Actualité
Appels à contributions
Les milieux du désir (revue La Deleuziana) 

Les milieux du désir (revue La Deleuziana)

Publié le par Marc Escola (Source : Jeanne Etelain)

(English version below)

 

Les milieux du désir

Appel à contributions

Revue à comité de lecture La Deleuziana

Éditrices : Jeanne Etelain, NYU University ; Anaïs Nony, Florida State University

 

Dans notre société actuelle, le désir prend la forme d’un monstre à deux têtes. La première tête est la recherche constante de la satisfaction immédiate, que ce soit par la consommation pornographique ou par le jeu des rencontres en ligne ; la seconde est la confiscation systématique du désir qui culmine dans la montée d’un état généralisé de dépression, d’anxiété et de perte d’estime de soi. Alors que la première s’installe dans ce qui pourrait être un aspect particulièrement plaisant des relations interpersonnelles, la seconde se déploie dans une réalité temporelle où les affects tristes prolifèrent au détriment d’un contexte marqué par la déresponsabilisation politique. Ainsi le désir est une bête bien étrange. Elle s’insinue dans les méandres de la vie quotidienne et se mécanise à mesure que nous nous reposons sur des suppléments artificiels. Cependant, le désir peut être compris autrement que comme un objet de possession ou un processus d’identification. Le désir pourrait être envisagé alors comme un espace de potentialités, une rencontre dans l’espace et le temps qui crée des flux et des sensations intangibles. Pour cette raison, le désir est une force multicentrique qui se situe dans le champ liminaire du devenir. Prêter attention au champ dans lequel le désir peut émerger signifie s’écarter de l’interprétation réductrice qui consiste à comprendre le désir soit comme un objet à posséder, soit comme un fantasme à assouvir.

À une époque où le futur paraît avoir perdu son potentiel collectif, le désir devient une plateforme interdisciplinaire pour traiter politiquement les questions d’activisme environnemental, de lutte sociale, de résistance intellectuelle et d’engagement artistique. Les enjeux politiques du désir sont ancrés dans notre capacité collective à investir le futur. Alors que le désir a longtemps été abordé à partir d’un cadre théorique partagé entre l’identification et l’objectification, ce numéro spécial pose la question suivante : qu’est-ce qu’un milieu désiré, désirant et désirable ? Les milieux du désir sont le champ à partir duquel des modes coopératifs d’investissement libidinal doivent être cultivés afin que le futur puisse continuer à tenir sa promesse d’un espace commun désirable. Pour cela, cet appel à contributions propose de réfléchir aux champs liminaires du désir dans les sociétés numériques contemporaines. Alors qu’aujourd’hui la majorité des relations sont contrôlées par des plateformes de communication qui transforment les relations à partir d’affordances computationnelles, ce numéro sur le désir souhaiterait interroger l’espace de rencontre nouvellement engendré ainsi que les opérations relationnelles que les structures algorithmiques anticipent pour nous. Ce qui est en jeu dans l’évolution de plus en plus effrénée de notre monde numérique est la possibilité même d’une approche créative, inventive, et par conséquent désirante, qui se saisisse des relations spatio-temporelles propres aux plateformes numériques.

Dans ce contexte, et considérant l’importance des nouvelles zones techniques d’intimité dans notre société contemporaine, ce numéro spécial vise à mobiliser des méthodologies et des cadres conceptuels divers, tels que les sciences de la communication et des médias, les arts du spectacle, la philosophie, les études coloniales, mais aussi l’histoire et la psychanalyse, pour nourrir les débats autour de l’importance du milieu désirant, désirable et désiré aujourd’hui. Grâce à l’examen de cet espace liminaire de rencontre, les milieux du désir, nous cherchons à susciter un débat interdisciplinaire sur le champ spatio-temporel à partir duquel divers processus désirants peuvent émerger. En tant que force déterminante du devenir-autrement dans le monde, le désir est la promesse d’une responsabilité politique nouvelle. Ainsi, la triade du désir - celle d’un milieu désirant, désiré et désirable – est un outil indispensable pour réévaluer les marges de possibilité restantes pour rendre compte des manières diverses, complexes et multiples de désirer l’être-ensemble.

Nous invitons les auteurs à soumettre une contribution entre 3000 et 3500 mots. Le journal accepte des textes en français, en anglais, en italien et en espagnol. Le format très court proposé vise à créer un espace ouvert à de multiples points de vue et à offrir une myriade de voix provenant de divers champs méthodologiques. Nous invitons les contributeurs à concentrer leur proposition sur une idée essentielle et à sa mise en œuvre méthodologique. Nous encourageons vivement les propositions qui développent des échanges interdisciplinaires entre universitaires et artistes. Nous encourageons également l’écriture à plusieurs mains.

Contact: milieuxofdesire@gmail.com

Nous vous encourageons à lire notre Code of Ethics et politique d’évaluation.

Calendrier :

  • 1er septembre : date limite d’envoi des propositions
  • 1er septembre – 1er octobre : lecture des propositions par le comité scientifique
  • 15 octobre : envoi des évaluations aux contributeurs avec, si nécessaire, demande de modifications
  • 15 novembre : date limite d’envoi des propositions corrigées
  • 15 décembre : épreuves finales
  • 30 décembre : publication en ligne

Contributeur confirmé : Maurizio Lazzarato, « De quelques ‘malentendus’ à propos du désir »

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Milieux of Desire

Call for paper

Peer-reviewed journal La Deleuziana

Editors: Jeanne Etelain, New York University; Anaïs Nony, Florida State University

 

In today’s society, desire is a two-headed monster. The first head takes the form of the constant drive toward quick satisfaction, whether via porn consumption or the online dating game. The monster’s other head is anchored in the systemic privation of desire culminating in the rise of a global state of depression, anxiety, and the tendencial fall of self-worth. While the former drive inhabits a very playful aspect of interpersonal relations, the latter state unfolds in a temporal realm where sad affects proliferate against the background of political de-responsibility. As such, desire is a strange beast. It resides in the meandering of daily life and becomes machinic the more we rely on artificial supplements. However, desire can also be understood as something other than an object of possession or process of identification. Desire could be addressed as a space of potentialities, as an encounter in time and space that creates fluid and intangible sensation. For this reason, desire is a multi-centric force that takes place in the liminal realm of becoming. To pay attention to the realm in which desire can emerge is to move away from the reductive understanding desire as either an object to be possessed or a fantasy to be fulfilled.

At a time where the future seems to lose its collective potential, desire becomes an interdisciplinary platform to politically address questions of environmental activism, social struggle, intellectual resistance, and artistic engagement. The political stakes of desire are anchored in our collective capacity to invest in the future. While desire has long been debated from a theoretical framework that oscillates between identification and objectification, this special issue asks: what is a desired, desiring, and desirable milieu? The milieux of desire become the realm from which cooperative modes of libidinal investment must be cultivated so that the future may continue to hold the promise of a desiring common ground. As such, this special issue will reflect upon the liminal realms of desire in today’s digital societies. While most of today’s relationships are monitored by communicative platforms that transform relations of desire based on computational affordances, this issue on desire is interested in questioning the newly engendered spaces of encounter as well as the relational operations though which algorithmic structures preempt our social interactions. At stake in our increasingly fast-paced digital world is the very possibility of a creative, inventive, and thus desiring approach to grasping the spatio-temporal relations of digital platforms.

In this context, and given the importance of newly technical zones of intimacy in today’s society, this special issue aims to engage diverse methodologies and conceptual framework, such as media studies, performance studies, philosophy, critical race studies, as well as geography and psychoanalysis to foster debates around the importance of desiring, desirable, and desired milieu today. By investigating the liminal space of encounter, the milieux of desire, we aim to open up an interdisciplinary debate on the spatio-temporal field from which diverse desiring processes can emerge. As the driving force of becoming otherwise in the world, desire holds the promise of a newly engendered political responsibility. As such, the triad of desire—its desiring, desired, and desirable milieux—is a critical tool to reassess the margins of possibility left to account for diverse, complex, and multiple ways of desiring being together in the world.

We invite authors to submit a contribution of between 3000 and 3500 words. The journal publishes articles in English, French, Italian, and Spanish. The very short format of the essay is aimed to create space for multiple points of view and to offer a myriad of voices from diverse methodological backgrounds. We invite contributors to center their proposition on a core idea and to focus on its methodology. We highly encourage submissions that develop an interdisciplinary exchange of ideas between scholars and artists. We also encourage co-authorship.

Contact: milieuxofdesire@gmail.com

We encourage you to read our Code of Ethics and politics of evaluation.

Timeline:

·       September 1st: Submission of a 3000-3500 word proposition

·       September 1st – October 1st: Peer-review process

·       October 15th: Evaluations and Results

·       November 15th: Submit final draft

·       December 15th: Final proof

·       December 30th: Online publication 

Confirmed contributor: Maurizio Lazzarato, “On Some ‘Misunderstandings’ About Desire”