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Les modèles et leur transmission en science et en littérature au Moyen-Âge

Les modèles et leur transmission en science et en littérature au Moyen-Âge

Publié le par Amandine Mussou (Source : Giuseppe Sangirardi)

 

 

LES MODÈLES ET LEUR TRANSMISSION

EN SCIENCE ET EN LITTÉRATURE

AU MOYEN-ÂGE

Journée d’étude - 25 novembre 2011

à l’Université Paris Est Créteil,

Mail des mèches – Faculté de sciences économiques et de gestion, Rue Poète et Sellier, salle Keynes, 2e étage (Métro ligne 8, arrêt Créteil Université).

Quelle conscience eurent les auteurs médiévaux des cadres qui s’imposaient à leur réflexion et à leur création dans le domaine des sciences et de la littérature ? Comment la relation à une tradition s’établissait-elle dans ces deux domaines? Ce type de questions recoupe des sujets et des notions déjà explorés par l’historiographie et par la théorie littéraire plus ou moins récentes : le problème de l’autorité, celui de l’innovation, celui des « structures » ou des « paradigmes », tout comme les notions de genre et d’intertextualité; mais sa spécificité est de ne pas s’y réduire. Dans le domaine scientifique, la scolastique impose à la fois un jeu d’autorités (Aristote, Galien etc.), un cadre théorique et un mode d’argumentation qui semblent, à tort ou à raison, imposer à l’auteur un carcan. Il ne s’agit pas de tomber dans un nouveau structuralisme, au contraire, la question mérite d’être posée à partir de la subjectivité : elle vise à déterminer le degré de conscience qu’ont les auteurs et des hommes de savoir de leur marge de manoeuvre au sein des cadres qui s’imposent à eux. Ont-ils conscience de leur faculté de s’en écarter ? Et de quels indices dispose l’historien pour cerner cette « conscience » ? Dans le domaine littéraire la notion de modèle semble se réfèrer davantage aux auteurs (auctores) et aux textes qu’à des cadres conceptuels. « Tu es mon maître, tu es mon auteur » est la déclaration d’amour filial (impensable pour un écrivain moderne un tant soit peu ambitieux) que Dante, s’adressant à Virgile, hissait comme un drapeau sur le seuil de sa plus grandiose entreprise poétique, la Commedia. Si l’on reconnaît à cette position une valeur emblématique, on est amené à s’interroger sur le sens et sur la portée des processus de filiation littéraire de cette époque. La transmission des langages et des idées entre maîtres et disciples était-elle donc conçue comme la source principale du savoir et du prestige social qui lui est attaché ? N’y avait-il que d’heureux nains assis sur les épaules des géants de l’Antiquité ? Pourtant, les structures de l’allégorie appliquées à la lecture des textes classiques pour mieux détourner leur parole vers des effets d’écho du langage du présent semblent révélatrices d’une ligne de fracture entre les écrivains et leurs maîtres anciens. Les générations suivantes, à partir de Pétrarque, instaureront la philologie pour redresser l’axe de la filiation, en dégageant l’image des pères du voile dont les ont couvert les discours des héritiers. Naît alors la critique des sources, que Pétrarque fonde sur verisimilitudo et autoritas ; les auctores antiques (classiques et chrétiens) semblent devenir exemplaires en raison même de leur diversité reconnue (notamment par rapport aux tendances “scientistes” de la philosophie contemporaine que Pétrarque récuse). Aussi, de la vénération à la manipulation, de la critique à l’imitation, la palette des attitudes face à la question de l’héritage littéraire est assez large pour susciter l’interrogation. On y décèle autant de signes qui annoncent la modernité et ses conflits que de traces qui guident le chercheur vers la découverte de relations différentes, de postures aujourd’hui moins pensables.

Contacts :

Giuseppe Sangirardi, professeur de littérature italienne à Université de Bourgogne : giuseppe.sangirardi[AT]u-bourgogne.fr [AT]=@

Nicolas Weill-Parot, professeur d’histoire médiévale à l’UPEC et membre junior de l’IUF : nweillparot[AT]gmail.com [AT]=@

 

Entrée libre

Matin

         Présidence: Joahnnes Bartuschat (Université de Zurich)

         10h  Joëlle Ducos (Université Paris-Sorbonne/EPHE), « Nicole Oresme entre création et modèles dans la              traduction Du ciel et du monde »

10h30   Jean-Marie Fritz (Université de Bourgogne), « Evrart de Conty et les "philosophes anciens" dans le Livre des Echecs amoureux moralisés: entre allégeance et émancipation »

11h Pause

11h15 Oleg Voskoboynikov (École des hautes études en sciences économiques, Moscou), « Aristote au xiiie siècle : un modèle de sagesse ou un modèle de salut? »

11h45   Virginie Dumanoir (Université Rennes 2), « Modèles esthétiques : modèles éthiques ? Le Livre de bon amour de Juan Ruiz, Archiprêtre de Hita (xive siècle) »

12h15 Discussion

 

         12h45-14h15 Pause de midi

 

          Après-midi

        Présidence: Danielle Jacquart (Ecole pratique des hautes études)  

14h30 Jean-Pascal Pouzet (Université de Limoges), « Le modèle et ses ombres dans quelques textes anglais (xive-xve siècle) »

15h   Joël Chandelier (Université Paris 8), « Y a-t-il eu un modèle avicennien dans la médecine occidentale aux xiiie- xive siècles ? »

15h30 Pause

15h45  Johannes Bartuschat (Université de Zurich), « Traduire, adapter, commenter : autour des “volgarizzamenti” des textes latins en Italie (XIII-XIVe siècle) »

16h15  Matthieu Husson (EA 4116, EPHE), « Les genres littéraires comme outils d'innovation en arithmétique : le cas de la Tabula tabularum de Jean de Murs »

16h45  Nicolas Weill-Parot (Université Paris Est Créteil / IUF), « Innovation et science scolastique de la nature (v. 1260-v. 1320) : l’exemple de l’attraction magnétique »

17h15 Discussion

         17h45 Giuseppe Sangirardi (Université de Bourgogne), Conclusions de la journée

 

 

 

CRHEC

(EA 4392)

Centre Interlangues –Texte, image, langage (EA 4182)

   IUF