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Les Mille et une nuits et la créativité littéraire

Les Mille et une nuits et la créativité littéraire

Publié le par Sophie Rabau (Source : Aboubakr Chraïbi)

« Les  Mille et une nuits et la créativité littéraire »

 

Colloque international

 

Fès, 28-30 octobre 2009

 

 

 

 

Organisateurs :

 

 

 

 

 

 

Abderrahman Tenkoul, U. Dhar al-Mehraz, Fès                  Aboubakr Chraïbi, Inalco, Paris

 

 

 

Khalid Lazaare, U. Dhar al-Mehraz, Fès

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Argument :

 

 

 

Historiquement, les premières tentatives d'adaptation ou de recréation des Mille et une nuits coïncident avec les premières attestations de l'existence même du recueil de contes. Le livre semble avoir toujours cohabité avec ses doubles. Plus remarquable : dès que les Mille et une nuits se transportent dans une autre culture, elles y introduisent une nouvelle dynamique créative, de nouvelles versions, de nouveaux récits, voire une nouvelle littérature. Le phénomène se présente comme une constante à l'échelle internationale, observable en Orient, à partir du IXe siècle, puis en Occident, dès les débuts du XVIIIe. Il est de ceux qui facilitent l'appropriation des Mille et une nuits par les cultures les plus éloignées et qui contribuent, tout naturellement, à la constitution de référents et d'espaces communs, et brouillent au bout du compte, et à juste titre, les frontières habituelles.

 

 

 

Au point de départ, dans le domaine arabe, il y a par exemple la claire affirmation d'un libraire bagdadien, au Xe siècle, à propos de plusieurs lettrés qui ont pris en charge un texte en provenance de la Perse intitulé les Mille contes.  Leur objectif premier a été de l' « améliorer », de le changer, par conséquent de créer quelque chose d'autre tout en y restant attaché : qu'il s'agisse d'abord de lui trouver un nouveau titre, et ce sera les Mille et une nuits ; qu'il s'agisse ensuite d'en polir le style (et ils étaient nombreux à avoir tenté de le faire) ; qu'il s'agisse enfin, de manière plus radicale, d'en modifier de bout en bout le contenu, par l'apport d'une matière inédite. Le fragment sur papier le plus ancien de ces Mille et une nuits correspond moins, en effet, à un texte original (traduction arabe du modèle persan) qu'à une nouvelle élaboration : il est extrêmement proche, par les thèmes qu'il propose, de la nouvelle culture d'accueil, celle de l'Orient arabe du IXe siècle plutôt que de la vieille culture perse sassanide. Il ne s'agit pas d'une simple adaptation mais, visiblement, d'un travail de recomposition. Une réaction similaire se produira lors du passage des Nuits du domaine arabe vers d'autres régions du monde.

 

 

 

Du point de vue des textes médiévaux encore en circulation aujourd'hui, l'un des doubles les plus anciens des Mille et une nuits est sans doute le recueil (assez peu étudié aujourd'hui) des Cent et une nuits, dont la majorité des manuscrits semble d'origine maghrébine, et qui indique donc, à son tour, un mouvement de renouvellement et d'élargissement des Nuits, lors de leur passage cette fois de l'orient arabe vers son occident. Ce recueil a été traduit en français, avec d'excellentes notes critiques, au début du XXe siècle, par Gaudefroy-Demombynes (Paris, 1911, nombreuses rééditions, Sindbad-Actes Sud). Il a également été édité en arabe (Tunis, 1979). Il offrirait, selon certains critiques, un récit-cadre plus archaïque que celui des Mille et une nuits. En outre, comme les deux versions, les Mille et les Cent, possèdent un contenu tout à fait distinct au niveau des récits encadrés, on peut se poser la question suivante : lequel est finalement une création nouvelle ? Et selon quel dessein ? Ou bien encore ne seraient-ils pas tous les deux, plus vraisemblablement, des variations plus ou moins réussies autour d'un vieux texte désormais inaccessible, à l'instar de l'original persan ?

 

 

 

A une époque plus récente, mais toujours dans le domaine arabe, des nouvelles Mille et une nuits ont fleuri un peu partout, à la fois en langue arabe (Tawfik al-Hakim, Taha Husayn, Naguib Mahfouz, etc.), en langue française (Abdelkebir Khatibi, Assia Djebar, Rachid Boujedra, etc.), avec des enjeux tout à fait spécifiques, liés précisément à l'interaction de plusieurs périodes et de plusieurs cultures. Et si l'on quitte le domaine arabe, on constate que l'apparition des Nuits en Occident, avec la traduction française d'Antoine Galland, s'est accompagnée elle aussi de tous les phénomènes que l'on vient de décrire : depuis les nombreux « mille et un … », comme les Mille et un jours ou les Mille et une heures, en passant par la naissance d'un genre comme le « conte oriental » (voir les travaux de la nouvelle revue Féeries, sur le site feeries.revues.org ), et jusqu'aux nombreuses créations « inspirés » des Nuits (Jean Potocki, Nicolae Davidescu, John Barth, etc.). Il est toutefois manifeste que la réécriture des Mille et une nuits s'est le plus souvent dirigée, presque partout dans le monde, vers une réécriture du récit-cadre et l'usage de l'enchâssement, proposant invariablement, de Poe à Mahfouz, de nouvelles péripéties, de nouveaux dénouements. L'attention s'est naturellement portée vers l'un des personnages emblématiques et universels des Nuits : Shahrazâd. Elle a été plus ou moins modernisée. Elle a été ressentie tantôt comme une femme opposée aux abus des hommes (veine féministe), tantôt comme un acteur social opposé à une loi inique (veine politique), tantôt comme un artiste, un écrivain pré-moderne, qui risque dangereusement sa vie s'il déplaît, et qui se trouve opposé à un public passionné et cruel (veine esthétique).

 

 

 

En somme, l'objectif de ce colloque est de porter l'analyse sur deux fronts : d'une part, au niveau de textes entiers, qu'il s'agisse pour la période médiévale des textes créés directement autour des Nuits, comme les Cent et une nuits, ou bien pour, des périodes plus proches, des « inventions » auxquelles ont donné lieu les différents  « Mille et un … » , avec leurs matières nouvelles, plus proches finalement des attentes de leur lecteur-type (lequel ?) que des textes sources (lorsqu'ils existent et que l'on parvient à les identifier) ; d'autre part, au niveau d'une et une seule composante des Nuits, du seul récit-cadre (depuis l'épisode des maris trompés jusqu'à l'apaisement du roi), d'interroger les nouveaux récits ou représentations, romans, films ou autres, qui dans les différentes cultures, y compris dans le domaine arabe, ont composé quelque chose de neuf : d'autres schémas d'intrigue, d'autres configurations et d'autres issues au drame commun le plus significatif des Mille et une nuits.

 

 

 

 

 

 

Modalités de participation

 

 

 

Les personnes désireuses de participer sont priées d'envoyer le titre de leur communication, accompagné d'un bref résumé à Aboubakr Chraïbi  aboubakr.chraibi@free.fr et Khalid Lazaare khalaz9@yahoo.fr avant le 24 juillet 2009. Une circulaire comportant de plus amples détails sur l'organisation et les modalités de participation sera envoyée au début du mois de septembre 2009.

 

 

 

La durée de chaque communication sera de 20 minutes. Les langues officielles du colloque seront l'arabe, le français et l'anglais. Le papier de la communication, à remettre au plus tard en janvier 2010, ne devrait pas dépasser les 8.000 mots.

 

 

 

 

Les frais de transport et de séjour seront à la charge des participants.