchisme, chant…) : théories et usages ;
  • la voix et le corps : les paroles d’élèves au regard des transformations de la civilité et de la bienséance ;
  • les écoliers dans le paysage sonore (processions, offices fondés, tapages, désordres) ;
  • la parole comme facteur d’identité : la voix comme expression individuelle ou collective, et comme critère d’individualisation de l’enfant ; les écoliers dans le processus de confessionnalisation ; définition de cultures scolaires régionales ou nationales ;
  • les élèves comme personnages vocaux dans le théâtre, les recueils d’exempla ou les récits de fiction ;
  • la prise en compte de la « memoria » et de la « pronuntiatio » (qui correspondent à la « performance » orale de l’orateur) dans l’enseignement rhétorique.

Comité scientifique

Marie-Luce Demonet (CESR), Jennifer Richards (Newcastle University), Kate van Orden (Harvard University), Robert D. Black (University of Leeds), Thierry Claerr (Ministère de la Culture et de la Communication), Dominique Julia (CNRS-EHESS)

 

Organisation

Christine Bénévent (christine.benevent@univ-tours.fr)

Xavier Bisaro (xavier.bisaro@univ-tours.fr)

 

Page d’information sur le colloque

http://www.cantus-scholarum.univ-tours.fr/colloque-2016/

 

Soumission des propositions

Propositions de contribution (max. 2000 signes espaces comprises) et bio-bibliographie à adresser à Ch. Bénévent (christine.benevent@univ-tours.fr) et X. Bisaro (xavier.bisaro@univ-tours.fr).

Date limite de réception des propositions : 14 septembre 2015.