Actualité
Appels à contributions
 Les mystères urbains au XIXe siècle : circulations, transferts, appropriations  

Les mystères urbains au XIXe siècle : circulations, transferts, appropriations

Publié le par Marie-Eve Thérenty

 

Les mystères urbains au XIXe siècle : circulations, transferts, appropriations

Littérature, Histoire, Médias

 

Organisé par le centre de recherches RIRRA 21, université de Montpellier III

Avec la collaboration du

 Centre d’histoire du XIXe siècle, Universités Paris 1/Paris 4

et de Medias19

 

14 et 15 novembre (Montpellier), 16 novembre (Paris) 2013

 

Entre le 19 juin 1842 et le 15 octobre 1843, la France vit avec la parution des Mystères de Paris d’Eugène Sue dans le Journal des débats une véritable déflagration médiatique. Pour donner une idée du succès, on rappellera la célèbre boutade de Théophile Gautier : « Des malades ont attendu pour mourir la fin des Mystères de Paris ; le magique « la suite à demain » les entraînait de jour en jour, et la mort comprenait qu’ils ne seraient pas tranquilles dans l’autre monde, s’ils ne connaissaient pas le dénouement de cette bizarre épopée ». Le romancier saisi par l’abondant courrier des lecteurs qu’il reçoit, pris par le succès de son oeuvre, fait considérablement évoluer son récit et enrichit le roman des bas-fonds urbains et de la pègre destiné à la bourgeoisie d’une véritable réflexion sociale et politique. Le roman est publié en de multiples éditions, adapté sur scène et décliné en produits dérivés. Mais ce premier succès de masse de la littérature n’est pas seulement le phénomène médiatique le plus important que la France ait jamais connu à cette époque, c’est aussi un premier phénomène de globalisation culturelle. Dans les mois qui suivent sa parution en France, le roman est traduit dans de multiples langues et connaît un succès international de l’Europe du Sud à l’Amérique du Nord, de l’Europe du Nord à l’Amérique latine, en Russie, dans le Commonwealth et même finalement au tournant du siècle au Japon et en Chine. Ces traductions sont d’ailleurs très souvent déjà des adaptations. Mais surtout ce roman déclenche l’écriture sur tous les continents de centaines de romans dérivés, dont l’intrigue varie considérablement suivant les contextes locaux. On trouve bien sûr les Mysteries of London par Reynolds (1844-1848),  Los misteríos de Madrid de Juan Martínez Villergas (1844), The mysteries and miseries of New York de Ned Buntline (1848), Antonino y Anita ó los nuevos mysterios de Mexico d’Edouard Rivière (1851), Os Mistéros de Lisboa de Camilo Castelo Branco (1854), I Misteri di Roma contemporanea de B. Del Vecchio (1851-1853), plusieurs Mystères de Montréal dont ceux d’Hector Berthelot en 1892 ….  Au-delà de la reprise du titre, dans chacun de ces pays, apparaît une nébuleuse de romans articulant la question urbaine, la représentation du crime et l’exploration sociale. Ces romans participent aussi de la démocratisation de la littérature en étant généralement diffusés sur des supports à bon marché (journaux, penny blood, dime novels…) qui créent la possibilité de cultures véritablement nationales. Car beaucoup de ces romans en adaptant la matrice initiale de Sue à la situation du pays de réception et en l’hybridant aux traditions génériques de la littérature locale participent d’une réflexion sur la question de la nation.

 

Le congrès que nous proposons de tenir à Montpellier les 14 et 15 novembre et à Paris le 16 novembre 2013 souhaite étudier ce premier large phénomène de mondialisation médiatique. Cette manifestation est organisée dans la continuité d’une série de séminaires et de colloques conduits à Montpellier, à Mexico (2011) et à Québec (2012)… Il n’a donc pas vocation à reprendre l’exploration du corpus sous la forme d’une série de monographies mais bien à proposer une réflexion transversale et transdisciplinaire sur les processus de circulation, des transferts et de transformations des objets. Seront donc privilégiées, sans ce que cette liste soit limitative :

 

  • les communications qui proposeront un défrichage global des corpus encore inexplorés et notamment ceux d’Asie, d’Afrique, d’Europe de l’Est, d’Amérique latine… Les corpus français, grecs, scandinaves et canadiens ont fait l’objet de travaux spécifiques de l’équipe organisatrice du colloque qui sont en cours de publication sur le site medias19.org. Les corpus britanniques, étasuniens, espagnols ont été bien explorés par la critique. Dans cette catégorie, on évitera de proposer des communications monographiques portant sur une seule oeuvre ou se contentant d’exposer de manière non problématisée l’état bibliographique de la question sur un pays.

 

  • les communications explorant ces textes avec des méthodologies autres que littéraires. Les interventions d’historiens, de sociologues, de traductologues, de linguistes… seront particulièrement utiles et appréciées.

 

  • les communications proposant une contextualisation du phénomène et mettant en relation par exemple la production de ce genre avec la littérature d’enquête, l’émergence de la statistique sociale, la littérature panoramique, la pensée de la de la ville, de la pauvreté, des bas-fonds sociaux, ainsi que l’écriture du reportage.

 

  • les communications prenant en compte la dimension des transferts culturels et la circulation des objets matériels. Comment concrètement circulent ces textes ? Quel est le profil des passeurs culturels qui prennent en charge la traduction et l’édition des mystères urbains ?

 

  • les communications mettant en jeu des questions de méthode devant ce qui s’apparente déjà à une forme de littérature-monde ou traitant à une échelle globale ou locale la question de la définition du genre.

 

  • les communications transversales visant à comparer, à évaluer des corpus, à mettre en évidence la circulation, la transformation, l’appropriation de motifs urbains, criminels, sexuels, politiques, sociaux, raciaux ou l’hybridation des modèles génériques.

 

  • les communications portant sur les adaptations des mystères urbains du XIXe siècle au cinéma, à la télévision, en bandes dessinées  et réfléchissant à la transmodalité de ces récits urbains qui sont à l’origine de notre culture médiatique moderne.

 

Une page sur le site medias19.org (rubrique actualités) tiendra à la disposition des chercheurs intéressés une série de ressources à partir de janvier 2013.

 

Les langues du colloque seront le français et l’anglais (avec traduction écrite de la communication). La communication dans d’autres langues pourra être envisagée.

 

Le congrès prendra en charge l’hébergement et la restauration des chercheurs dont les communications seront retenues. En revanche, le budget du congrès étant limité, il faudrait d’ores et déjà penser à un financement des déplacements des communicants par leurs institutions de rattachement. En cas de problème, le comité organisateur du colloque est à votre disposition pour chercher des solutions.

 

Les propositions de communication (projet détaillé de 200 mots + bref curriculum vitae) sont attendues pour le 15 février 2013 aux adresses suivantes : marieeve.therenty@sfr.fr et dominique.kalifa@univ-paris1.fr

 

Comité scientifique : Paul Aron (FNRS, Université libre de Bruxelles), Georgia Gotsi (Université de Patras, Grèce), Micheline Cambron (Université de Montréal), Dominique Kalifa (université de Paris I-Sorbonne), Mathieu Letourneux (Université de Paris Ouest-Nanterre), Catherine Nesci (Université de Californie, Santa Barbara), Guillaume Pinson (université Laval, Québec), Corinne Saminadayar-Perrin (Université de Montpellier III), Laura Suarez de la Torre (Instituto Mora, Mexico), Marie-Ève Thérenty (Université de Montpellier III), Anne-Marie Thiesse (CNRS), Alain Vaillant (Université de Paris Ouest-Nanterre), Yoan Vérilhac (Université de Nîmes), Helle Waahlberg (Université de Montpellier III).