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Les limites de l'acceptable (séminaire J.-P. Cavaillé)

Les limites de l'acceptable (séminaire J.-P. Cavaillé)

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Cécile Soudan)

"Les limites de l'acceptable" : Séminaire de Jean-Pierre Cavaillé, 2011-2012.

Séminaire EHESS, CRH, GRIHL, 2011-2012, sous la responsabilité de Jean-Pierre Cavaillé 2e et 4e lundi du mois, 17h-19h, 105 bd. Raspail, salle 4

 

Programme du premier semestre :

14 novembre, Jean-Pierre Cavaillé : Introduction générale et étude de cas : les « intégristes » au théâtre ; où est l'inacceptable ?

28 novembre, Jean-Pierre Cavaillé : Charron et La Rochemaillet, rendre La Sagesse acceptable.

12 décembre, Federico Barbierato : Tolérer ce que l'on ne peut accepter. Blasphème et athéisme dans la pratique judiciaire de l'Inquisition romaine au XVIIe siècle.

9 janvier 2012, Mathilde Bernard : Le refus de « parler chrétien » : dissidence d'un motif à travers La Farce de Maistre Pathelin, Pantagruel et le Cymbalum mundi.

24 janvier 2012, Nicole Gengoux : Dans quelle mesure l'athéisme est-il inacceptable chez l'auteur du Theophrastus Redividus et chez Spinoza ?

13 février 2012, Jean-Pierre Cavaillé : un cas d'acceptabilité restreinte, les recueils manuscrits de vers licencieux. Des Barreaux et ses amis.

 

Les limites de l'acceptable : Plusieurs années de réflexion, en séminaire, sur les cultures dissidentes dans l'Europe du début de l'époque moderne, nous ont conduit à développer une critique de l'histoire intellectuelle, religieuse, littéraire et culturelle reposant sur les présupposés de l'histoire des mentalités, qui érige le discours dominant à une époque donnée en pensée et sensibilité communes. Un moment déterminé de la culture serait ainsi caractérisé positivement par les énoncés publics récurrents dans la documentation et négativement par tout ce qui ne saurait être dit ou pensé par les acteurs (par exemple l'athéisme, la démocratie, etc.). Pour échapper à ce schéma binaire d'une histoire du dicible et de l'indicible, du représentable et de l'irreprésentable, et en fait du pensable et de l'impensable, du croyable et de l'incroyable sans nous cantonner à reconduire une histoire des institutions et des procédures de censure, nous nous sommes intéressés à la question de l'acceptabilité sociale des énoncés considérés à partir d'une conception interactionnelle des discours et de l'action. Nous voudrions poursuivre le travail initié l'année dernière sur cette question spécifique, en développant une approche théorique interdisciplinaire, conduite à travers des études de cas représentatifs des diverses modalités du clivage entre l'acceptable et l'inacceptable (les lieux, les situations, les temps, les personnes) et de différentes échelles d'analyse (les noms et les mots, les énoncés, les registres de langue, les langues elles-mêmes). Ainsi prendrons-nous en examen aussi bien des dénomination infamantes ou polémiques, des énoncés jugés inadmissibles ou intolérables dans l'absolu ou relativement aux temps et aux lieux (selon les partages du public et du privé, du sacré et du profane, de la solennité ou de la trivialité, etc.), des registres de langues jugés ou non acceptables selon les circonstances, des langues mêmes (latin et vernaculaires), selon les consensus ou les conflits autour de leurs statuts et de leurs fonctions. Nous serons particulièrement attentifs à la dynamique des conflits et des rapports de force, l'étude des processus à travers lesquels l'inacceptable devient acceptable et l'acceptable inacceptable dans ce qu'il est convenu d'appeler la sphère publique, en matière de discours et de représentations impliquant la religion, la politique et les moeurs. Ancrée dans nos travaux sur l'époque moderne, cette réflexion est inséparable de l'examen des processus de tolérance et de censure dans nos sociétés contemporaines.